Éjecté du gouvernement, Kalla Moutari rattrapé par sa gestion au ministère de la Défense nationale ?
Le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement Kalla Moutari a été évincé du gouvernement à travers un remaniement ministériel intervenu ce vendredi 7 février. Un débarquement soudain mais pas surprenant pour cette figure influente du PNDS Tarraya qui risque de devoir rendre compte de sa gestion au ministère de la Défense de 2016 à 2019.
Une nouvelle tempête au plus haut sommet de l’Etat ! Le président Issoufou Mahamadou a procédé à un nouveau léger remaniement ministériel, ce vendredi 7 février. Sur proposition de son premier ministre Birgi Rafini, le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Kalla Moutari, a été remplacé par Moctar Gado Sabo. Un changement qui consacre le départ du gouvernement de Kalla Moutari, ancien ministre de la Santé (2015-2016) puis de la Défense nationale de 2016 à 2019 avant d’atterrir à l’Hydraulique et à l’Assainissement. Officiellement, aucune raison n’a été annoncée pour motiver ce départ, mais depuis quelques temps, l’ancien gouverneur de Zinder est sous les projecteurs de l’actualité nationale suite à des informations largement relayées par la presse et l’opposition, sur sa gestion à la tête du département de la Défense nationale. Une gestion qui a relevé de graves manquements suite à l’audit commandé par son successeur, Issoufou Katambé.
Les probables raison d’une éviction
Malgré les graves accusations qui le visaient, mais qui restent encore à prouver par la justice, cette éviction de Kalla Moutari du gouvernement a été surprenante. La veille, il était d’ailleurs en mission dans la région de Tillabéri et rien ne présageait son limogeage brutal à venir. D’autant qu’il y a quelques jours à peine, il était encore en mission dans la région de Zinder avec le ministre d’Etat en charge de l’Intérieur, Bazoum Mohamed, président du PNDS Tarraya au pouvoir et candidat désigné du parti et soutenu par le président Issoufou. Bien qu’à des degrés différents, les deux personnalités sont des membres de premier plan du parti rose. En pleine série de révélations sur les malversations qui ont été relevées au niveau de la gestion des fonds colossaux destinés à la grande muette depuis quelques années, Kalla Moutari avait tout l’air de garder le soutien du chef de l’Etat mais aussi de ses camarades du parti.
C’est le cas de le dire, ce départ soudain du gouvernement de Kalla Moutari, figurante montante du PNDS Tarrayya dont il est un des premiers militants et encore influent du Comité exécutif national (CEN), surtout dans la région de Maradi où il est très populaire, a aussitôt donné lieu à toute les spéculations. Ministre de la Défense nationale du 19 octobre 2016 au 20 septembre 2019, il a eu à gérer un des départements qui a bénéficié d’importantes allocations budgétaires ces dernières années, en raison principalement de la crise sécuritaire qui secoue le pays depuis 2015. Sous l’époque de ses prédécesseurs de 2011 à 2016, l’actuel ministre d’Etat à la Présidence Hassoumi Massaoudou qui a effectué un bref passage en 2016 il est vrai, ainsi que l’actuel ministre des Transports Karidjio Mahamadou, plusieurs affaires de détournements des fonds destinés à l’armée ont fait les choux gras de la presse sans qu’une enquête judiciaire ne vienne les confirmer et surtout, sans qu’un des acteurs cités ne soient inquiétés. Cependant, bien avant le départ de Kalla Moutari de la Défense nationale, des critiques ont fusé au sein même du parti au pouvoir sur des soupçons de détournements à grande échelle des fonds destinés à l’armée. Au point où c’est un conseiller du président Issoufou et aussi militant influent du PNDS, Maman Abou, promoteur du Républicain, qui a pris la décision d’en faire un grand déballage dans les colonnes de son propre journal ! L’affaire avait fait à l’époque du bruit, mais elle ne s’est finalement traduite que par un simple jeu de chaise musicale. Comme d’habitude, le président a changé de maroquin à Kalla Moutari, à qui on a permuté son maroquin avec Issoufou Katambé, un autre ponte du PNDS Tarraya. C’est le début d’une nouvelle tournure dans l’affaire puisqu’à sa prise de fonction, le nouveau ministre de la défense a décidé d’auditer la gestion de ses prédécesseurs. Et les supposés affaires de malversations ont de nouveau refait surface, cette fois confortées par un rapport accablant de la Commission en charge de la défense au niveau de l’Assemblée nationale, mais aussi d’autres inspections et missions d’audit dont certaines encore en cours notamment en Russie.
A la suite des dernières attaques terroristes au cours desquelles l’armée a subit d’importants revers notamment à Inatès (71 soldats tués le 10 décembre 2019) et Chinagodrar (89 soldats tombés sur le sang d’honneur le 9 janvier), la pression s’est accentuée au plus haut sommet de l’Etat. Au point où le président Issoufou s’est vu obligé de limoger le secrétaire général du ministère de la Défense national, le général Ibrahim Wally Karingama, ainsi que le chef d’Etat-major général des armées, le général de corps d’armée Ahmad Mohamed. Deux officiers supérieurs en poste à l’époque où Kalla Moutari était à la tête du département de la Défense nationale.
La purge ne s’est visiblement pas arrêtée là puisque, c’est de toute évidence ce ce qui a coûté son poste à Kalla Moutari. Selon des informations exclusives d’actuniger, les inspections se poursuivent au Niger et ailleurs, pour faire la lumière sur certaines commandes faites par l’Etat pour le compte de l’armée, et qui n’ont visiblement pas été faites selon les normes. L’ancien SG du ministère de la Défense nationale est gravement compromis puisque son dossier est déjà bien avancé au niveau des instances judiciaires compétentes, selon les mêmes sources, ce qui conforte le fait que Kalla Moutari a été aussi rattrapé par les mêmes affaires.
La question qui taraude l’opinion, aussitôt le départ de Kalla Moutari annoncé, c’est si cette opération d’assainissement va se poursuivre ou s’il s’agit juste d’en faire de l’ancien professeur de philosophie du Lycée Dan Baskoré de Maradi et ancien gouverneur de la région de Zinder (ex administrateur délégué de Tessaoua de 1993 à 1996), un bouc émissaire. Kalla Moutari, qui fut également secrétaire général adjoint à la Présidence de 2011 à 2013, n’est pas le seul en effet, à gérer ce ministère sous le régime de la Renaissance.
A.Y.B (actuniger.com)
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