Niger: La transhumance politique a des beaux restes
Sur Télé Sahel, ce week-end, c'était des séances de jubilation, de "farotements" et de proclamations tous azimuts. C'était la joie et la réminiscence pour les nouveaux convertis, qui bénéficiaient à cette occasion de l'onction du "maître" supérieur. Par délégation. Le Niger vivait, dans le Zarmaganda ce week-end, une de ses pathétiques scènes, comme naguère sous le vent du "Renouveau démocratique" ou du "Tazartché".
La "Renaissance" de la transhumance. Ce phénomène a donc de beaux restes au Niger. Dommage. Le Zarmaganda doit-il en rire ou pleurer ? Des images et des discours révoltants et impertinents. Mais entendons-nous bien, ces discours auraient pu être tenus dans n’importe quelle contrée du Niger. Ces images pourraient provenir de n'importe quelle entité du Niger. Parce qu’ aucun parti au Niger n’a jusque-là fermé ses portes à des transhumants dont la seule motivation se résume soit à venir « brouter » soit à se prémunir contre d’éventuelles poursuites judiciaires. Et pourtant c’est notre démocratie qui prend un coup sérieux dans son « vécu », dans son évolution, les partis politiques étant obsédés par le strict et unique réflexe de massification, laissant en rade l’éthique. A sa décharge, il ne faut donc pas en vouloir seulement au PNDS d’avoir accueilli de nouveaux « guérilléros », quasiment tous ceux qui ont dirigé l’ont pratiqué.
Ce n’est donc pas nouveau. Il reste que cette transhumance politique, standardisée au fil des régimes politiques, fait également le lit à toutes les impunités, à toutes les prédations de deniers publics et à toutes les « mésaventures » que connaît notre pays, ces transhumants n’ayant ni « foi » ni idéologie ni conviction ou valeurs. Ils compromettent l’intérêt général et freinent la bonne marche du pays. On perd ainsi de vue les aspirations du peuple souverain, lesquelles se retrouvent autour de la MORALISATION de la vie politique. La société civile et même les partis politiques auront donc à s’employer pour s'attaquer à cette transhumance politique au cœur de l’Etat, si l’on veut que le Niger « RENAISSE » et prenne la rampe de son développement. Devrions-nous également avoir le courage politique d’attaquer ce vice, de « tuer » cet hydre du mal qui a produit une nouvelle classe bourgeoise au Niger, depuis la démocratisation du pays. Beaucoup de ces « VIP » auront de la peine à apporter la preuve « licite » et légale de leur enrichissement. On sait qu’au Niger ces bourgeois quasi "rentiers" qui narguent le peuple sont partis du « minimum vital » pour se retrouver multimillionnaires voire milliardaires, alors qu’ils ne furent guère héritiers de grosses fortunes et n’ont jamais été gagnant au loto. Et dans quelques mois ce sont ces fortunes illégalement acquises qui financeront, comme par le passé, les luttes politiques pour conquérir ou reconquérir le pouvoir. Pauvre de nous!
Djibril Saidou
Ancien journaliste Dakar-Sénégal
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