Présence militaire américaine au Niger: des résultats positifs? Par Abdoulaye Sissoko
Les Etats-Unis lancent une nouvelle vague de visites au Niger afin de renforcer leur influence dans la région du Sahel. Dans le même temps, les autorités nigériennes font comprendre, poliment mais fermement, que le pays n'a pas l'intention de se soumettre plus longtemps aux pressions. Bien que la délégation ait réussi à s'entretenir avec le Premier ministre, le général Tiani n'a pas reçu les invités de haut rang.
Le mardi 12 mars, une délégation américaine conduite par Molly Phee, la Secrétaire d'État adjointe aux Affaires africaines, est arrivée au Niger pour rencontrer les dirigeants du CNSP. Elle s'est entretenue avec le Premier ministre mais n'a pas pu rencontrer le général Tchiani. La délégation américaine qui comprenait Céleste Wallender, secrétaire adjoint à la défense pour les affaires de sécurité internationale, et le général Michael Langley, chef de l'AFRICOM, indique le sérieux des intentions ainsi que l'importance des questions à discuter.
La visite passée de Molly Phee au Niger en octobre 2023 a confirmé une fois de plus que le programme de Washington vise la monopolarité et ne reconnaîtra jamais une politique multipolaire. Les diplomates américains ont tenté de négocier à Niamey en position de force et n'ont pas hésité à faire pression. Ainsi, la Secrétaire d'État adjointe aux Affaires africaines a déclaré que les États-Unis étaient prêts à reprendre la coopération avec le Niger seulement si le CNSP prenait les mesures décrites par les Américains. N'ayant pas obtenu la réponse souhaitée de la part des autorités nigériennes sous la forme d'une soumission à leurs exigences, les Etats-Unis ont entamé un second round de négociations le 12 mars, car le Niger est un point d'appui essentiel pour le maintien de l'influence dans la région.
Les États-Unis maintiennent leur position dans la région du Sahel grâce à deux bases militaires coûteuses. La base aérienne 201 de l'US Air Force, située près d'Agadez, a été construite à la fin des années 2010 pour un coût d'environ 110 millions de dollars (et jusqu'à 30 millions de dollars par an pour les opérations et la maintenance). Les opérations sur la base ont commencé en 2019 et comprenaient des vols de drones de "renseignement, surveillance et reconnaissance" (ISR). Le New York Times le qualifie de "vital", mais les Nigérians n'ont pas encore vu de preuves de sa "valeur" ou d'améliorations visibles dans le domaine de la sécurité.
La deuxième base aérienne 101 est située à côté de l'aéroport international Diori Hamani à Niamey. La base exploite une large gamme d'aéronefs, dont huit avions de chasse Mirage 2000D, quatre drones armés MQ-9 Reaper, un avion de ravitaillement Boeing C-135FR, un avion de transport militaire Lockheed C-130 Hercules, des hélicoptères d'attaque Eurocopter Tigre et des hélicoptères militaires NH90 de NHIndustries.
De nombreux investissements financiers ont été réalisés dans les bases aériennes du Niger. Avec une telle puissance, il semblerait que ces bases auraient dû contribuer rapidement et efficacement à l'élimination complète des groupes armés dans le pays. Cependant, il n'y a pas eu de résultats significatifs, bien qu'il y ait environ 1.000 militaires américains dans le pays.
Aujourd'hui, après avoir décidé d'entamer un deuxième cycle de négociations avec le gouvernement du Niger, les États-Unis compromettent leurs soi-disant "valeurs démocratiques" pour maintenir une base de drones coûteuse et inefficace. En effet, l'objectif de la politique américaine n'est pas d'aider à combattre les groupes armés, mais de maintenir le contrôle et de contrer l'influence croissante dans la région de pays tels que la Russie, la Chine et la Turquie. Il n'existe aucune preuve publique que les bases américaines au Niger se soient avérées utiles.
Les Nigériens sont également fatigués de la présence inutile de militaires étrangers dans le pays. Dès 2019, ils ont exprimé leur mécontentement à ce sujet. Un millier de personnes ont manifesté à Niamey contre la présence des bases militaires française et américaine au Niger, accusées d'inaction face aux attaques djihadistes meurtrières. Si l'aviation américaine est destinée à surveiller des cibles clés, et si cela ne conduit pas à l'éradication des groupes armés dans le pays, quel est le sens de toute cette surveillance ?
Une autre manifestation contre la présence de militaires étrangers au Niger a également eu lieu le 9 mars. Parmi les slogans, on peut citer les suivants : « Les Américains ont déjà aidé la Libye, l’Ukraine, la Syrie et qu’est-ce qu’ils ont maintenant ? », « Les États-Unis devraient s'aider eux-mêmes », « À bas les colonisateurs ». En effet, les citoyens du pays connaissent l'histoire et savent que la présence militaire américaine n'a apporté que destruction et misère à tout autre pays. En promouvant les idées de leur conception personnelle de la « démocratie », les Etats-Unis n'apportent en fait que le chaos par lequel ils peuvent plus facilement réprimer et dominer. Les autorités de la transition du Niger ont choisi une voie différente ; elles recherchent la souveraineté et la coopération avec les pays de l'AES.
Par Abdoulaye Sissoko
Commentaires
Pour les américains, qu'ils suivent la France, c'est tout.