Il était une fois, Alpha Condé prédisait la mort de l’opposition politique (Par Moussa Diabate)
Élu en 2010 avec des conditions criardes, une crise née du fait de l’inexpérience des commis de l’État remodelés en politiciens du jour. Alpha Condé a souffert de l’environnement politique guinéen, instantanément alimenté par le repli identitaire et des guerres de positionnement des monstres qui surgissent dans le clair-obscur s’alimentant du désir de l’interrègne. L’homme qui disait que le poisson pourrit par la tête a fini par se remodeler dans le moule d’une realpolitik au scrupule malsain. Il gouverne avec les hommes et les femmes de l’ancien régime.
Alpha Condé a l’obligation de laisser à la Guinée une opposition patriote
Se réclamant d’une lutte de 40 ans de démocratie, le leader du RPG n’en cache pas son amertume de voir sur le ring politique une opposition qui le combattait hier. Des coups bas, des stratagèmes politiques, Alpha Condé a fini par mettre l’opposition à l’agonie. Durant dix ans, une partie du pays s’est érigée en zone de non-droit, les militants de l’opposition donnent la perception d’un pays instable – mais de surcroît tout cela n’arrête pas l’avancée inexorable de la Guinée vers son émergence. Les barrages hydroélectriques sortent de terre. Des vastes chantiers routiers sont en cours de réalisation, l’actuel dirigeant guinéen rimerait vers la gouvernance rwandaise : se passer à merveille des éloges démocratiques, par contre, répondre les aspirations du peuple. En quelque sorte, c’est la signification que donnent les deux mandats d’Alpha Condé depuis qu’il est à la tête de la Guinée.
Gouverner autrement, Alpha Condé doit donner l’opportunité aux technocrates afin de garantir la bonne administration publique !
Au-delà des guéguerres politiques interminables et du bilan actuel de sa gouvernance, Alpha Condé doit donner la chance aux jeunes cadres, aux technocrates acquis à sa cause. C’est maintenant la renaissance d’une Guinée est possible, et celle-ci suppose la création d’une nouvelle représentation politique et administrative faisant émerger des cadres techniques et moins corrompus. Dans cette perspective, il peut même nommer un Premier ministre qui transcende les clivages du moment, celui-ci formera un gouvernement à l’aspiration du peuple. Mais le handicap est que certains de ses proches gardent la posture de l’homme indispensable qu’il faut mettre fin. C’est comme disait Antonio Gramsci : « le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur, surgissent les monstres ». Nous souhaitons qu’Alpha Condé mette fin à la posture de l’homme indispensable au sein de son système.
Moussa Diabate, journaliste