Dans une récente contribution: De l'OUA à l'UA Où va l'Afrique, j'avais défini les péripéties des différentes étapes ,les premières démarches et rencontres organisées hors du continent par nos précurseurs et qui ont permis au continent africain de se loger au sein d'une institution .Je ne m'étais pas intéressé aux détails mais j'avais néanmoins abordé les grandes dates et diverses manifestation qui allaient aboutir aux axes principaux qui ont conduit à l'OUA.
La fin de la deuxième guerre mondiale, avait permis aux panafricanistes de reprendre de plus bel les manifestations et les congrès, cette fois-ci en terre africaine, sur le continent pour se libérer du joug colonial. II s'agissait entre autre du Ghana cet ancien empire qui n'avait jamais accepté la domination coloniale C'est ainsi que des grands leaders comme le Dr Kwame N'KRUMAH, le nationaliste le Colonel Gamel Abdoul NASSER d'Egypte et tant d'autres avaient décidé de continuer la lutte sur le terrain. Ils décidèrent donc d'organiser la première Conférence Panafricaine d'Accra au Ghana en 1950.Les Congressistes se sont encore retrouvés pour continuer leurs travaux afin de préparer la grande rencontre, celle qui doit enfin aboutir à la mise en place d'un organisme d'union au niveau continental. Le Congrès de Kumasi avait déjà évoqué la création d'un espace militaire africain, mais le mot d'ordre était d'abord l'indépendance des pays africains encore sous domination coloniale. Ensuite l'unité s'en suivra. Voilà dans la logique du moment, les axes prioritaires pour le continent occupé. Tels étaient les objectifs que s'étaient assignés les délégués à cette rencontre tant attendue par tous les peuples africains avides de liberté et aspirant à un monde meilleur, à des lendemains plus enchanteurs.
En effet, l'Afrique exposée à tant de fléaux, n'avait d'autre choix que de se serrer les coudes pour susciter une cohésion et une vigilance accrues et soutenues. C’est pour quoi, les Chefs d'Etats des pays déjà indépendants: l'Egyptien Gamel Adbel NASSER, qui incarnait les Jeunes Officiers libres avaient pris le pouvoir en renversant la monarchie du Général NEGUIB ( et vainqueur lors des évènements du Canal de Suez en s'opposant aux armées impérialistes britanniques et Israéliennes) et le Premier Ministre Indien Jawahantal Nehru auxquels il faut ajouter le Chef d'Etat Indonésien SOEKARNO, représentaient une partie du noyau dur de ces revendications. Nous devons également reconnaitre la fermeté et l'apport non négligeable du Maréchal le Président Yougoslave Joseph Broz TITO qui avait combattu les armes à la main pour libérer son pays. II sera de la partie pour aider les peuples africains à recouvrer leur liberté. En 1958 deux grandes rencontres auront lieu l'un à Cotonou au Bénin ancien Dahomey et celui d'Accra au Ghana qui se complétaient parce qu'elles parce avaient comme objectif l'organisation des Etats africains indépendants ou en voie de l'être et qui tenaient à l Unité Africaine dans un continent fort et solidaire. Ces manifestations ont permis aux délégués des toutes les sensibilités politiques : Socialiste, Communistes et libéraux d'échanger sur le sort de l'Afrique. N'KRUMAH défendait l'Unité du continent avec toutes ses forces et invitait les participants qui étaient aussi à Cotonou dont SOUROU Migan Apity du Dahomey, Leopold Sedar Senghor du Sénégal à les rejoindre. II deviendront futurs Présidents de leurs pays respectifs. Etait aussi présent à cette rencontre historique Djibo BAKARY opposant charismatique leader incontesté du Sawaba une des figures emblématiques du Panafricanisme et de l'Unité totale et immédiate du continent.
L'AFRIQUE SUR LE CHEMIN D'UNE MUTATION POLITIQUE
Le moment est venu où haut et fort les tenants aux indépendances et adeptes de l'Unité Africaine répétaient que l'Afrique doit aspirer à la gestion de son propre destin. En effet, hommes politiques, syndicalistes et la jeunesse entendaient replacer nos peuples dans leurs droits Et l'année 1958 sera celle de la rupture avec le «Non de Ahmed Sékou Touré, syndicaliste et homme politique leader du RDA qui dira refusera l'offre du Général de GAULLE Président Français qui organisera un référendum. La Guinée quittera le pré -carré français pour s'acheminer vers une indépendance totale et immédiate. Le Président SENGHOR lui finira par voter Oui à l'indépendance dans la Communauté Franco Africaine avec plusieurs autres pays Au Niger le RDA va voter Oui soutenu par la France dans cette compétition du référendum au détriment du SAWABA de Djibo Bakary qui avait opté pour le NON De toutes les façons il y a eu une fracture au niveau des indépendances qui se traduira sur le terrain par les tenants d'une Afrique indépendante sans condition et dans
l'immédiat avec un gouvernement continental. Ceux-ci incarnaient les progressistes qui voulaient aussi une Afrique qui va décider seule de son sort à l'opposé il y avait les modérés qui aspiraient à une unité graduelle qui passerait par des regroupements régionaux UDEAC, UDEA,UAM , LE CONSEIL DE L'ENTENTE,OCAM,UMA,ect ...
Les uns et les autres tout en ayant en vue l'-indépendance et l'Unité du Continent se battaient pour aboutir à leur objectif. C’est ainsi que de réunions en rencontres, des ténors comme Modibo KEITA du MALI progressiste et combattant de première heure Ahmed Sékou TOURE, Ahmed BENBELLA étaient de tous les combats aux côtés de leurs pairs. L'Afrique état convoitée en ce moment là si bien que l'ex Président américain Richar NIXON revenant d'un voyage en Afrique au Ghana déclarait" Ce continent est la partie du monde qui actuellement, se transforme le plus vite, tandis que ses habitants se libèrent du statut colonial et endossent les responsabilités de l'indépendance, pouvant bien constituer le facteur décisif de la liberté et du Communisme international."Un point de vue émanant d'un Président des Etats Unis et de surcroît Républicain, prouve que les choses bougeaient en Afrique et que dans un proche avenir, les pays du continent allaient prendre en mains leur destin. Un signe annonciateur d'un avenir certain.
L’UNITE DU CONTINENT EST REALISABLE
En effet, au fur et à mesure que le temps avançait, les africains s'organisaient également pour atteindre leur objectif qui était l'Unité quel qu'en soit la forme qu'elle prendra. Mais cela n'était pas facile au regard des manœuvres sournoises que les relents de colonisation engageaient afin de diviser ou de retarder cette Unité. II aura fallu beaucoup de tact, de souplesse, d’intelligence et surtout de courage pour cela. Cependant, l’idée de créer une institution était tellement ancrée dans la tête de ceux qui tenaient à rassembler les peuples d'Afrique que l'espoir ne pouvait pas être vain. D’ailleurs bien avant la création de l'OUA il y avait eu de véritables tentatives de regroupements entre certains comme ce fut le cas en 1958 lorsque fut mise en place l'Union Ghana-Guinée-Mali, pays frontaliers qui voulaient mettre en commun leurs ressources en vue de les contrôler et de les gérer convenablement. Cette idée de vouloir mettre toutes leurs potentialités aussi bien économiques qu'humaines pour servir leurs populations avait été saluée par bien d'africains mais scellée seulement le 23 Septembre 1958, cette Union sera enterrée en 1960, 2ans après, laissant un goût amer à tous ceux qui espéraient que le Continent allait prendre son destin en charge Ces entraves émanaient des actions impérialistes pour empêcher à nos pays de trouver leurs marques pour décoller. La période était cruciale et propice aux africains pour se démarquer et se détacher de l'ancien colonisateur afin de trouver leur propre voie. Mais c'est ignorer la capacité de nuisance de ceux qui voulaient barrer la route du progrès de nos peuples qui possédaient des immenses richesses non encore exploitées. C’est ainsi qu'en 1959, le Niger, la Côte d'Ivoire, le Dahomey (actuel Bénin), la Haute Volta (actuel Burkina) et qui seront rejoints par le Togo vont créer l'espace dénommé Conseil de l'Entente qui résistera à l'épreuve du temps et des intrigues plus de 50 ans après. Nous devons cette œuvre aux Chefs d'Etats de ces pays fondateurs de cette organisation et qui étaient M HOUPHOUT Boigny de la Côte d'Ivoire Maurice YAMEOGO, M Hubert MAGA du Dahomey et Silvanus OLYMPIO du Togo. Mais nous devons cette résistance à tous les Chefs D'Etat qui se sont succédé en dépit des divers changements des régimes dans ces pays. En Janvier 1959, 4 Chefs d'Etats de l'Afrique Equatoriale Française, le Gabon, le Tchad, le Congo Brazzaville le Cameroun et le Centrafrique créent à Paris l'Union des Etats Equatoriaux (UEE).En 1962, ils décidèrent de la mise en place d'un Organisme Economique, l'Union de l'Afrique Equatoriale. Ce qui a fait dire au journaliste et écrivain Philippe DECRAENNE dans son livre "le Panafricanisme" que les 4 Chefs d'Etat voulaient tenir compte de la force psychologique qui s'en dégageait à un moment où l'on ne cessait de parler de l Union des Africains.
En 1960, également NOUS retiendrons que la création d'une compagnie aérienne Panafricaine AIR Afrique en vue de désenclaver le continent avait été accueillie avec ferveur. Mais, sa disparition catastrophique a laissé un goût amer aux peuples d'Afrique privés d'un outil qui leur permettait de se déplacer et d'écouler leurs marchandises même hors de nos frontières .Ce qui a réduit l'espace de gestation des peuples hors de leurs frontières ?les confinant le plus souvent chez eux si ce n'est en déboursant d'énormes sommes pour emprunter des vols plus chers La souveraineté des Etats a pris du plomb dans l'aile .En 1960 la Fédération du Mali mise en place par le Ghana et le Mali suscitera des espoirs mais va éclater pour des raisons politiques , 2 mois après. Toutes ces ratées ne freineront pas l'ardeur des bâtisseurs de l'Unité de l'Afrique. Bien au contraire, les rencontres vont s'accélérer et au mois de Mai 1963, plus précisément, les Chefs d'Etats et de gouvernements (32) vont tenir un Sommet à Addis Abéba pour discuter, échanger, proposer la création d'un organisme Panafricain. Pendant plusieurs jours les Ministres des Affaires Africains vont plancher à Addis Abéba en Ethiopie avant de céder leurs fauteuils aux Chefs d'Etats qui décideront de la naissance de l'OUA le 25 Mai 1963 non sans des chaudes discussions assez houleuses. Mais, face à l'importance du sujet et de l'intérêt suprême du continent et de ces peuples, les discussions vont aboutir .Tous les Congrès, toutes les rencontres et manifestations ont convaincu les dirigeants africains à doter le Continent d'un instrument assez dynamique pour d'abord unir nos peuples dans une liberté totale et gérer nos économies et nos richesses dans un partenariat "gagnant gagnant». Les nombreux problèmes qui se posaient et se posent toujours à l'Afrique méritent d'être traités avec lucidité, sang froid et sérieux.
L’AFRIQUE A LA RECHERCHE D’UN CONSENSUS
L'ancien Président du Congo Léopoldville (actuel Zaïre) Fulbert YOULOU proposait dès le mois de Janvier 1960 une structure dénommée Etats Unis d'Afrique Centrale, un regroupement qui, d’après lui prendrait la forme d'une Fédération souple à l'image du Conseil de l'Entente (dont les textes avaient aussi servi entre autres de modèle aux Chefs réunis à Addis Abéba) pour la création de l'OUA. Nous pensons qu'après tant de combats engagés par les africains pour lutter contre l'occupation coloniales et la prise de conscience, le temps est arrivé de se tendre la main et d'unir nos efforts pour partager douleur et bonheur. C’est pourquoi, les Chefs d'Etats au Sommet de 1963. avaient décidé de lever les rideaux de leurs travaux sur l'OUA née dans la douleur. Certains d'entre les pères fondateurs s'étaient exprimés sagement. Le Président N'KRUMAH l'un des pères fondateurs, avait exprimé ces phrases «Divisés nous sommes faibles, Unie, l’Afrique pourra devenir et pour de bon, une des grandes forces de ce monde. Je suis profondément et sincèrement persuadé qu'avec notre sagesse ancestrale et notre dignité, notre respect inné pour la vie humaine, l’intense humanité qui est notre héritage, la race Africaine unie sous un gouvernement Fédéral, émergera non pas comme un énième bloc prompt à étaler sa richesse et sa force, mais comme une Grande Force dont la grandeur est indestructible parce qu'elle est bâtie non pas sur la terreur, l’envie et la suspicion ni gagnée aux dépends des autres, mais sur l'espoir, la confiance, l’amitié et dirigée pour le bien de toute l'humanité . »Qui dit MIEUX ?
D'autres dirigeants avaient au Sommet tenu des discours responsables dans ce sens. La naissance de l'OUA devait être le point de départ des nobles luttes pour construire nos Etats et bâtir notre Continent. Plusieurs Sommets et rencontres des dirigeants se sont tenus et plusieurs décisions avaient toujours été formulées mais la construction n'avance pas. Pire des interruptions des pouvoirs démocratiques par des coups d'état, ont émaillé nos indépendances. Certes l'OUA a soutenu des pays encore sous domination à se libérer mais les idées des pères fondateurs ont été reléguées aux oubliettes .Ce qui a mis nos Etats dans des situations inconfortables même avec le remplacement de l'Union Africaine en place et lieu de la vieille dame OUA en 2002 à Syrte en Lybie et à Durban où la Commission de cette institution Panafricaine eu son sacre. Le continent est déchiré des bombes que déversent des avions de combats Occidentaux comme en terre sœur Libyenne et qui ont tué des milliers d'innocents sous prétexte que le régime était dictatorial. Aujourd’hui ce brave peuple souffre et nos pays comme le mien le Niger paye cher le prix de ces escapades ainsi que le Mali voisin et pays frère envahi par des troupes sauvages sans foi ni loi et qui égorgent femmes, vieillards et enfants. Sous le fallacieux discours d'une religion.
OU VA L’AFRIQUE ?
Tout semble croire que si nous continuons sur cette lancée sans unir nos efforts et nos intelligences pour barrer la route à toutes ces aventures et ces fléaux qui prennent notre continent comme champ d'expérience de tous ces malheurs, nous allons encore souffrir et nos indépendances et notre liberté auxquelles nous tenons tant risquent de nous échapper .Notre propre existence risque d'être mise en cause. Nous ne devons pas croiser les bras et regarder disparaître ce que nous avons de plus cher NOTRE CONTINENT. Et pourtant les pères fondateurs avaient donné le meilleur d'eux mêmes pour arracher dans le sang et dans les larmes notre liberté. Ahmed Sékou TOURE disait que " nous n'avons pas obtenu notre indépendance pour perdre notre liberté «A bon entendeur salut car il s'adressait à chacun d'entre nous. Nous voulons construire un contient mais occupons nous d'abord de nos Etats où toute une jeunesse croupie avec des diplômes et sans emploi alors que nos régimes se succèdent en cascades sans aller à leur terme. Dans cet éternel recommencement, nous devons faire notre autocritique au lieu de nous lamenter parce que ce qui a réussi dans les autres continents peut bien l'être chez nous. Mais après plus de 50 ans de souveraine, nous devons revoir notre copie pour l'adapter aux exigences du moment: mettre en place les directives de l'OUA. A savoir la création d'une monnaie, une force panafricaine pour défendre nos frontières au lieu de chercher à colmater les brèches lorsque les choses vont mal. Nous avons le devoir de mettre en place un marché commun africain pour écouler nos richesses, l'édition d'un passeport continental, j'allais dire Panafricain pour faciliter à nos peuples de se retrouver sans problèmes, la mise en place d'un chemin de fer panafricain et une route transafricaine .Ces objectifs étaient bel et bien logés en bonne place dans les actions qui seraient menées en faveur des populations. La création d'un Centre de recherches scientifiques et un prix panafricain de littérature sont à la portée de nos Etats si nous nous écoutons et concevons un vrai projet de société en nous tendant la main et en y posant chacun sa brique ou sa pierre. En y impliquant tous les citoyens aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur parce que notre continent et nos Etats demeurent nos propriétés d'abord. Nous n'avons pas droit à l'inertie dans un continent qui dispose de toutes les richesses aussi bien humaines que naturelles La création de la PANA avait pour objectif de mettre l'Afrique au cœur de l'information qui nous servirait d'autoroute de la Communication Panafricaine C'est à RFI que nous devons notre salut car il nous informe sur ce qui se passe dans nos propres cases avant ceux qui vivent l'évènement .Alors si nous ne nous ressaisissons pas, nous risquerons de le regretter. Et parce que le temps lui ne s'arrête pas.
Aboulaye HASSANE DIALLO Dr en Sciences Politiques-Journaliste-Auteur.
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