Burkina : après RFI, France 24 suspendue pour avoir diffusé l'interview d'un chef terroriste
Dans un communiqué publié ce lundi 27 mars 2023, le gouvernement de transition burkinabé a décidé la suspension de la diffusion des programmes de France 24 sur l'ensemble du territoire national. Cette décision fait suite, selon les autorités, à la diffusion il y a deux semaines de l'interview du Chef d'AQMI sur les antennes du groupe France Médias Monde (FMM). Pour rappel, en décembre dernier, l'autre chaine du groupe public français RFI, a été également suspendue dans le pays.
Dans le communiqué signé par son ministre porte-parole, le gouvernement annonce que "c'est avec regret" qu'il a découvert il y a de cela deux semaines, une interview du « Chef d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) » sur les antennes de France 24, du groupe France Médias Monde. "Sans contester la liberté des choix éditoriaux de la chaîne, le gouvernement s'interroge cependant sur l'éthique qui gouverne la pratique professionnelle du journalisme sur France 24", souligne le gouvernement qui, par ailleurs "se désole de voir que le chef d'une organisation terroriste comme AQMI et reconnue comme telle par l'ensemble de la communauté internationale, puisse bénéficier des largesses éditoriales de France 24 pour s'exprimer longuement sur les antennes de la chaîne. Cette organisation, est-il besoin de le rappeler, adepte d'un terrorisme djihadiste, est l'auteur de crimes odieux qui choquent la conscience humaine et qui ont fait des milliers de victimes à travers le monde".
"Dans la bande sahélo-saharienne et singulièrement au Burkina Faso, la violence aveugle et la barbarie terroriste contre les paisibles populations est principalement alimentée par cette organisation qui nourrit des desseins funestes pour notre pays et notre peuple que le gouvernement a la responsabilité de protéger", poursuit le communiqué dans lequel le gouvernement burkinabé estime qu'en ouvrant ses antennes au premier responsable d'AQMI, "France 24 ne fait pas seulement office d'agence de communication pour ces terroristes, pire il offre un espace de légitimation des actions terroristes et des discours de haine véhiculés pour assouvir les visées maléfiques de cette organisation sur le Burkina Faso".
"Le gouvernement a donc décidé en toute responsabilité, et au nom de l'intérêt supérieur de la Nation, de la suspension sine die de la diffusion des programmes de France 24 sur l'ensemble du territoire national", annonce le communiqué dans lequel le gouvernement, "tout en réaffirmant son attachement à la liberté de presse et d'opinion, renvoie France 24 et l'ensemble des professionnels des médias à leurs responsabilités quant aux choix éditoriaux qu'ils opèrent dans le traitement de l'information sur le terrorisme".
"Dans le noble combat engagé pour libérer notre pays de la barbarie des hordes terroristes et des bandits années, Il prévient qu'il demeurera intransigeant dans la défense des intérêts vitaux de notre peuple contre tous ceux qui joueraient les mégaphones dans l'amplification des actions terroristes et des discours de haine et de division véhiculés par ces groupes armés", a indiqué en conclusion le Porte-parole du gouvernement dans le communiqué.
Pour rappel, RFI, l'autre chaine du groupe public français France Medias Monde (FMM) a été déjà suspendue en décembre dernier par les autorités de transition en l'accusant d'avoir diffusé de fausses informations et d'avoir offert une tribune à des militants islamistes. Des "accusations totalement infondées", selon la chaine française très suivie dans le pays et la sous-région, et qui a déploré une décision "mettant en cause le professionnalisme de ses antennes". Au Mali voisin, pays également dirigé par une junte militaire, les deux médias ont été suspendues depuis des mois dans le sillage de la crise diplomatique entre Paris et Bamako et qui a tout l'air de s'étendre à Paris-Ouagadougou.
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