Les autorités nigériennes de transition ont révoqué le permis minier accordé au canadien Govi High-Power Exploration (GoviEx) pour l’exploitation du site minier d’uranium de « Madaouela », près d’Arlit, dans le nord du pays. Cette décision du ministère des Mines après l’expiration de la mise en demeure adressée à l’entreprise pour débuter l’exploitation de la mine avant le 03 juillet 2024 alors que les travaux du complexe minier auraient dû démarrer en 2019 pour un début d’exploitation prévu deux années plus tard. Dans un communiqué vendredi 04 juillet, l’entreprise canadienne a regretté cette décision de Niamey qui va engendrer des pertes énormes pour la région et les caisses de l’Etat selon GoviEx qui dit poursuivre les discussions avec le Niger pour reprendre ses permis miniers tout en se réservant également le droit de contester cette décision devant les juridictions compétentes. En juin dernier, les autorités nigériennes avaient déjà repris le permis minier accordé au français Orano pour l’exploitation de la mine géante d’Imouraren dans le cadre de la volonté de Niamey d’assurer désormais « sa souveraineté » sur ses ressources minières comme l’a indiqué, en mai dernier, le Commissaire-colonel Abarchi Ousmane, le ministre des Mines.
Les autorités nigériennes ont mis leur menace à exécution conformément à la mise en demeure adressée il y a quelques trois (03) mois par le ministère des Mines à l’entreprise canadienne GoviEx pour qu’elle démarre ses activités d’exploitation de la mine de « Madaouela » au risque de voir ses droits miniers suspendus pour ce gisement. C’est désormais chose faite puisque dans un communiqué publié le vendredi 04 juillet, au lendemain de l’expiration de l’ultimatum de Niamey, l’entreprise canadienne a annoncé avoir perdu ses droits miniers sur le site d’une superficie de 243 Km2 . « GoviEx a été informé par le gouvernement de la République du Niger, par une lettre du ministère des Mines, qu'il n'a plus de droits sur le périmètre du permis d'exploitation minière de Madaouéla, qui est maintenant dans le domaine public », a annoncé le groupe dans un communiqué relayé par les médias internationaux.
Le permis d’exploitation du projet « Madaouela » que détient le groupe GoviEx depuis presque une dizaine d’années, revient donc dans le domaine public conformément à la décision des autorités nigériennes.
Dans son communiqué, l’entreprise canadienne a déploré cette décision de lui retirer ses droits miniers, estimant qu’elle n’a pas suivie « la procédure dictée par le code minier en vigueur ». Par conséquence, le groupe dit « se réserver le droit de remettre en cause » cette décision devant des juridictions compétentes nationales ou internationales. Toutefois, elle dit s'engager à « maintenir la transparence » et à continuer ses discussions avec les représentants du gouvernement et les parties prenantes.
« Avec le redressement récent des prix de l'uranium, le projet de Madaouéla était prêt pour son développement et l'entreprise avait commencé à avancer malgré les changements politiques au Niger depuis le coup d’Etat le 26 juillet 2023 », a poursuivi le groupe pour qui, la décision du gouvernement aura « un impact négatif sur le développement économique et social de la région ». En plus des « opportunités d'emploi considérables », avec 800 postes prévus durant l’exploitation du gisement dont la une durée de vie a été estimée à 20 ans, le projet « Madaouela » devait également contribuer au paiement de « redevances et impôts substantiels au gouvernement nigérien », selon l'entreprise.
Avant GoviEx, le français Orano a déjà fait les frais des nouvelles ambitions de Niamey
En avril dernier, le groupe minier canadien reconnait avoir reçu du gouvernement nigérien l'obligation de commencer l'exploitation de la mine avant le 3 juillet, au risque de se faire révoquer son permis. GoviEx avait posé en 2019 la première pierre d'un complexe minier pour exploiter de l'uranium à Madaouéla, qui devait être opérationnel deux ans plus tard. Cependant, les travaux n’ont jamais démarré à ce jour malgré, selon les dirigeants de l’entreprise, « un regain d'intérêt financier et des investissements de plus de 200 millions USD ». Lors de la publication de son étude de faisabilité en 2022, GoviEx avait assuré maintenir ses projections avec un début de production prévu en 2025 à condition de trouver les financements nécessaires. Les dépenses d’investissement initialement prévues s’élevaient à 343 millions de dollars.
Le 20 juin dernier, c’est le géant français du nucléaire civil, Orano, présent dans le pays depuis une cinquantaine d’années, qui s’est vu retirer son permis d’exploitation de la mine géante d’uranium d’Imouraren, toujours dans le nord du pays, après l’expiration de l’ultimatum qui lui a été également donnée par les autorités nigérienne pour démarrer ses activités sur le site. Plusieurs firmes internationales détenant des permis risquent de subir le même sort et de voir leurs droits miniers, distribués à tout va par les anciens régimes, pour des motifs similaires. En mai dernier, après une tournée de plusieurs jours dans le nord pays où sont situés les principaux gisements miniers du pays, le ministre des Mines, le Commissaire-colonel Abarchi Ousmane a annoncé que le gouvernement compte prendre « toutes les dispositions nécessaires pour affirmer la souveraineté du Niger sur ses ressources minières ». Et donc acte même s’il reste à attendre de voir comment Niamey va pouvoir attirer de nouveaux investisseurs dans le secteur extractif dans un tel contexte. En attendant, les décisions des autorités nigériennes bénéficient du soutien des associations de la société civile qui depuis des années militent pour une gestion transparente et qui tienne compte des intérêts des populations locales notamment l’impact socioéconomique et l’environnement pour que, in fine, ces ressources puissent véritablement profiter au Niger et à son peuple.
A.Y.Barma (actuniger.com)