Haut Représentant du Président de la République : démission de Seyni Omar, candidat du MNSD Nassara à la présidentielle et aux législatives
Le Haut Représentant du Président de la république, Seyni Oumarou, a rendu sa démission le lundi 9 novembre 2020, en raison de sa candidature aux élections présidentielles et législatives au titre du MNSD Nassara dont il est le président. Nommé à ce poste en 2016, le président de l’Alliance pour la République (APR) et ancien premier ministre, a tenu à rendre un hommage au chef de l’Etat Issoufou Mahamadou qu’il a affronté dans les urnes à deux reprises, en 2011 et 2016, avant d’en devenir l’allié. Avec le pari de briguer pour la troisième fois, le fauteuil présidentiel.
Dans sa lettre de démission adressée au Chef de l’Etat, le président et candidat du MNSD Nassara aux prochaines élections présidentielles a demandé à « être déchargé de ses fonctions » pour « se consacrer aux préparatifs de la campagne électorale ». Le Haut Représentant du président de la République n’a pas manqué de «remercier sincèrement » le chef de l’Etat, pour « la confiance et la franche collaboration dont vous m’avez fait montre depuis l’arrivée depuis l’arrivée de notre parti et de ses alliés dans la mouvance présidentielle ». Il a saisi également l’occasion pour « renouveler » au président Issoufou, ses vœux de « bonne fin de mandat ».
Nommé en 2016 à ce poste, le premier dans l’histoire politique du pays et qui n’est pas prévu par la Constitution, Seyni Omar a rejoint la majorité au pouvoir après avoir été opposant au pouvoir. Ancien ministre, ex premier ministre et ancien président de l’Assemblée sous le régime de Tandja Mamadou (5e république), il a affronté Mahamadou Issoufou dans les urnes à deux reprises. En 2011, un an après la perte du pouvoir par le MNSD Nassara suite au coup d’Etat du CSRD de Salou Djibo, il est arrivé au second tour de la présidentielle face au candidat du PNDS Tarrayya. En 2016, son parti est arrivé à la 3e place de la présidentielle, une situation qui s’explique en grande partie par la crise interne qui a secoué quelques mois le parti dont il a hérité, avec le départ du SG de l’époque, l’ancien ministre Albadé Abouba et de plusieurs cadres du MNSD, qui sont partis rejoindre le MPR Jamhuriya, lequel a rejoint « la mangeoire » du parti au pouvoir à la fin du premier mandat. Seyni Omar, ancien bras droit de l’opposant Hama Amadou, qui a été obligé de laisser le MNSD dont il fut un temps le président, a dû aussi se résoudre à rejoindre la majorité présidentielle, au début du second mandat du président Issoufou. Il a mis en avant, l’appel lancé par le chef de l’Etat pour « une union nationale sacrée » au regard des menaces auxquelles font face le pays notamment le terrorisme. Avec quelques partis affidés, il a créé l’Alliance Pour la république (APR), membre de la majorité au pouvoir mais non affiliée à la Mouvance pour la Renaissance du Niger (MRN) dirigée par le PNDS Tarrayya. Cette décision de Seyni Omar n’a pas été appréciée par tout le directoire de l’ancien parti-Etat et depuis, le « grand Baobab » est secoué par des vagues de crise interne avec actuellement des procès en série dont certains en cours comme celui intenté contre le bureau politique national par l’ex SG du parti, l’actuel ministre de la Formation Professionnelle et Technique Tidjani Abdoul kadri.
Malgré ces nouvelles vagues de dissensions, le désormais ex Haut représentant du PR a pu se maintenir à la tête du MND Nassara et, le 23 mars dernier, il a été investi à Tahoua comme candidat à la présidentielle pour la 3e fois consécutive. En dépit des multiples soubresauts qu’il a connu, le « grand baobab» est l’un des partis les plus significatifs de l’échiquier politique national et fort de ce qui reste de la machine électorale qu’il fut naguère, il a encore une carte à jouer pour les prochaines élections. Il va falloir désormais à Seyni Omar de savoir manœuvrer habile, une tâche pas du tout facile puisqu’il va devoir assumer une partie du bilan du régime de la Renaissance de Mahamadou Issoufou, au sein duquel il a, à vrai dire, fait que de la figuration, tout en se présentant comme une alternative qui s’appuie sur l’héritage de l’ancien président Tandja Mamadou (1999-2010), encore très populaire, et du « grand Nassara ». Un pari osé mais pas impossible au regard de l’incertitude actuelle qui prévaut sur la scène politique avec ces élections de tous les enjeux qui vont se traduire par la première alternance démocratique du pays…
A.Y.B (actuniger.com)
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