Édouard Philippe : « Aucune taxe ne mérite de mettre en danger l'unité de la nation »
Après des semaines de bras de fer avec les Gilets jaunes, le Premier ministre a annoncé la suspension de la hausse de la fiscalité sur le carburant pour six mois. Quant aux tarifs du gaz et de l'électricité, "ils n'augmenteront pas durant l'hiver".
Le gouvernement a fini par changer de cap : les trois mesures fiscales qui devaient entrer en vigueur le 1er janvier prochain, dont la hausse de la taxe carbone sur l'essence, le fioul et le diesel à l'origine du mouvement des Gilets jaunes, sont suspendues. Sont également concernées par ce gel, la convergence de la fiscalité du diesel avec celle de l'essence, ainsi que la hausse du gazole pour les professionnels. Ce moratoire prévu pour une durée de six mois marque un net recul du gouvernement.
Depuis le début du mouvement, 4 de nos compatriotes ont trouvé la mort. Plusieurs centaines de citoyens, en particulier des membres des forces de l’ordre, ont été blessés. Des menaces et des insultes s’expriment sans retenue. Cela ne ressemble pas à ce que nous voulons être.
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) 4 décembre 2018
Après avoir entendu cette demande exprimée par tous mes interlocuteurs au cours des consultations de ces derniers jours, je suspends, pour une durée de 6 mois, ces mesures fiscales :
"Si l'État doit rester fort et ferme, il est d'abord le garant de la paix publique. Fixer le cap et le tenir est une nécessité pour gouverner la France, mais aucune taxe ne mérite de mettre en danger l'unité de la nation", a déclaré mardi 4 décembre le chef du gouvernement Édouard Philippe lors d'une allocution télévisée de dix minutes à Matignon. Son intervention a lieu trois jours après des violences à Paris en marge d'une manifestation.
"Depuis le début du mouvement, quatre de nos compatriotes ont trouvé la mort, plusieurs centaines de citoyens, en particulier des membres de nos forces de l'ordre, ont été blessés, parfois gravement", a-t-il souligné pour justifier cette volonté d'"apaisement".
Concertation du 15 décembre au 1er mars
Ces mesures "ne s'appliqueront pas avant d'être débattues avant toutes les parties prenantes", a prévenu Édouard Philippe. "Nous voulons dans ce laps de temps identifier et mettre en œuvre des mesures d'accompagnement justes et efficaces. Si nous ne les trouvons pas, nous en tirerons les conséquences."
La concertation locale sur la transition annoncée par l'exécutif face à la crise des Gilets jaunes se tiendra du 15 décembre au 1er mars, a annoncé le Premier ministre mardi, en se disant "prêt" à "améliorer" et "compléter" les "mesures d'apaisement" dévoilées par l'exécutif.
J’ai entendu l’inquiétude sur les modalités du contrôle technique, qui le compliquent et le rendent plus cher. Là aussi, je suspends cette mesure, pour une durée de 6 mois, pour trouver les justes adaptations.
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) 4 décembre 2018
Ni les tarifs de l’électricité, ni ceux du gaz n’augmenteront durant la concertation et donc durant l’hiver qui s’annonce.
"Le gouvernement a fait des propositions. Peut-être sont-elles insuffisantes, ou inadaptées. Les solutions doivent être différentes dans les grandes villes et les campagnes. Parlons-en, améliorons-les. Complétons-les. J'y suis prêt", a affirmé le chef du gouvernement.
Critiquées par les Gilets jaunes, les nouvelles modalités du contrôle technique des véhicules seront elles aussi suspendues pour six mois. Les tarifs de l'électricité et du gaz n'augmenteront pas "durant la concertation, et donc pas durant l'hiver qui s'annonce", a ajouté le Premier ministre, évoquant une "prime mobilité" qui sera étudiée pendant la concertation.
Avec AFP et Reuters
Commentaires