Discours d’ouverture du 5e sommet ordinaire du G5 Sahel. Par Son Excellence Mahamadou Issoufou, président en exercice.
Ouagadougou, 5 février 2019.
EXCELLENCE MONSIEUR ROCH MARC CHRISTIAN KABORE, PRESIDENT DU FASO,
EXCELLENCES MESSIEURS LES CHEFS D’ETAT ET DE GOUVERNEMENT,
MESDAMES ET MESSIEURS LES CHEFS DES INSTITUTIONS,
MESDAMES ET MESSIEURS LES MINISTRES,
MONSIEUR LE SECRETAIRE PERMANENT DU G5 SAHEL,
MESDAMES ET MESSIEURS LES AMBASSADEURS ET REPRESENTANTS DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES,
MESDAMES ET MESSIEURS,
Depuis le Sommet ordinaire de notre organisation, tenu à Niamey le 6 Février 2018, le terrorisme a fait de nombreuses victimes, civiles et militaires, dans l’espace du G5-Sahel. Ces victimes viennent s’ajouter à celles enregistrées les années précédentes. En leur mémoire, je vous demande d’observer une minute de silence……Je vous remercie.
EXCELLENCES, MESDAMES ET MESSIEURS,
Permettez-moi d’exprimer nos sincères remerciements à notre hôte, mon frère et ami Roch Marc Christian Kaboré, Président du Faso, pour l’accueil chaleureux réservé à toutes les délégations participant à ce cinquième sommet ordinaire du G5 Sahel.
Permettez également de saluer et de remercier nos différents partenaires qui nous honorent de leur présence et qui font preuve d’un engagement remarquable à
EXCELLENCES, MESDAMES ET MESSIEURS,
Le G5 Sahel a été créé, il y a cinq ans, autour de deux préoccupations majeures : la sécurité et le développement. Le bilan de la mise en œuvre de la feuille de route de la présidence nigérienne du G5 Sahel, centré sur ces deux questions majeures, vient s’agréger aux bilans précédents : ceux des présidences Mauritanienne, Tchadienne et Malienne.
S’agissant de la sécurité, on se rappelle qu’à partir de 2011, la crise libyenne, dans le déclenchement de laquelle les pays du Sahel n’ont aucune responsabilité, a amplifié les menaces des organisations terroristes et criminelles dans notre espace commun. Le terrorisme et le crime organisé n’ont pas de frontière : ils ont non seulement effacé les frontières géographiques entre pays, mais aussi la frontière traditionnelle qui existait entre sécurité intérieure et sécurité extérieure. Conscients de cela et au regard de la faiblesse de nos capacités, nous avons décidé de mutualiser nos moyens en mettant en place la Force-Conjointe du G5-Sahel.
A la prise de la présidence en exercice du G5 Sahel par le Niger, les ressources disponibles pour la première année de son opérationnalisation étaient de 294 millions d’euros pour des besoins de 423 millions d’euros. Une conférence fut convoquée, à Bruxelles, le 23 Février 2018, en vue d’obtenir le complément du financement. Cette conférence fut un grand succès et permit de mobiliser 414 millions d’euros. En tenant compte des annonces supplémentaires faites après la conférence, les promesses se chiffrent aujourd’hui à 431 millions d’euros environ dont 267 millions effectivement versés. Le fonds fiduciaire créé pour recevoir les contributions des partenaires est opérationnel. C’est le lieu de remercier tous les partenaires pour cette marque de solidarité dont ils ont fait preuve vis-à-vis des populations du Sahel.
Pour rendre cette force opérationnelle, plusieurs autres activités ont été menées par les différents organes du G5 Sahel, notamment le Conseil des Ministres, le Secrétariat permanent et le comité de défense et de sécurité. Repartie en trois fuseaux, le fuseau Est (Tchad-Niger), Centre (Niger-Burkina-Mali) et Ouest (Mali-Mauritanie), je me réjouis de dire que la force conjointe est opérationnelle et a déjà mené plusieurs opérations notamment au niveau du fuseau centre. Je me réjouis également des accords de coopération signés entre cette force et la force Barkhane d’un côté et la MINUSMA de l’autre. Par contre, je regrette que nous ne soyons pas encore parvenus à la placer sous le chapitre 7 de la Charte des Nations-Unies.
EXCELLENCES, MESDAMES ET MESSIEURS
La lutte que nous menons contre le terrorisme et le crime organisé est une lutte pour les droits humains. Voilà pourquoi nous nous efforçons de renforcer les liens entre justice et sécurité. Dans cette perspective, deux conférences ont été organisées le 22 Février 2018 et le 21 Janvier 2019, respectivement à Bruxelles et à Niamey.
C’est dans ce cadre aussi que la composante police, dont le concept est bien intégré dans les architectures sécuritaires de nos Etats, sera bientôt déployée dans les trois fuseaux de la force conjointe, avec des unités d’investigation spécialisées, des brigades prévôtales, des pôles judiciaires spécialisés ainsi que les autres éléments de la chaîne pénale, telle que l’administration pénitentiaire.
C’est le lieu de se féliciter de la mise en place récente, à Niamey, du réseau des Institutions Nationales de Défense des Droits de l’Homme (INDH) du G5-Sahel. Nous attachons beaucoup de prix à cette dimension de notre combat qui nous permet de nous démarquer des actes barbares de l’ennemi tout en consolidant la trinité peuple-Gouvernement et armée dans nos pays respectifs, ce qui permet de prévenir par ailleurs les conflits intercommunautaires que se propose d’exploiter le terrorisme. Les actions civilo-militaires entreprises par nos armées, contribuent certainement à renforcer la confiance des populations vis-à-vis des États. S’agissant des organes de sécurité-défense du G5-Sahel, l’Académie Régionale de Police de N’Djamena est en cours d’opérationnalisation pendant que celle du Collège de Défense du G5 Sahel de Nouakchott est effective. Les activités du Collège Sahélien de Sécurité, quant à elles, ont démarré au mois de Mai 2018 à Bamako. Le centre de fusion des renseignements, installé à Niamey, est lui aussi opérationnel. La Plateforme Régionale de Coopération en Matière de Sécurité et ses démembrements nationaux ont pu commencer leur échange.
EXCELLENCES, MESDAMES ET MESSIEURS,
Notre combat pour la paix et la sécurité, dans notre espace, est inséparable de notre lutte pour le développement. Le terrorisme et le crime organisé sont des symptômes. Nous sommes déterminés à nous attaquer à la maladie dont ils sont le reflet : la pauvreté et les inégalités. A terme, c’est non pas les armes, mais l’éradication de celles-ci, qui nous permettra de vaincre définitivement le terrorisme.
Avec l’explosion démographique que connaissent nos pays, notre jeunesse, si nous n’arrivons pas à la nourrir, à l’éduquer, à la former, à la soigner et à lui trouver des emplois, aura tendance à céder de plus en plus aux sirènes du terrorisme. Voilà pourquoi, en plus de ce que nous faisons isolément au niveau national, nous avons conçu le Plan d’Investissements Prioritaires du G5-Sahel, validé en Juin 2017 à Bamako, plan qui a pour objectifs la réalisation d’infrastructures routières, ferroviaires et énergétiques, le renforcement de la gouvernance, de la défense et de la sécurité, la résilience et le développement humain dans les zones frontalières fragiles exposées aux menaces terroristes.
Ce plan était constitué de 105 projets dont le coût global est estimé à environ six (6) milliards d’euros. La première phase de ce plan, couvrant la période 2019- 2021, d’un montant de deux (2) milliards d’euros a fait l’objet de la conférence de coordination des partenaires et bailleurs de fonds le 6 Décembre 2018 à Nouakchott. Cette conférence a permis d’enregistrer 2,4 milliards d’euros d’annonces. Le cadre de suivi de la mise en œuvre de cette première phase a été adopté au conseil des Ministres du G5 Sahel, le 3 Février 2019, ici-même, à Ouagadougou. Par ailleurs, des requêtes ont été déjà transmises à des partenaires pour des projets d’infrastructures routières, les termes de référence de l’étude de faisabilité du projet de chemin de fer reliant les capitales du G5-Sahel sont disponibles tandis que la réflexion sur la création d’une compagnie aérienne commune se poursuit.
S’agissant de la jeunesse et des femmes, couches les plus vulnérables dans le conflit qui nous oppose au terrorisme et au crime organisé, la Stratégie Intégrée de la Jeunesse (SIJ) et son plan d’action sont en cours d’élaboration pendant que la plateforme des femmes a été lancée le 12 Octobre 2018.
EXCELLENCES, MESDAMES ET MESSIEURS,
Le combat que nous menons contre le terrorisme et le crime organisé est multiforme. Il est non seulement sécuritaire et économique mais aussi idéologique. C’est pourquoi nous avons décidé de mettre l’accent sur la prévention. Ainsi nous avons installé, au Niger, le 31 Octobre dernier, l’Antenne Nationale de prévention de la Radicalisation et de l’Extrémisme violent. Je sais que chacun de nos pays dispose de structures similaires mais nous devons organiser la riposte idéologique à l’échelle du G5-Sahel.
EXCELLENCES, MESDAMES ET MESSIEURS,
Permettez-moi, à nouveau de saluer et de remercier nos partenaires pour leur engagement à nos côtés. J’ai pu, tout au long de mon mandat à la tête de notre organisation, apprécier le niveau de cet engagement à plusieurs reprises notamment à Bruxelles, le 23 Février 2018, à l’occasion de la table ronde sur le financement de la force conjointe et à Nouakchott, le 6 Décembre 2018, à l’occasion de la conférence de coordination des partenaires sur le financement du Plan d’Investissements Prioritaires (PIP). J’ai pu également le constater, sur le terrain, à travers les actions menées par la Force Barkhane. Je fonde l’espoir que cet engagement se poursuivra et se renforcera davantage et qu’ensemble nous triompherons du terrorisme et du crime organisé.
C’est sur cette note d’espoir que je déclare ouverts les travaux du 5ème Sommet ordinaire du G5-Sahel.
Je vous remercie
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