Lettre ouverte à son Excellence Brigi Rafini Premier ministre du Niger

Monsieur le Premier ministre,

Nous sommes dans une République,

Nous sommes aussi dans un régime semi-présidentiel, permettez-moi de le rappeler

Nous sommes dans une république et non pas dans un jardin d’enfant, comme nous y sommes le peuple nigérien avait souhaité que nous soyons dans un régime qui vous confère tous les droits même ceux que nous ignorons.

Oui ceux que nous ignorons parce qu’il existe un droit qui est fait pour la plus haute classe de ce pays lorsqu’au même moment une autre relecture donne lieu à un deuxième pour la basse classe et la moyenne par la même occasion. Nous avons des valeurs à respecter comme des principes à défendre même lorsque le plus intime de nous ou l’un quelconque d’entre nous faute, non pas pour le rabaisser mais pour le conformer. A quoi ? Mais aux lois et aux principes fondamentaux que nous nous sommes nous-mêmes donnés. Toutefois, j’attire votre attention sur l’importance des charges qui pèsent sur vos épaules, loin de moi l’idée de m’ériger en donneur de leçons, je n’ai jamais aimé la posture où un fils guide le père néanmoins quand cela m’arrive je le fais mais dans la plus grande sympathie surtout lorsque l’estime et la grandeur auraient été des substantifs qui avaient de sens en vous hier et aujourd’hui mais sur lesquels j’en doute pour demain. J’aimerai par cette lettre ouverte, Monsieur le Premier Ministre vous rappeler un certain nombre de points ceux-là que vous ne devez jamais oublier même lorsque un Issoufou Mahamadou vous tape sur la tête. Alors, chez nous quand on est décidé de faire de vous un roi les notables comme les résidents s’arrangent pour que l’intronisation réussisse et que la mission pour laquelle on est investi le ROI y parvient du moins qu’il peut. Sauf que pour y arriver la tradition de l’homme nous exige de se confesser comme de faire un serment. Vous aviez à la veille de votre prise de fonction prêté serment de servir loyalement ce pays, de protéger ainsi que de défendre et de faire  faire ainsi ce devoir. Mais aujourd’hui je regrette de vous voir trainer dans une posture qui n’aurait jamais dû être la vôtres pour deux raisons essentielles : Dans un pays des hommes, dans une République d’un peuple régie par un régime de type semi-présidentiel on est chef pas subalterne, on est grand pas celui qui écoute, on est donneur d’injonction pas celui qui la subi, on est enfin premier ministre pas le président d’un parti comme on est le numéro deux(2) pas non plus un quelconque ministre de finance qui peut l’être sur votre instruction. Oui ! Vous être premier ministre du Niger nous ne vous l’avions pas donné ce titre il vous a été donné bien avant notre existence et la vôtre aussi pour que vous le soyez. Mais que je m’indigne de vous voir tellement silencieux et tellement mou que vous vous laissez marcher dessus par un certain nombre de vos ministres qui à la longue je me demande qui donne des ordres à qui ? Je m’indigne encore plus lorsque je vous vois démissionner de tous les secteurs sociaux , structures et moyens de cohésions dans notre pays afin de confirmer à moi et à tout autre nigérien qu’être nommé c’est être aux bottes de celui qui nomme et non pas pour celui-là pour qui vous êtes nommés Monsieur le premier Ministre. Face à un dossier aussi sensible qu’il fut, l’éducation et la santé sont devenus un clivage de désaccord, un cataclysme devant lequel vous n’avez choisi d’être celui qui donne des solutions mais plutôt celui qui crée les sources du problème par votre résignation au courage et à la détermination d’y mettre un terme. Ne laissez pas le leadership agité et mal entretenu de Hama Amadou à son temps voiler la grandeur de l’homme et de l’âme qui vous ont toujours distingués parce je le crois comme plus d’un nigérien le confirmera ici. Ne vous laissez pas traduire au procès de la mauvaise foi, parce que la politique était un destin circonstanciel qui vous a fait sortir du sable du désert pour vous faire entendre et écouter aussi bien dans l’Aïr que dans les plus grands orgues de manga comme de partout où l’histoire retiendra de vous l’homme qui a dirigé le gouvernement du Niger depuis plus de six ans. Etre touareg c’est aussi être un dur à cuir, respecter son engagement aussi funèbre que puisse sembler la tempête. Tout simplement parce que mieux vaut mourir débout dans la clarté et dans le respect de sa fonction que de périr à genoux dans un silence amorphe et inconséquent.

Monsieur le Premier Ministre,

Comme j’ai voulu le dire dans une métaphore, une République n’est pas un jardin d’enfants comme elle n’est pas un puzzle de jeu , vos ministre se donnent une relecture personnelle de la gestion des affaires publiques sans jamais vous servir de l’autorité du même Etat que vous dirigez pour faire répondre aux imprudents comme aux bandits de l’Etat de leurs actes devant les juridictions de ce pays. Vous n’êtes pas juge mais vous avez les moyens de faire rétablir la justice dans ce pays. Monsieur le premier ministre votre invisibilité surprend plus d’un, parce qu’on ne devient pas ministre pour sombrer dans le silence et à ne rien faire que de jouer l’exécutant d’un homme. Mais non ! Vous faites erreur parce que vous avez, tous les deux, juré sur le saint coran de servir, protéger, défendre ce pays. L’avenir du Niger doit se décider et maintenant Monsieur le premier ministre, les jeunes comme ceux de l’âge avancé vous demandent de prendre votre responsabilité par ma voix pour non seulement mettre fin à cette coopération militaire faisant de nos soldat des moins que rien et de nous citoyens des perdus qui ne savent plus à quel saint se vouer. L’installation de ces bases n’est qu’une malédiction du siècle pour nous, la saisie de nos biens dans des pays fortement taxés de justice non corrompue suite à la résiliation du contrat qui opposait le Niger d’avec Africard, comment avions-nous en arrivé là ? Les deux cent milliards qui s’assomment sans que cela ne vous inquiète vous y êtes dans le coup où non ? Mais votre gouvernance aurait trop promu des délinquants financiers qui aujourd’hui se prennent pour des astres qui se voient intouchables et intimidables. Mais quel avenir êtes-vous entrain de dessiner à nos enfants, à nos petits fils qui viendront ? Quel Niger voulez-vous léguer à l’histoire ? Et enfin de quelle façon voulez-vous vous faire retenir votre nom par la mémoire de l’histoire ?

Monsieur le Premier Ministre,

Dans la perspective d’une élection présidentielle en France, il est de coutume que les plus hauts représentants de l’Etat français programment une tournée en Afrique. Je ne saurais me prononcer sur le véritable objet de celle que vous effectuez au Niger, tant les relations qui « unissent », ou plus précisément, qui ligotent le Niger à la France sont décidées dans vos palais et ceux de vos amis personnels, à l’exclusion du peuple Nigérien.

Monsieur le Premier ministre,

Conscient de la nature véritable des relations France-Niger, je viens, par la présente lettre ouverte, vous exprimer mon sentiment profond, avec l’espoir que, contrairement à l’usage, vous aurez enfin l’intelligence politique de les intégrer dans notre définition des intérêts du Niger. Car, Monsieur le Premier ministre, la jeunesse nigérienne et le peuple duquel elle vient est conscient que la classe politique française, aveuglée par la défense de ses intérêts, méprise encore la conscience et l’intelligence des peuples du monde et donc la nôtre en particulier.

En effet, Monsieur le Premier Ministre plus de 50 ans après son indépendance, le Niger est à la croisée des chemins, le pays est plongé dans une désolation indescriptible dont les maitres mots sont entre autres :

- L’état de délabrement généralisé des infrastructures essentielles (routes, écoles, hôpitaux, habitat) ;

- Les crimes économiques notamment la corruption, érigée en système de gouvernance : Cette corruption touche toutes les sphères du régime : la famille PNDS TARRAYYA particulièrement s’est accaparée de toutes les ressources matérielles et financières de l’Etat Nigérien qui est de ce fait victime d’un pillage et d’une spoliation à grande échelle et sans vergogne. Dans le même registre, les membres du gouvernement et les responsables des institutions affiliés au Parti Rose au pouvoir détournent les budgets qui leur sont alloués. Comment comprendre que depuis 2011, avec des budgets annuels estimés à des milliards d’euros, le Niger ne soit pas capable de se doter d’un système de santé performant, d’une éducation de qualité mais enfin d’une moralisation de la vie politique au regard d’un certain nombre de comportements qui minent aujourd’hui toutes les possibilités d’asseoir un tissu social fiable sur la base d’un modèle des institutions forte dans notre pays ?

- Comment comprendre qu’avec autant de moyens, l’école nigérienne continue de souffrir alors que c’était l’une de vos promesses électoralistes en 2011 par le président Issoufou?

- Comment comprendre qu’avec autant d’argent le gouvernement ne soit pas capable de construire

une dynamique de l’enseignement répondant aux normes internationales, mais au contraire cumuler des arriérés après avoir recruté tant d’enseignants si ce n’était que de feindre d’une promotion de l’emploi qui ne voue à rien?

- Comprendre qu’avec autant d’argent les nigériens n’aient pas accès aux besoins fondamentaux en eau et électricité à Niamey même et dans tout le pays ?

- Comment comprendre que ce Gouvernement, votre gouvernement ne se soit pas capable d’offrir à sa population, un habitat décent permettant de régler le grave déficit en logement qui touche plus de 50% de la population dans les zones urbaine?

- Comment comprendre la violation et le refus de toutes formes d’expression démocratique par le Gouvernement, votre gouvernement qui interdits et réprime les marches et les meetings de la société civile et de l’opposition ?

- Comment la France qui défend les valeurs démocratiques et l’éthique dans la gestion des biens publics, puisse accepter qu’AREVA continue de nous piller , pire nous interdire même d’exploiter nos mines pour les mettre en attente d’exploitation alors qu’hier seulement au débat présidentiel sur TF1 les candidats sont tous unanimes sur projets de basculer sur les énergies plutôt renouvelables que sur le nucléaire après ce à quoi nous avions assisté à Foukochima pendant qu’au Niger le pouvoir en place n’arrive pas à fournir les soins de santé primaire à sa population qu’il est sensé consentir et leur garantir une éducation de base ?

Monsieur le premier Ministre, la grande France, le pays des Droits de l’Homme et du citoyen de 1789 ne doit plus intervenir dans la gestion de nos biens : pour qui vendre ou pour qui proposer, cette dictature ignominieuse est celle que je dénonce aujourd’hui! La France doit absolument choisir son camp, le camp de la démocratie et de la transparence ou le camp de la colonisation après l’avoir bannie! Il vous reste l’autorité qu’il faille pour sortir notre pays de l’abime comme l’extirper de la désolation. Monsieur le Ministre nous avons en fait trop souffert je vous le redis parce que la posture dans laquelle vous êtes ne peut vous permettre de le sentir aussi longtemps que vous ne prêtez vos oreilles au peuple nigérien pour vous dire et exprimer la souffrance et le destin que votre politique et celle de vos prédécesseurs lui ont honteusement choisie. Pour finir faites rendre la justice au Nigériens sur tous les crimes connus financiers, politiques, sociaux, etc. cela ne vous coûtera rien si ce serait que de vous anoblir mieux de vous faire sortir par la grande porte à la fin de votre mandat.

Monsieur le Premier ministre,

Au-delà d’un père, vous êtes un modèle pour moi. Le Niger est notre comptoir parce que les nigériens aspirent, contre votre muette attitude, à prendre en main leur destin. La société civile nigérienne comme la jeunesse du Niger dans son ensemble veulent solennellement vous mettre en garde en vous affirmant notre ferme détermination à nous réapproprier nos droits, nos libertés, notre souveraineté, notre pays par tous les moyens. Au regard de ce qui précède, la jeunesse nigérienne ainsi que la société civile de ce pays à l’instar de ses consoeurs du Sénégal, de la Guinée Conakry, du Mali enfin pour dire de celle issue de toute l’Afrique … dit : « ça suffit comme ça ! » et décide de prendre ses responsabilités pour faire de notre pays, un Etat de droit, un Etat démocratique où il fait bon vivre. Tout simplement parce que les nigériens veulent désormais se reconnaitre dans leur dirigeants par la prise en compte de leur vote car jusque-là, les élections ont été toujours émaillées de fraudes et d’incidents multiformes aussi bien dans la gestion des affaires publiques que dans la position du Niger lorsqu’il est question de notre indépendance nationale.

Excellence, Monsieur le Premier Ministre,

Il n’est jamais trop tard pour mieux faire, comme la prévention vaut mieux que la guérison. Ainsi, votre intervention auprès des autorités de ce pays évitera au Niger le triste sort qu’a connu la Côte d’Ivoire le Burundi par exemple simplement parce que vous êtes aujourd’hui au-delà de votre fonction du Premier Ministre, le président de la CNDH. J’espère pouvoir vous rappelez votre mission première et à même d’apporter des réponses à mes interrogations et sachant pouvoir compter sur votre diligence ainsi que votre contribution à l’instauration d’une vraie Démocratie au Niger, d’une vraie justice pas sélective mais pour tous, je vous prie d’accepter Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma considération distinguée mais surtout profonde.

Mohammed Elhadj Attaher