Burkina Faso : Ibrahim Traoré réaffirme sa vision d’une « révolution progressiste populaire »

À l’occasion de la traditionnelle montée des couleurs lundi 1er Avril 2025, le capitaine Ibrahim Traoré a réitéré avec fermeté la ligne directrice de son régime : "révolution progressiste populaire" où l'ordre et la discipline priment sur les libertés démocratiques. Dans un discours musclé, le président du Faso a insisté sur la nécessité d’ordre et de discipline pour mener à bien cette transformation nationale, tout en mettant en garde contre les « traîtres » et les « relais locaux de l’impérialisme ».

La révolution avant la démocratie
« Nous sommes bien en révolution progressiste populaire », a martelé le capitaine Traoré devant les forces armées et les autorités présentes. Pour lui, le Burkina Faso suit un processus qui, à terme, pourrait aboutir à la démocratie, mais qui, pour l’instant, exige une transformation radicale des structures politiques, économiques et sociales.
Le chef de l’État a exprimé son scepticisme à l’égard d’un développement immédiat sous un régime démocratique, affirmant que « la démocratie n’est que l’aboutissement » d’une révolution et non un modèle applicable dans un contexte de restructuration profonde.
« Il est étonnant que ceux-là mêmes qui sont censés être les intellectuels, qui ont fait l’école, pensent qu’un pays peut se développer dans la démocratie », a-t-il lancé, dénonçant le « libertinage d’action et d’expression » qui, selon lui, mène au désordre.

Ordre et discipline comme credo

Dans son allocution, Ibrahim Traoré a mis en avant la nécessité d’une rigueur absolue pour assurer le succès de la révolution. « On ne fait pas de révolution dans le désordre, c’est impossible », a-t-il déclaré, soulignant que seules la discipline et l’organisation permettront d’atteindre les objectifs fixés.
Il a exhorté les Burkinabè à s’approprier pleinement cette révolution, mettant en garde contre ceux qui embarquent « par opportunisme » et qui, tôt ou tard, finiront par être emportés par les « vents forts » du changement en cours.
« Nous sommes dans la tempête. Beaucoup ne tiendront pas, mais nous poursuivrons notre route vers des eaux plus calmes », a-t-il métaphorisé, insistant sur la nécessité d’une foi inébranlable dans le projet révolutionnaire.

Une lutte contre les « traîtres » et les influences étrangères
Le président du Faso a également profité de cette adresse pour dénoncer avec vigueur la présence d’individus œuvrant, selon lui, contre les intérêts de la nation. « L’ennemi sait recruter et il recrute encore des traîtres », a-t-il averti, pointant du doigt certaines figures au sein de l’administration, de la société civile et du monde politique. Il a promis une action ferme contre ces « valets locaux de l’impérialisme » qui, d’après lui, cherchent à saboter la révolution en cours.
« Nous serons impitoyables et sans état d’âme face à ceux qui veulent entraver le développement de notre patrie », a-t-il prévenu, annonçant que plusieurs arrestations avaient déjà eu lieu et que des enquêtes étaient en cours pour identifier d’autres agents de l’étranger.
Le président a mis en cause certains individus « travaillant pour des ambassades impérialistes implantées au Burkina Faso », laissant entendre que son gouvernement prendrait des mesures radicales pour contrecarrer toute tentative de manipulation extérieure.

Un avertissement aux déstabilisateurs
Dans un ton résolument offensif, Ibrahim Traoré a également évoqué les tentatives de déstabilisation dont serait victime le Burkina Faso. Il a comparé la situation actuelle aux tensions ayant précédé l’assassinat de Thomas Sankara en 1987, affirmant que les « manipulateurs » espèrent voir l’histoire se répéter. « Ils peuvent continuer à rêver, mais le Burkina Faso va poursuivre », a-t-il lancé, assurant que son gouvernement reste sur « le pied de guerre » face aux tentatives de subversion.
Il a exhorté la population à rester vigilante et à ne pas tomber dans le piège de la désinformation, dénonçant des campagnes de manipulation destinées à diviser les Burkinabè et à freiner leur marche vers l’autonomie et la souveraineté.

Le discours du capitaine Ibrahim Traoré confirme une fois de plus la ligne dure adoptée par son régime : une gouvernance placée sous le signe de la fermeté, une lutte contre toute opposition jugée néfaste et une vision d’un Burkina Faso souverain, affranchi des influences étrangères.
Dans ce contexte, la révolution annoncée par le président s’annonce comme un tournant décisif pour le pays. Entre adhésion populaire et critiques d’une gouvernance autoritaire, l’avenir du Burkina Faso sous la direction du capitaine Traoré reste un sujet de débats et d’interrogations. Seule certitude : pour Ibrahim Traoré, la révolution est en marche et rien ne saurait la stopper.

Ibrahim Issa (actuniger.com)