La France a-t-elle peur des panafricainistes ? (Par S. M. Djibo)
Franklin Nyamsi, un professeur agrégé de philosophie, d’origine camerounaise a annoncé le 25 mars dans une publication sur son compte Twitter qu’il avait été sanctionné par le ministère français de l’Éducation nationale en raison de ses critiques de la politique africaine de la France.
« Chères et Chers Internautes Citoyens, j‘ai reçu ce jour même notification d’une sanction disciplinaire de suspension temporaire de trois (03) mois de mes fonctions professorales en France par le ministre de l’Éducation nationale Pap N’diaye », a déclaré Franklin Nyamsi.
Rappelons que Franklin Nyamsi est un écrivain, intellectuel politique et professeur de philosophie ivoirien et français d’origine camerounaise. Il a commencé sa carrière par deux années d’enseignement à Douala entre 1993 et 1995. Il se rend ensuite en Côte d’Ivoire où il enseigne dans des lycées et collèges de la région d’Abidjan et jusqu’à Sikensi. Devenu français, il est reçu au concours de l’Agrégation de philosophie en 2003 et commence une carrière d’enseignant à Nantes. Il fait partie en 2021 des effectifs de l’académie de Rouen. Il était un conseiller spécial de Guillaume Soro. Aujourd’hui, il est professeur agrégé de philosophie en France et est consultant sur l’actualité politique en Afrique.
Interrogé par l’agence Sputnik, le professeur de philosophie souhaite contester la mesure disciplinaire devant les tribunaux et peut être disposé à intenter une action en justice auprès de la Cour européenne des droits de l'homme.
« Depuis 2021, ça fait bientôt trois ans que je suis défendu par un collectif d'avocats et qu'il a été décidé que nous intervenions auprès des tribunaux, toutes les actions nécessaires pour faire suspendre, pour dénoncer, pour s'opposer à cette décision, nous sommes prêts à aller jusqu'à la Cour européenne s'il le faut », assure-t-il.
Dans le même discours, la chaine parlementaire française LCP a annulé un entretien avec l’influenceur « décolonial » franco-béninois, Kemi Seba. La Chaîne Parlementaire a décidé au dernier moment de ne pas diffuser l’entretien qu’elle a réalisé avec le militant politique franco béninois suite à des « discussions » avec le député Renaissance, Thomas Gassilloud, également président de la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale.
Mais comment expliquer cette déprogrammation ? Kemi Seba, qui dénonce notamment le « néo-colonialisme » des puissances occidentales en Afrique, « n’est pas un simple militant politique », a souligné Thomas Gassilloud, accusant l’intéressé d’être un « relais de la propagande russe » et de servir « une puissance étrangère qui alimente le sentiment anti-français ».
Kemi Seba, également président de l’ONG Urgences Panafricanistes, est persuadé que cette mesure n’est qu’une censure politique des autorités françaises.
La liberté d’expression est de plus en plus menacée au milieu des activistes africains militant pour la souveraineté totale des pays africains ainsi que l’abandonne des pratiques néocoloniaux de l’Occident.
Par S. M. Djibo