MARADI/SÉCURITÉ TRANSFRONTALIÈRE : rencontre conjointe entre les gouverneurs de Maradi, Katsina, Zamfara et Sokoto, les nigérians mis devant leur responsabilité… !
Du Samedi 7 au dimanche 8 novembre 2019, s’est tenue à Maradi, une réunion inédite sur la sécurité transfrontalière et le banditisme armé, entre trois gouverneurs du nord ouest du Nigéria (Aminou Bello Massari du Katsina, Mohamed Bello Mutawallé du Zamfara, Aminou Waziri Tambuwal de Sokoto) et leur homologue de la région hôte, Zakari Oumarou.
Y figuraient de part et d’autres dans les délégations, des responsables des forces de défense et de sécurité. La rencontre a enregistré également la présence des ambassadeurs des deux pays, ainsi que des députés nationaux originaires de Maradi, côté nigérien.
Il y’avait en effet urgence en la matière, car aux confluences des frontières entre les quatre régions, se développe aujourd’hui un grand banditisme qui a déjà mené au Niger, entre le 1er janvier et le 31 aout de cette année seulement, 81 attaques sur des villages des départements de Madarounfa et Guidan Roumdji, où 31 personnes ont été assassinées, 34 blessées, 92 personnes enlevées pour des rançons et 3036 têtes de bétails emportés. Nonobstant ce lourd bilan macabre et matériel, environs 35 000 réfugiés nigérians sont venus s’ajouter au martyr d’une zone déjà durement ébranlée.
Succès diplomatique pour Zakari Oumarou
De l’avis de tous les commentateurs, le Gouverneur de Maradi, en réussissant à réunir autour de lui, trois gouverneurs nigérians dont les uns ne cachent pas souvent leur hostilité envers les autres, vient en effet là de faire preuve d’une grande capacité de manœuvre diplomatique. « Qu’importe le résultat, les réunir ensemble est déjà un succès », assure un membre de son cabinet.
Sur ce dossier spécifique, il a déjà réussi à mobiliser les partenaires nationaux et internationaux pour venir en aide aux réfugiés installés dans sa région. Il vient surtout d’enclencher une dynamique nouvelle dans la lutte contre le banditisme transfrontalier, celle de l’implication effective des politiques au sommet, à côté de l’engagement militaire. « La rencontre salue l’approche uniforme et coordonnée dans la lutte contre l’insurrection et le banditisme armé », peut-on lire dans le communiqué sanctionnant la fin cette importante rencontre.
Divergence d’approche ?
Cependant, le communiqué final, comme l’ont souligné beaucoup d’analystes, cache mal une grande divergence d’approche dans la gestion de la sécurité transfrontalière. « La rencontre lance un appel pour un contrôle de sécurité renforcé sur les retournés volontaires », mentionne-t-il. Un point traduisant toute la stratégie des responsables nigérians qui privilégient tous, la négociation avec les bandits et les ravisseurs que leur affrontement militaire.
Avant même d’arriver à Maradi, les gouverneurs Tambuwall et Mutawalle de Sokoto et Zamfara avaient « négocié » avec les chefs de gangs, de qui ils partagent en commun l’appartenance à la communauté peule, ce qui a permis le retour d’une relative accalmie dans leurs états et conséquemment, le déplacement des actes de banditisme dans l’état du Katsina et le Niger. On vient de l’apprendre sur les ondes, aussitôt après avoir quitté Maradi, le gouverneur de Katsina Bello Massari « a rendu visite aux bandits peuls dans 9 de leurs bases », rapporte ce mardi 10 la radio BBC en Haoussa, pour leur proposer une offre de négociation.
Les nigérians devant leurs responsabilités
Zakari Oumarou et sa délégation n’ont sans doute pas grande objection sur la stratégie des états voisins, dans leur lutte contre le banditisme transfrontalier, mais ils tenaient à leur faire passer un message, celui de leur démontrer que les FDS du Niger maitrisent totalement leur espace et détiennent la cartographie complète, les coordonnées de toutes les « dabbas » ou gangs installés en territoire nigérian, ainsi que liste exhaustive de tous les chefs et membres des gangs qui écument les quatre régions.
Contrairement aux nigérians qui étaient venus à la réunion presque les mains vides, la partie nigérienne en revanche, avait préparé un exposé concis, présenté par le lieutenant colonel Saminou Mani, « ComZone » de Maradi ; une communication qui dessine la stratégie nigérienne basée sur le principe de « zéro négociation » avec des bandits et des assassins. Mieux, l’exposé, images à l’appui, a démontré que la persistance du banditisme transfrontalier est intiment lié à la non occupation de leur terrain par les forces nigérianes.
C’était un exposé très suivi par les officiels nigérians. On pouvait les voir prendre abondamment de notes, très impressionnés sans doute de constater que la partie nigérienne, malgré la modicité de ses moyens logistiques, est nettement mieux préparée.
Kaougé Mahamane Lawaly, Le Souffle de Maradi
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