Politique politicienne, attention à l’effet boomerang !
« La Gloire, c’est moins vulgaire que la célébrité » disait Régis Debray. Dans un monde globalisé, l’horizon confortable que représentait l’Etat-Nation a perdu de sa netteté. Désormais, gouverner c’est savoir, c’est connaître. Seuls ceux qui possèdent la science utile à la compréhension d’un monde devenu multiple et contradictoire semblent en mesure de poser sur lui un regard informé.
La politique, dans sa fonction première de construction de l’avenir désirable ou, à défaut, concevable, tend à céder la place à l’économie et à ses déterminismes sanctuarisés ainsi qu’au droit. Les acteurs changent. Le pouvoir n’est plus là où l’on avait coutume de le chercher. Il cesse de plus en plus d’être identifiable au travers de la figure du prince, du guerrier ou du peuple. Il n’a pas disparu, loin de là, mais sa représentation symbolique s’est perdue en même temps que sa légitimité. Reste l’inquiétude sourde que continue de susciter sa présence éclatée, d’autant moins supportable que son visage se trouble et que sa puissance paraît ne plus connaître des limites.
Au Niger, comme dans beaucoup de pays Africains, au lendemain de la Conférence nationale Souveraine, le temps n’était plus aux ardeurs révolutionnaires destinées à bousculer l’ordre existant, mais à l’apprentissage d’une capacité de gestion de l’acquis, dans un souci plus ou moins affiché de l’améliorer. Plus de rêve de grand soir, simplement la volonté, pour ceux que le suffrage populaire avait choisis, de démontrer leur capacité à gérer. Une classe politique s’est progressivement installée, armée de ses certitudes, entourée de ses experts, éloignée du peuple comme des agitations idéologiques globalement convaincue que le modèle démocratique offre la meilleure méthode concurrentielle de sélection des élites. Quel sens conserve aujourd’hui l’idée de gouvernement, d’administration des hommes inscrite dans une profondeur temporelle qui ne devrait ignorer ni les leçons de l’Histoire, ni la nécessité de préparer l’avenir ? La fissuration du cadre étatique s’est prolongée d’une remise en cause de la capacité de la puissance publique à être perçue comme pourvoyeuse de sociabilité et comme actrice d’une égalisation des chances. Ce qui participe de la vertu dont Machiavel nous enseigne sur l’art de gouverner dont on pensait pourtant dépassée. Aux hommes d’une conviction auraient succédé les hommes d’une génération.
Celle-ci est au Niger soumise à une forte tentation. Cette dernière peut venir, à défaut de tenir ces promesses, de vouloir utiliser les moyens publics, au profit des médias, des agences de communications, de certains compagnons d’infortune pour faire campagne, et faire tenter tant bien que mal de vanter les actions positives des uns et des autres lorsqu’ils accèdent au pouvoir. Ainsi, on peut tout bonnement tenter de poser une empreinte indélébile, faisant croire à une politique en faveur du culte de la personnalité. C’est dans ce cadre que, tout au long des sept Républiques et des différents régimes qui se sont succédés, des crises politiques, économiques et institutionnelles ont bouleversé la marche démocratique de notre pays. Depuis, les querelles politiques prennent place et deviennent un obstacle majeur pour le développement. Opposition et majorité, avec des alliances plus souvent contre nature et débiles, chacune dans une logique de déstabilisation de l’adversaire, ce, quels soient les moyens, relègue au second rang, ce qu’il convient d’appeler l’intérêt supérieur, c'est-à-dire l’intérêt général, pour lequel chacun prétend faire de la politique. Alors, chers amis politiques, Attention à l’effet boomerang !
Amicalement !
Amadou Adamou Bachir