Wagner en Afrique : les chefs d’État de plus en plus réticents (Par Omar sylla)

Alors que la présence de Wagner en Afrique ne fait plus aucun doute, de plus en plus de chefs d’États montent au créneau pour dénoncer cette présence coûteuse, aussi bien en pertes humaines que matérielles. Loin du froid sibérien, c’est dans la chaleur africaine que la société militaire privée russe de Wagner compte s’étendre. Mais, une hésitation est perceptible sur le continent où de plus en plus de chefs d’États dénoncent ce groupe. C’est le cas du Président algérien Abdelmadjid Tebboune qui, sans citer le groupe russe Wagner, a estimé que « l'argent que coûte cette présence [au Mali, NDLR] serait mieux placé et plus utile s'il allait dans le développement du Sahel ».

En effet, les chiffres parlent d’eux-mêmes : Wagner coûterait 6 184 773 000 FCFA tous les mois au Mali à l’heure où les populations les plus vulnérables connaissent la misère. Si cette présence aidait le pays à vaincre le terrorisme, il serait possible de justifier ces sommes astronomiques sans grands efforts. Or, il n’en est rien. Au contraire, les djihadistes semblent plutôt gagner du terrain depuis l’arrivée des mercenaires.

En plus du Président algérien, le Président ghanéen s’est insurgé à son tour de la présence de Wagner au Sahel, notamment au Burkina-Faso. Selon le chef de l’État ghanéen, « les mercenaires russes sont à la frontière nord » du Ghana, ce qui est « particulièrement inquiétant ». Il avait déclaré, lors d'une entrevue aux États-Unis avec le secrétaire d’État américain, Antony Blinken : « le Burkina Faso a désormais conclu un arrangement pour, comme le Mali, employer des forces de Wagner. Je crois qu'une mine dans le sud du Burkina leur a été allouée comme une forme de paiement pour leurs services ».

Coûteuse, inefficace, non respectueuse des droits de l’Homme et du droit international humanitaire, la présence de Wagner en Afrique ne fait que plonger le continent dans un gouffre duquel il risque d’avoir du mal à sortir.

En outre, les États-Unis ont décidé de qualifier la société militaire privée d'organisation criminelle transnationale, a annoncé John Kirby, coordinateur des communications stratégiques du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche. Il a déclaré vendredi lors d’un point de presse que « le ministère des Finances qualifie Wagner d'organisation criminelle transnationale très importante conformément au décret 13581 et aux amendements qui y ont été apportés. En nous basant sur cette qualification, nous décréterons la semaine prochaine des sanctions supplémentaires contre Wagner et son système de soutien sur plusieurs continents ».

Il reste à savoir si le continent, dans son ensemble, entend coopérer avec une organisation comme celle-ci, ou miser davantage sur le renforcement de ses armées et moyens de défense avec des solutions locales.

Omar sylla