Sahel : nouvelle tournée d’Angela Merkel sur fond d’amplification des menaces sécuritaires
La chancelière allemande Angela Merkel effectuera, du 1er au 3 mai, une tournée dans trois pays du Sahel. Au Burkina, elle assistera à un sommet extraordinaire des chefs d’Etat du G5 Sahel avant de se rendre par la suite au Mali et au Niger. Au menu de cette nouvelle tournée, la lutte contre la migration clandestine, le développement et surtout les questions sécuritaires alors que la sous-région fait de nouveau face à une amplification des attaques terroristes.
Angela Merkel est de retour en Afrique de l'ouest. Après sa tournée d'août 2018 qui l'a conduite au Sénégal, au Ghana et au Nigeria où il était plus question de business, cette fois la chancelière allemande se rendra au Sahel où il sera question de sécurité. Selon un communiqué de son cabinet publié lundi 29 avril, cette visite d'Angela Merkel vise à « exprimer l'engagement de l'Allemagne en faveur de la stabilité et de la coopération pour le développement dans la région et pour soutenir la lutte de ces pays contre l'extrémisme ».
Attendue le mercredi 1er mai à Ouagadougou, elle assistera à un sommet extraordinaire des chefs d'Etat du G5 Sahel avec son homologue le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré, président en exercice du G5 Sahel, avec qui elle aura également un entretien en tête à tête. Les deux chefs d'Etat se sont entretenus déjà à plusieurs reprises notamment lors des visites officielles effectuées par le président Roch Kaboré en mars 2017 et en février 2019.
Le jeudi 2 mai dans la matinée, Angela Merkel aura des échanges directs avec les étudiants de l'Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, où elle déclinera « sa vision sur l'avenir du continent ». Selon la présidence burkinabé, il s'agit de la toute première visite d'un chancelier allemand dans le pays, bien que la coopération entre Ouagadougou et Berlin date de 1961. Elle porte sur plusieurs domaines notamment l'agriculture et la gestion des ressources naturelles, l'hydraulique urbaine et rurale, la décentralisation et le développement local, et enfin le genre comme domaines d'interventions prioritaires.
Au cours du sommet extraordinaire du G5 Sahel de ce mercredi 1er mai, qui regroupera les cinq chefs d'Etat de l'organisation, il sera question de la lutte contre le terrorisme, et de l'opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel. « Les échanges vont également porter sur la problématique du développement dans les pays du G5, qui affichent l'ambition de faire du Sahel un espace intégré de développement et de sécurité », a annoncé la présidence burkinabé.
Sécurité et développement
Le jeudi 2 mai, Angela Merkel mettra le cap sur le Mali où elle sera reçue par le président Ibrahim Boubacar Keita (IBK) avant de visiter également des soldats allemands en poste au Mali dans le cadre de la Mission de maintien de la paix des Nations unies (Minusma). La chancelière allemande rencontrera également des membres de la société civile avant de participer par la suite à une discussion avec des étudiantes à Bamako. Le vendredi 3 mai, Angela Merkel bouclera sa visite au Niger, qui abrite une base militaire allemande à Niamey. Après un entretien avec le président Issoufou Mahamadou, elle visitera le chantier de construction d'un refuge pour femmes financé par l'Allemagne.
La chancelière allemande s'était déjà rendue à Bamako et à Niamey en octobre 2016 alors que les pays sahéliens étaient confrontés à l'amplification des menaces sécuritaires et à un afflux des migrants illégaux en route pour l'Europe. Des menaces toujours ambiantes dans les pays du G5 Sahel qui malgré la création d'une force militaire conjointe depuis cinq ans, n'arrivent pas à contenir les attaques des groupes terroristes.
Par manque de moyens financiers, la force conjointe du G5 Sahel n'est toujours pas opérationnelle malgré les promesses faites par les pays européens et d'autres partenaires comme les USA, la Russie, la Chine, la Turquie ainsi que les pays du Golfe. La situation sécuritaire reste toujours préoccupante dans la bande sahélienne et la menace qui a engendré des conflits intercommunautaires notamment au Burkina et au Mali, est en train de s'étendre aux autres pays voisins de l'Afrique de l'ouest.
Depuis 2017, l'Allemagne a fait de l'Afrique une de ses priorités avec un rehaussement de son aide bilatérale à travers le fameux « Plan Merkel » et l'initiative portée par la chancelière allemande au niveau du G20, le « Compact with Africa». L'Allemagne intervient en Afrique et surtout dans la sous-région avec ses différentes agences de financement du développement, la GIZ, la DEG et la KfW. Au Mali, l'armée allemande dispose d'un contingent de 650 soldats au sein de la Minusma et la Bundeswehr participe également avec les autres pays européens à la formation des soldats maliens.
Aboubacar Yacouba Barma
La Tribune Afrique
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