Mali: la Minusma annonce une enquête sur les évènements de Moura
Dans un communiqué publié hier jeudi, la Minusma a indiqué qu'elle va enquêter afin de faire toute la lumière sur les allégations de violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire à Moura, où entre 200 et 300 personnes ont été tuées fin mars dernier lors d'une opération anti-terroriste des Forces armées maliennes (FAMA) appuyées par des partenaires étrangers. "Un massacre de civils" selon plusieurs organisations internationales de défense des droits de l'homme, ce que réfutent les autorités maliennes qui ont également annoncé l'ouverture d'une enquête par le parquet militaire.
Dans son communiqué, la MINUSMA a réitéré "sa profonde préoccupation face aux allégations de violations graves des droits de l’Homme et du droit international humanitaire au cours d’une opération anti-terroriste menée du 27 au 31 mars par les Forces armées maliennes dans le village de Moura, Cercle de Djenné, dans le centre du pays". À cet égard, poursuit le communiqué, "elle relève la décision des autorités maliennes d’ouvrir une enquête pour établir les faits".
"La MINUSMA a formellement ouvert une enquête depuis le 29 mars en application de son mandat sur les droits de l’homme et en soutien aux efforts visant à établir les faits. Elle en a informé les autorités maliennes. Conformément aux procédures établies depuis son déploiement, la Mission a entrepris des démarches auprès des autorités pour obtenir un accès aérien à Moura, une localité où la MINUSMA n’a jamais entrepris d’opération et qui est extrêmement difficile d’accès".
Allégations de massacre de civils
En début de ce mois, les Forces armées maliennes (FAMa) ont annoncé avoir tué 203 terroristes et interpellé de dizaines d'autres lors d'une opération qui a été menée du 27 au 31 mars dernier dans le village de Moura, Cercle de Djenné, dans le centre du pays. L'opération a aussi permis de détruire des motos et de saisir des armes et d'autres matériels.
Il y a une semaine, des organisations internationales de défense des droits humains comme Human Right Watch (HRW) et Amnesty International ont remis en cause cette version de l'armée malienne en avançant, sur la base des témoignages qu'elles affirment avoir recueillis de sources sur place, qu'il s'agit plutôt "d'un massacre de civils" de grande ampleur. Ce qu'ont évidement réfuté les autorités maliennes.
Dans une déclaration le 1er avril, l'Etat-major de l'armée malienne a confirmé que les forces armées avaient mené une opération militaire "de grande envergure" dans la zone de Moura du 23 au 31 mars. La déclaration a indiqué qu’à l'issue de cette opération, 203 combattants de « groupes armés terroristes » ont été tués et 51 personnes arrêtées. Dans une déclaration du 5 avril, l'Etat-major de l'armée malienne a nié son implication dans des violations des droits de l'homme à Moura avant de réitérer son engagement en faveur du respect des droits de l'homme et du droit international humanitaire dans le cadre de ses opérations militaires.
Suite à la pression internationale appuyée par une forte médiatisation des évènements ainsi que l'appel de la Commission nationale des droits de l'homme (CNDH) malienne, la justice militaire malienne a aussi annoncé, cette semaine, l'ouverture d'une enquête pour faire la lumière sur ces allégations.
Ikali Dan Hadiza (actuniger.com)
Commentaires