Un procès très émouvant ponctué des révélations fracassantes
Le lundi 13 mars 2017, c’est un public très ému qui est sorti de la salle d’audience de la Cour d’Appel de Niamey où s’était déroulé le procès de l’affaire dite des bébés importés. Le témoignage de madame Leila Moctar a édifié l’assistance sur la pratique ignoble du commerce de bébés, ses ramifications et la portée criminelle de l’acte dans lequel s’est engouffré malheureusement plusieurs personnalités et moindres de ce pays. Dans ce dossier, les enquêteurs et les magistrats n’ont pas eu besoin d’un test ADN pour confondre les prévenus. Les témoignages de madame Leila Moctar et des accompagnatrices des supposés mamans auront suffi pour convaincre les enquêteurs, les juges et l’assistance que l’affaire dite des bébés importés est loin, très loin du dossier politico-judiciaire monté dans le but d’éliminer un homme mais qu’il s’agit d’un véritable crime dans lequel s’est empêtré des hommes et des femmes au Niger. Madame Leila, victime, a narré tout le processus, les premiers contacts avec les intermédiaires et tout le circuit de l’affaire ponctué d’opérations occultes et de sorcellerie payées à coup de millions jusqu’à la fausse maternité. Contrairement aux prévenus, elle, a su s’arrêter en chemin alors que les autres en toute conscience ont préféré aller jusqu’au bout. Les fausses déclarations de naissance établies sont des preuves de la préméditation du crime. Aucune des accompagnatrices n’a témoigné en faveur d’un accouchement à l’apparence normal. Même les avocats de la Défense qui ont annoncé officiellement leur retrait du procès qu’ils ont jugé inéquitable n’ont pas pu cacher leur émoi face aux révélations fracassantes.
Un verdict indulgent en comparaison de la gravité des faits
Six (6) mois, un (1) an et cinq (5) ans, la justice a été « très tolérante ». C’est la réaction qui fait l’unanimité dans les commentaires au sein d’une opinion nationale édifiée à plus d’un titre sur la gravité des faits reprochés aux prévenus après les révélations fracassantes lors du procès. « Je crois que la politique a influencé le verdict », déclare cet observateur au micro du Hérisson qui s’explique : « Moi je pense que c’est le contraire de tout ce qui se raconte qui s’est produit. S’il n’y avait pas de politiciens impliqués dans cette affaire, les sentences prononcées auraient été plus sévères et les prévenus auraient pris pour le restant de leur vie. La Défense doit se contenter des peines prononcées qui sont, à mon sens, satisfaisantes, que d’aller en cassation ». Avec des charges en bêton et des témoignages aussi accablants brandis lors du procès, la probabilité semble mince, très mince pour l’aboutissement d’un quelconque pourvoi. Mais peut-on empêcher au collectif des avocats de prévenus de s’offrir quelques honoraires supplémentaires, histoire de clôturer cette affaire en beauté.
La mort politique de Hama Amadou actée
Après la sentence de un (1) an de prison ferme prononcée le 13 mars 2017 par la Cour d’Appel de Niamey à l’encontre du Président du Mouvement Démocratique Nigérien pour une Fédération Africaine (MODEN/FA Lumana/Africa), les yeux de ses partisans sont orientés vers la cassation mais également vers l’avenir du Parti. Autant ils restent quelque peu sceptiques quant aux chances de leur idole de s’en sortir, au regard des charges et de « l’acharnement » dont il fait l’objet, autant ils sont désorientés et déboussolés dans l’idée d’imaginer l’avenir du parti sans Hama Amadou. « Je ne le (Hama Amadou) vois pas revenir au pays pour purger ses 8 mois de peine qui lui reste et refaire une certaine virginité » ; Dixit un analyste politique. Quelles sont justement les chances du challenger de Mahamadou Issoufou de se refaire une « virginité politique » ? Il n’y a pratiquement aucun. Avec, désormais, un casier judiciaire chargé, nul besoin pour la justice de s’encombrer d’une mention « déchu de ses droits civils et politiques » susceptible de susciter d’autres interprétations partisanes, Hama Amadou peut tout simplement dire bye-bye à la validation d’une éventuelle candidature aux élections dans ce pays. Au niveau du Hérisson, nous ne voyons pas comment l’affaire dite des bébés importés peut se décoller de « l’Exilé des bords de la Seine » nigérien.
Ibrahim Mohamed
Le Hérisson N°140