Sommet France-Afrique :La paix en Afrique ne doit pas se décider à l’Élysée mais à l’Union Africaine !
«A la fin de l'année, j'inviterai l'ensemble des chefs d'Etat africains à Paris pour une réunion qui sera consacrée à la paix et à la sécurité et donc, d'une certaine façon aussi, à la lutte contre le terrorisme », a déclaré le 24 mai à Addis-Abeba le président François Hollande à la veille de l’ouverture des solennités consacrées au Cinquantenaire de la fondation de l’OUA devenue en 2002 UA.
C’est suite à cet engagement, que monsieur Hollande de son propre chef, décide de convoquer, un Sommet à l’Élysée sur la paix et la sécurité en Afrique les 6-7 décembre. Il s’agit du premier Sommet France-Afrique organisé sous François Hollande, c’est d’ailleurs lui-même qui a choisi son thème et décidé de l’organiser à Paris, dans un lieu aussi symbolique que l’Elysée. Comme ses prédécesseurs, le Président français parait ainsi considérer le continent africain comme une zone qui ne doit pas échapper à l’influence de la France.
Dans la tradition des Sommets France-Afrique, la plupart des dictateurs africains du « pré-carré » francophone seront présents. Parmi eux, le tchadien Idriss Déby, au pouvoir depuis 1990, Paul Biya (Cameroun, depuis 1982), Denis Sassou Nguesso (Congo-B, depuis 1979), Blaise Compaoré (Burkina Faso, depuis 1987), sans oublier les héritiers Ali et Faure des régimes Bongo et Gnassingbé au Gabon et au Togo et le président djiboutien Oumar Guelleh. Tous bénéficient du soutien diplomatique, économique (via l’aide publique) et militaire ou policier de la France. Quasiment tous ont été reçus au moins une fois à l’Elysée depuis l’élection de François Hollande. Tous soutiennent la France dans ses nombreuses interventions militaires menées sur le continent africain, où elle dispose toujours de bases militaires et de forces pré-positionnées. En échange de leur soutien à ces interventions, comme celle menée récemment au Mali, ces dictateurs attendent le silence de la France sur leurs exactions. Les démocrates tchadiens, togolais, djiboutiens et Nigériennes ont ainsi subi dans leur chair en 2013 les conséquences diplomatiques du soutien de leurs chefs d’État à l’opération Serval.
Les dictateurs de la Françafrique sont auteurs de nombreuses violations des droits de l’Homme documentés par un grand nombre de rapports émanant d’ONG et organisations internationales. Le soutien de la France à des dictateurs, les ventes d’armes et les nombreuses interventions militaires menées par la France sur le continent africain pour les soutenir (comme au Tchad en 2006 puis 2008) n’ont en rien amélioré la sécurité et les conditions de vie de leurs populations. La situation actuelle en Centrafrique, où la France a installé et/soutenu tous les dictateurs qui se sont succédés, est une des illustrations des conséquences de cette funeste politique. Et lorsque la France prétend intervenir au nom des droits de l’Homme et dans un cadre multilatéral, comme elle l’a fait en Côte d’Ivoire, en Libye ou au Mali, c’est toujours avec des motivations ambiguës, liées à ses intérêts géostratégiques, ce qui conforte la thèse gaulliste selon laquelle « la France n’a pas d’amis mais des intérêts », le général De Gaule affirmant à ces propos, qu’il lui arrive souvent de mentir pour les intérêts de la France.
Il est vrai qu’en politique, le ridicule ne tue pas, sinon comment comprendre l’attitude de monsieur Hollande qui hier encore, en octobre 2012 lors de sa visite au Sénégal, affirmait « Le futur de l'Afrique se bâtira par le renforcement de la capacité des Africains à gérer eux-mêmes les crises africaines ». Cependant, a dit François Hollande à ses collègues africains, la France sera toujours à côté des Africains. Néanmoins, la France renonce au rôle du «gendarme de l’Afrique» qu’on lui reprochait pendant pratiquement toute la période postcoloniale. Elle ne s’ingérera pas dans les affaires intérieures du continent. Les récentes ingérences datent de janvier 2013 au Mali, et c’est relativement à la réussite cette mission que la France s’apprête a déployé des troupes sur le territoire centrafricain, si ce n’est déjà fait. Paris insiste sur la formation dans l’UE des forces permanentes africaines de réaction rapide. Ce problème sera abordé au prochain sommet à l’Elysée. Les leaders des Etats de l’UE ont reçu les invitations exception faite sous tel ou tel prétexte juridique pour les leaders du Soudan, du Zimbabwe, de Guinée-Bissau, de Madagascar, d’Egypte et de Centrafrique proclamés personae non gratae. Mais si c’est de l’Afrique qu’il s’agit pourquoi exclure des chefs dirigeants africains sous le fallacieux prétexte de la démocratie ? Blaise Campaoré, Paul Biya, Denis Sassou Nguesso, Oumar Guelleh sont-ils des démocrates ? alors qu’on ne nous prenne pas pour des imbéciles, nous sommes désormais avertis, seuls ceux qui soutiennent la cause occidentale ce, au gré des faveurs sur des ressources naturelles comme l’uranium, le pétrole, le diamant, l’or, le cacao…sont présentés, adoubés, et soutenus par une France en quête de redressement économique.
C’est donc tous naturellement que certains chefs d’Etats africains, conscients de leur dignité ont choisi de bouder cette rencontre. C’est le cas de Jacob ZUMA de l’Afrique du sud qui estime que cette rencontre n’a pas lieu d’être encore moins à Paris. Quant au Zimbabwéen Robert MUGABE, il n’a pas jugé utile de répondre à l’invitation au complot.
C’est conscient de cette situation u’un sommet sur la paix et la sécurité en Afrique ne doit pas se tenir à l’initiative et sur le sol d’une ex-puissance coloniale caractérisée par son ingérence sur le continent et en présence de dictateurs qui y ruinent tout espoir de paix. Ainsi nous demandons :
L’annulation de ce sommet
- La fin du soutien diplomatique, économique, militaire, policier et des ventes d’armes aux régimes répressifs
- La suppression des bases militaires françaises en Afrique
Depuis une vingtaine d’années, des représentants de la société civile française et africaine ont pris l’habitude de réagir et d’organiser en contre-point des sommets France-Afrique des temps d’échange, de revendication et de mobilisation. Nos organisations (Premiers signataires : Survie, Afriques en lutte, La Fédération des Congolais de la Diaspora (FCD), Sortir du Colonialisme, L’Union des Populations du Cameroun, AFASPA, Ca suffit comme ça Gabon, PLateforme pour la solidarité avec le peuple du Saharo occidental, CORELSO, PCOF, AFAPREDESA, le Niger en marche…) proposent aux citoyens et aux organisations de se rassembler le Jeudi 5 décembre prochain à 18H, Place de la République, sous le mot d’ordre ci-dessus.
M. AMADOU ADAMOU Bachir
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