Crise Niger-Bénin : les anciens Présidents Soglo et Boni Yayi à Niamey pour tenter une médiation
Les anciens présidents du Bénin, Yayi Boni et Nicéphore Soglo, sont arrivés ce lundi 24 juin à Niamey dans le cadre d’une médiation pour une sortie de crise dans le différend qui oppose, depuis quelques mois, les autorités des deux pays. Selon des sources proches des deux anciens chefs d’État, les autorités nigériennes de transition ont marqué leur accord pour cette visite destinée à rapprocher Niamey et Cotonou.
A leur arrivée à Niamey, ce lundi en fin d’après-midi, les anciens présidents Nicéphore Dieudonné Soglo et Boni Yayi ont été accueillis par le ministre d'État, ministre de l'intérieur, de la sécurité publique et de l'Administration du Territoire, le Général Mohamed Toumba et par Dr Soumana Boubacar, ministre Directeur de Cabinet du président du CNSP.
Lors de leur séjour dans la capitale nigérienne, les deux personnalités vont rencontrer les plus hautes autorités du pays notamment le Chef de l’Etat, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, ainsi que les membres du CNSP et du gouvernement de transition. Au cœur des échanges, le différend entre les autorités des deux pays voisins, en froid depuis des mois, ainsi que les moyens de trouver une issue à la crise comme annoncé par leurs entourages.
« Au regard de la crise qui prévaut entre le Niger et notre pays le Bénin, les Anciens Présidents encore en vie, Nicéphore Dieudonné Soglo et Boni Yayi, ont souhaité rencontrer les autorités du Niger qui ont marqué leur accord », est-il annoncé dans le communiqué publié par leurs services de communication à la veille de la visite des deux anciens chefs d’Etat.
Selon la même source, les deux personnalités se rendront au Niger le 24 juin 2024 pour « échanger avec les responsables nigériens au plus haut niveau afin de contribuer à rétablir les relations cordiales, fraternelles et mutuellement avantageuses établies par les pères de nos indépendances Hubert Maga, Hamani Diori, et entretenues par leurs successeurs Sourou Migan Apithy, Justin Ahomadégbé, Seyni Kountché, Ali Saibou, Mahamane Ousmane, Mamadou Tandja, Mathieu Kérékou, Nicéphore Dieudonné Soglo, et Boni Yayi ». Et d’ajouter que « les deux Anciens Présidents estiment être redevables à leurs aînés de la poursuite de cette coexistence pacifique séculaire ».
Aussi, le communiqué de conclure que « les présidents Soglo et Yayi invitent les peuples frères du Niger et du Bénin à demeurer en prière pour accompagner cette noble mission pour une sortie de crise heureuse ».
Différend diplomatique
Les relations entre Niamey et Cotonou traversent des turbulences depuis le coup d’état du 26 juillet 2023 et la prise du pouvoir par les militaires du CNSP qui ont renversé le régime de Bazoum Mohamed. Le président Talon a été le partisan d’une intervention militaire de la Cedeao pour rétablir l’ancien chef d’Etat et a été l’un des premiers à mettre en vigueur les sanctions économiques et financières communautaires notamment la fermeture des frontières.
Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous le pont et si le chef de l’Etat béninois a revu ses prétentions à la baisse en reconnaissant le nouveau pouvoir, les autorités nigériennes de transition continue de se méfier de leur voisin qu’il accuse de servir de cheval de Troie pour déstabiliser leur régime. C’est ce qui explique que malgré la levée des sanctions de la Cédéao et de l’Uemoa, en février dernier, Niamey continue de garder la frontière fermée.
La crise a d’ailleurs atteint son paroxysme avec le blocage, le mois dernier, du chargement du pétrole brut nigérien destiné à l’export qui transite par le Bénin pour le port pétrolier de Sémé. Si Cotonou a provisoirement suspendu ce blocage, grâce à la médiation chinoise, le pétrole de coule plus depuis quelques semaines à la suite de la décision des autorités nigériennes de fermer les vannes du pipeline (PENB) depuis la source, dans le nord du pays. Une mesure en rétorsion à l’interpellation à Cotonou, de cinq agents nigériens de l’entreprise chinoise WAPCO, en mission de contrôle, mais que les autorités béninoises ont accusé de s’être « frauduleusement » introduits sur le site du port pétrolier. Depuis ils ont été relâchés suite à une décision de justice et sont rentrés en fin de semaine dernière à Niamey où ils ont été accueillis « en héros ».
Malgré les appels à la désescalade, la crise entre les deux pays continue de couver et les médiations des politiques et des religieux sont en cours pour mettre fin à cette crise qui affecte les populations des deux pays voisins.
Ikali Dan Hadiza (actuniger.com)
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