Guinée: l'ancien président béninois Yayi Boni nommé médiateur de la Cédéao
L'ancien président du Bénin, Thomas Yayi Boni, a été nommé nouveau médiateur de la Cédéao pour la Guinée par les Chefs d'Etat lors de leur 61e sommet ordinaire qui s'est tenu hier dimanche à Accra. Il va désormais s'accorder avec les militaires du CNRD, la junte au pouvoir à Conakry, sur un nouveau délai acceptable par l'organisation pour un retour à l'ordre constitutionnel normal. Les chefs d'Etat ont, en effet, rejeté les 36 mois fixés par les autorités de transition et la Guinée a un mois pour proposer un nouveau calendrier ou se voir imposer des sanctions.
Yayi Boni reprend du service! L'ancien chef de l'Etat béninois a été désigné médiateur de la Cédéao pour la Guinée lors de la 61e session ordinaire des chefs d’État et des gouvernements de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui s’est tenue ce dimanche 3 juillet 2022 à Accra. Il remplace Mohamed Ibn Chambas qui a été récusé par certains acteurs politiques et de la société civile guinéenne. et la mission ne s'annonce pas de tout répit pour l'ancien président du Bénin.
Lors de ce sommet, les Chefs d'Etat n'ont certes pas pris de sanctions contre la Guinée qui reste toutefois suspendue des instances de la Cédéao. L'organisation a plutôt donné un sursis aux autorités de transition qui ont un mois pour présenter un nouveau chronogramme pour un retour à l'ordre constitutionnel normal. Autrement, le pays se verra imposer des sanctions et c'est là où Yayi Boni est attendu pour aplanir les divergences.
Jusque-là, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), la junte militaire au pouvoir depuis le 5 septembre dernier avec le coup d'Etat contre le régime d'Alpha Condé, s'est montrée peu encline à se conformer aux desideratas de l'organisation sous-régionale. La junte dirigée par Mamadi Doumbouya a même assez trainé avant d'accepter une médiation extérieure, estimant que "ce n'était pas nécessaire".
Ces derniers temps, les autorités de transition ont donné certains gages de bonne foi. Le dialogue politique a débuté et un chronogramme électoral de trente-neufs (39) mois a été élaboré pour la fin de la transition. Ce qui a évidemment été rejeté par les Chefs d'Etat de la Cédéao qui l'ont trouvé "trop long". Les autorités de transition vont donc devoir proposer un nouveau calendrier "plus acceptable" par la Cédéao et elles ont un mois, celui de juillet, pour le faire.
La médiation de Thomas Yayi Boni s'annonce aussi chargé de risques au regard du climat politique qui prévaut dans le pays. Le processus de transition inquiète plusieurs acteurs politiques et de la société civile comme en témoigne la déclaration de la coalition des partis politiques et des associations de la société civile, le Front nationale pour la défense de la constitution(FNDC) qui s'est insurgé contre la conduite de la transition par les militaires.
Les menaces des sanctions feront-ils plier le colonel Doumbouya et sa junte? C'est là la grande question d'autant qu'à Conakry, l'incertitude commence à amplifier les tensions politiques et les poursuites engagées contre plusieurs acteurs politiques de premier plan, notamment l'ancien premier ministre Celou Dalein Diallo, n'est pas sans arranger les choses.
L'espoir donc est entre les mains de Yayi Boni dont la mission n'est certes pas impossible mais s'annonce compliquée.
A.Y.B (actuniger.com)
Commentaires