Afrique de l’ouest : à la tribune des Nations unies, le colonel Doumbouya se fait l’avocat et le porte-parole des « putschistes »
Le Président de la transition et chef de l’Etat de la République de Guinée, le Colonel Mamadi Doumbouya, a livré, jeudi 21 février à la tribune de la 78e Assemblée générale de l’ONU, un discours mémorable dans lequel il s’est fait, avec brio, l’avocat et le porte-voix de ce qui sont qualifiés de « putschistes », pour désigner les « juntes militaires » qui ont pris le pouvoir dernièrement dans plusieurs pays d’Afrique de l’ouest en reversant des régimes sensés être démocratiques. Un discours dans lequel se reconnaitront certainement, et bien qu’absents à New York, le général Tiani du Niger, le colonel Assimi Goita du Mali ainsi que le capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso. Avec des mots chocs du genre « l’Afrique de Papa, la vieille Afrique, c’est terminé »; « nous ne sommes ni pro ni anti [d’aucune puissance] mais tout simplement pro africain »; « c’est le moment d'arrêter de nous faire la leçon, de nous prendre de haut, d'arrêter de nous traiter comme des enfants », le Colonel Doumbouya a aussi pris fait et cause pour la nouvelle génération des « panafricains » qui partout sur le continent, et pas seulement dans les pays sous régime militaire, se revendiquent d’une jeunesse « totalement décomplexée, ouverte sur le monde et décidée à prendre en main son destin. Au passage, le chef de l’Etat guinéen n’a pas manqué de pourfendre, avec tact et pédagogie, « l’échec d’un modèle importé de démocratie occidentale dont la greffe n’a malheureusement pas pris », d’étriller les véritables causes de la nouvelle vague de coups d’Etat en Afrique et d’assumer le retour des militaires au pouvoir pour éviter le chaos comme dans son pays. « La communauté internationale doit avoir l’honnêteté et la correction de ne pas se contenter de dénoncer les seules conséquences, mais de s’intéresser et de traiter les causes », a assené, très incisif le tombeur d’Alpha Condé qui a estimé, pour ce qui de l’épidémie de coup d’Etat dans la sous-région, que « le Sahel traverse l'une des histoires les plus graves de sa très vieille histoire, mais a les ressorts nécessaires pour y faire face ». C'est, d’ailleurs pour cela, a-t-il dit, que « que la Cédéao, dont la vocation était économique, doit cesser de se mêler de la politique et privilégier le dialogue ». Avec une verve qui n’est pas sans rappeler celle de Sankara, et bien qu’il n’a pas beaucoup parler de la situation politique de son pays, le colonel Doumbouya a plaidé pour que la communauté internationale et les pays du monde « regarde l'Afrique avec les yeux neufs » et à entreprendre avec le continent « une coopération franche dans un esprit de partenariat gagnant-gagnant ». En intégralité, le discours qui fera date du président de la transition guinéenne, le colonel Mamadi Doumbouya.
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