Les contraires s'attirent
Cette phrase pourrait paraître insignifiante et anodine surtout quand cela s'adresse à la classe politique et aux diverses institutions qui gèrent une parcelle de pouvoir. Dans un Etat démocratique comme au Niger où les démembrements forment une Pyramide autour d'une République dont la Constitution régule et garantit le fonctionnement.
Le peuple souverain dicte sa loi à travers son bulletin de vote ; déposé dans l'urne avec des mandats bien précis et bien définis disons ,un cahier de charges ou feuille de route, renouvelables tous les 5 ans pour celui que l'on appelle dans le jargon politique le n°, le Président de la République, Chef de l'Etat seul patron de tout ce qui se trouve sur le Territoire. Elu sur un programme, au suffrage universel et directe, le Chef de l'Exécutif aura comme second dans la hiérarchie, le Chef du Parlement (communément appelé Président de l'Assemblée) lui aussi élu pour 5 ans grâce aux voix des députés qui se coalisent au compte de le Majorité. Nous avons ainsi deux pouvoirs qui se côtoient, se soutiennent et se complètent pour gérer l'Etat avec une séparation qui autorise l'une des parties à mettre en forme la politique du pays et l'autre à préparer les lois pour l'exécution du programme gouvernemental ,tout en contrôlant son action. Les pouvoirs sont aussi tenus responsables de la bonne marche des affaires du pays. Dans tous les cas de figures, il y a obligation de respecter le contrat social qui lie le citoyen électeur au citoyen élu. Même dans une cohabitation comme c'est le cas du Niger depuis que le principal allié, Président de l'Assemblée Nationale de surcroît, a quitté le navire avec armes et bagages se positionnant ainsi comme Opposant. Ce qui a automatiquement changé la donne en imputant, une partie des parlementaires qui sont allés rejoindre la partie adverse dont elle se réclame désormais. En dépit de tout cela, les institutions fonctionnent quand on sait que le pouvoir Exécutif (le Gouvernement a testé ses capacités à gérer malgré la défection de son ancien partenaire, lors du débat dans l'hémicycle de la mise en place de la politique présentée par le Chef du gouvernement.
Le Gouvernement a obtenu une Majorité et les choses continuent comme cela se doit dans un régime démocratique, même si de par et d'autre on décroche des flèches et on se jette des peaux de bananes. Je pense que sans donner de leçons, ce qui n'est d'ailleurs pas mon rôle, nous devons penser d'abord au pays et avoir pitié de nous mêmes en tentant au Sommet de l'Etat d'éviter des dérives qui nous fragiliseraient davantage En politique rien n'est sûr ni acquis d'avance. Tout se confine autour des invérifiables et hypothétiques thèses. II faut s'entourer de prudence et de sagesse parce qu'il s'agit de l'avenir de tout un peuple qui a voté afin d'être dirigé à bon port. En tenant compte de la Constitution, une cohabitation ne doit aucunement affecter, ni détourner la trajectoire qui conduira dans 2 ans au terme de ce mandat dont les 3 sur 5 ont été effectués. Et nous devons garder à l'esprit que, gouverner c'est aussi prendre des coups comme dans le métier de boxeur sur le ring. C’est dur, mais c'est un choix. L’autre raison qui m'autorise à m'exprimer sur ce ton et dans ce sens ,m'a été dictée par les soubresauts et les inutiles dérives que nous avons imprimés à notre pays de la Conférence Nationale Souveraine à ce jour, disons jusqu'au dernier Président démocratiquement élu et qui fut comme tous ses prédécesseurs victime d'un coup d'Etat, remettant à chaque fois les compteurs à zéro. Des dizaines et des dizaines d'années de gâchées entrainant un gâchis incalculable pour un pays qui ne le mérite pas du tout.
Nous demandons à nos dirigeants de continuer à gouverner ainsi jusqu'au terme de leurs mandats parce que ce que j'appelle les contraires s'attirent sont une obligation morale qui permet de ne rien bousculer pour ne pas donner raison à ceux qui, tapis dans l’ombre, prédisent la chute ou d'autres fin de régime. Non, ceux là n'aiment ni le pays et ne s'aiment pas non plus. Nous avons aligné 9 Chefs d'Etat et Présidents sans qu'un seul n'ait pu achever son mandat, 7 Républiques et 4 coups d'Etat .Un triste record quand on sait qu'au sortir de la Conférence Nationale Souveraine qui duré 3 mois et 3 jours, nous avions pris l'engagement de remettre notre pays sur les rails, disons dans la bonne gouvernance .Le pays attend toujours après qu'il ait eu à expérimenter tant de cohabitations, de gouvernements d'alliance, de semi présidentiel et de Présidentiel etc... On prend les mêmes et on rebelote sans qu'aucune lueur n'ait pointé à l'horizon. Et pourtant nous avons tout pour réussir et pourquoi ce qui réussit chez les autres ne le soit chez nous sans problème.
L'année 2016, c'est déjà bientôt et le Niger élira un Nigérien parmi nous ou plutôt parmi les prétendants. C’est une seule place (coujéra gouda, inji haoussawa) et forcément tout le monde n'est pourra pas s'assoir. Ce serait un seul Nigérien ou une seule Nigérienne sur les 16 millions que nous sommes. Je pense que si le régime et pouvoir actuel vont au bout de la logique, iIs rendront leur tablier au prochain avec honneur et dignité. En premier lieu c'est Le Niger qui aura d'abord gagné, ensuite l'actuel Chef de l'Exécutif puis le Président de l'Assemblée en remettant notre pays d'aplomb dans le concert des Etats crédibles. Notre pays ouvrira une autre page de son histoire :celle de la solidarité, de l'entente de la stabilité, du développement et de la bonne gouvernance au profit d'une jeunesse et des plus démunis qui, attendent aussi d'être pris en compte et d'occuper toute leur place de citoyens à part entière .Le pays dispose d'énormes atouts qui n'attendent que d'être exploités pour permettre au peuple d'en profiter pleinement. Je pense que tous les Nigériens et toutes les Nigériennes qui aiment tant leur pays ne demandent pas mieux. Nous devons tous, quelques soient nos sensibilités politiques; notre croyance religieuse et autres dérivés ,de nous donner la main pour conjurer le mal et aider nos hommes politiques et dirigeants à cheminer dans la bonne direction afin d'éviter à notre pays des lendemains difficiles qu'il ne mérite pas.
Le Niger demeure notre seule et grande richesse et nous devons l'entourer de soins car il nous a tout donné tandis que nous lui devons tout. En empruntant des dictons ou des proverbes, je citerai d'abord un qui est tiré d'une de nos plus belles langues nationales, le Djerma qui dit ceci" Gondi ma soubou tcindi, soubou ma corfou tchindi " Ce qui comme le disait feu Général Seiny KOUNTCHE en termes terre à terre ou en termes clairs signifie "Le Serpent tire la paille et la paille tire la corde. Ce qui peut se traduire ainsi "lorsque les choses sont liées il faut aller doucement." Et dans la langue française, il est dit que" Tu me tiens je te tiens par la barbichette «Les deux versions se valent parce que le sort de l'Exécutif est forcément lié à celui du Parlement. Partageant les mêmes valeurs et poursuivant les mêmes objectifs, (c’est à dire travailler pour le peuple) ces deux institutions devraient aller dans la bonne direction. Dans leur intérêt aussi et surtout .Parce que ce serait toujours cette classe politique à une variante près qui sollicitera les suffrages de 2016 également et se partagera la Gestion du pays. Ceci est d'autant plus facile à comprendre que nous sommes à leur merci. Nous devons continuer la réflexion et nous écoutant les uns les autres afin d'enrichir nos contributions pertinentes d'ailleurs.
Tous les Nigériens souhaitent que nous sortions la tête de l'eau pour aussi apporter notre contribution dans l'édification de notre cher Continent qui attend aussi tout de nous tous. Mais faut-il que nous construisons d'abord chez nous avant de remonter au Sommet pour donner un autre visage à notre belle Afrique.
Abdoulaye HASSANE DIALLO Dr en Sciences Politiques, Journaliste et Auteur
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