De l’insécurité dans le Sud Est du Niger
Le Nigeria, pays frère du Niger, dispose de la plus puissante armée de l'Afrique de l'ouest. Les moyens d’action de cette armée sont immenses et très modernes. Elle est composée de 130 000 hommes repartis en armées de l’air, de terre et dans la marine. Elle est équipée de matériels très sophistiqués de combat, de transport et de communication. Elle est en concurrence avec l'armée de l'Angola pour occuper la place de la deuxième puissance militaire du continent.
Son budget, évalué à 1,5 % du PIB de son pays soit près de 2 000 milliards de F CFA (plus que le budget 2015 de notre pays), lui offre les capacités de recrutement massif des soldats et d'acquisition des équipements lui permettant de faire face à toute situation de crise dans la sous-région. On se rappelle bien de son rôle déterminant, à travers l'ECOMOG, dans la résolution des guerres civiles et des crises politiques au Libéria (1990), en Sierra Leone (1991) et récemment en Guinée Bissau (2012). Elle dispose d’un potentiel de moyens en matériels et humains pour assumer le rôle de pacificateur dans les conflits en Afrique et particulièrement dans la région du lac Tchad.
Son image et sa crédibilité reconnues sur le plan international sont en train d'être ternies par la politique pratiquée par le régime actuel du pays. Cette pratique consiste à cultiver au sein de l’armée la non prise de responsabilité dans le conflit qui l’oppose aux combattants terroristes de Boko Haram. Sinon comment peut-on admettre le comportement lâche de l’armée consistant à fuir sur son sol devant les criminelles de Boko Haram alors que c'était elle, il y a quelques années, qui capturaient et emprisonnaient les rebelles fortement armées au Libéria et en Sierra Leone ?
Comment peut-on comprendre l'occupation par ces terroristes de certaines villes du Nord sans aucune réelle tentative par l'armée pour les libérer ? Comment peut-on m’expliquer l'enlèvement, en pleine journée et en une seule fois, de plus de 200 jeunes filles dans un établissement scolaire sensé être protégé par des forces de sécurité ? Ce même phénomène s’est répété il y a quelques jours concernant l’enlèvement de 180 personnes ! L’armée nigériane se contente de faire des déclarations politiques en expliquant son manque de moyens en réponse aux critiques de ses concitoyens plus que jamais inquiets de leur sort. On peut naturellement se poser la question de savoir avec quel moyen l’armée arrive-t-elle à assurer la protection des puits du pétrole dans le delta du Niger ?
Ce comportement de l'irresponsabilité n'a d’explication que dans la pratique de la politique. Le régime actuel n'a pas pour priorité de combattre les terroristes du Nord. Sa priorité est d'assurer sa propre succession. Goodluck Jonathan est le premier à se déclarer candidat à la présidentielle de 2015 alors qu'au même moment les populations du Nord-Est s'écroulent sous les attaques meurtrières des éléments de Boko Haram. Avec ces attaques à répétition les populations du Nord, qui votent majoritairement pour son rival, ne pourront pas accomplir effectivement leur devoir civil lors des prochaines élections. Ce qui arrange bien le régime actuel. Cependant cette pratique de la politique coûte de plus en plus cher aux pays voisins notamment à mon pays. A cause de ce conflit des écoles et des centres de santé sont fermés dans la région de Diffa, le long de la frontière avec le Nigéria. Des milliers de réfugiés arrivent chaque jour dans la région créant ainsi un problème grandissant d'insécurité et provoquant une charge supplémentaire sur notre budget national déjà insuffisant pour répondre aux besoins immenses de nos populations.
Nous condamnons avec la dernière énergie la politique dangereuse pratiquée par le régime actuel du Nigeria consistant à négliger le maintien de la sécurité dans la région du lac Tchad. Nos vaillantes et courageuses forces de défense et de sécurité (FDS), une fois de plus, sont en train de montrer leur détermination à assurer la sécurité de nos populations. Nous encourageons les autorités de la 7 République à mettre en œuvre tous les moyens politique, militaire et diplomatique pour assurer la quiétude des populations nigériennes.
Par Yayé GARBA
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