IDH Nigérien : C’est très insuffisant Monsieur le Président, Attention aux dérives…
Alors que tous les pédagogues du monde répètent aujourd’hui, sur tous les tons, que rien n’est pire que le classement et qu’il faut apprendre aux enfants à être eux-mêmes sans se comparer aux autres, par analogie aux Etats, pourtant tout, dans notre société, nous rappelle sans cesse l’importance croissante qu’en réalité nous attachons à la hiérarchie des notes et aux rangs de chacun.
Le rapport du PNUD publié avant hier en apporte une démonstration éclatante qui classa notre pays au dernier rang de l'indice de développement humain. Aussi, les politiques s’en sont-ils emparés pour éreinter encore le document cardinal de la politique du gouvernement qu’est le PDES. Nous adorons dans ce pays, les polémiques irrationnelles et des débats stériles. Il suffit pourtant de jeter un petit coup d’œil sur le site PNUD-Niger où quasiment tous les agrégats sont à jour pour savoir les raisons de cette place non confortable.
Bien évidement, les nigériens qui aspirent à un mieux-être en sont encore abasourdis de se découvrir pauvres, dernier des plus démunis du monde. De Baba Tandja qui nous annonçâmes sans nuance que "le difficile est le chemin" avec le Programme Spécial, au Président Mahamadou Issoufou qui nous a planté deux grands échangeurs pour nous dire "tenez voilà le développement". Voilà le PNUD à nouveau qui revient pour nous dire que nous sommes pauvres comme Job. L’impact de cette annonce sur le classement du Niger fait très mal. Cette note est terrible pour notre morale quand bien même qu’elle est techniquement acceptable.
En effet, si dans certains pays du sud-est asiatique (Malaisie, Singapour) et les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, South-Africa) la démographie rythme avec la croissance économique et que par ailleurs ici chez nous cette dernière rythme avec pauvreté, c’est que quelque chose ne va pas. Nous sommes non seulement un pays pauvre, (62% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté), mais également nous cumulons des statistiques alarmantes : un des taux de croissance démographique le plus élevé au monde (3,9% par an sans commune mesure avec les richesses et services sociaux disponibles). De plus, la mortalité maternelle et infantile est dramatiquement élevée.
La menace démographique est très grave. Notre pays n’a même pas encore amorcé sa transition démographique et refuse le contrôle des naissances. A supposer que se dernier s’engage sur cette voie là, trente ans s’écoulerons avant que les résultats ne soient significatifs. Le taux de fécondité est de 7.5 enfants par femme au Niger. Avec une telle croissance démographique, la population double tous les dix-huit ans. Alors que le déficit alimentaire de notre Etat est déjà difficile à gérer avec 20 millions d’habitants, contre 3 millions en 1960, qu’en sera-t-il lorsque nous serons plus de 40 millions dans 20 ans ? Même quand le pays consacre au secteur de l’éducation jusqu’à 40% du budget national, la croissance démographique est telle qu’il ne peut assurer une éducation de qualité à tous les écoliers. Ainsi, les jeunes se voient offrir des primes, des promesses et parfois des salaires attractifs pour rejoindre les rébellions. Faute d’options, la tentation est naturellement de les rejoindre. Si notre pays continue avec des institutions publiques inefficaces gangrenées par le népotisme et le clientélisme, nous risquerons de tombé dans ce que Serge Michailof a prédit dans « l’Africanistan ».
Le Niger ne peut jamais à notre avis changer son rang de dernier depuis des décennies tant que le taux éducatif n’est pas amélioré. Habib Bourguiba, Président de la République Tunisienne disait en son temps que, « s’il arrive à régler le problème de l’éducation, il aura tout réglé ». Car pour lui, grâce à l’éducation, la Tunisie aura formé des enseignants pour son système éducatif, des médecins, infirmiers et sages-femmes pour la santé des tunisiens, des agronomes pour l’agriculture afin d’assurer l’alimentation de son peuple, des ingénieurs pour des travaux publics, etc.
Nous devons dépassionner le débat, changer de mentalité pour avancer sans quoi le Niger, comme à la belotte , aura des atouts (pétrole), des as (uranium) et des valets (croissance à deux chiffres), mais risquera de ne pas détenir les bonnes cartes, parce que jouant hors jeu. Cet hors jeu là c’est le manque d’éducation. Bref de voir le développement comme un mirage.
En fin, si nous sommes pauvres, que le bout du tunnel n’est toujours pas atteint, ce n’est pas du fait d’un indice statistique composite qu’est l’IDH, mais d’être trop dépendant de l’aide publique au développement qui a pourtant montré toute ses limites. Bref, c’est de ne point assumer l’indépendance que l’on fête chaque 3 Août depuis 55 ans avec des adresses à la Nation qui nous font croire que oui, nous sommes maîtres de notre destin. Tout de même, quand un peuple rêve de croissance, de développement et est saoulé de discours sur les routes, les échangeurs, les universités, les classes, la ligne ferroviaire etc., c’est d’un mauvais goût que de lui balancer au visage que le pays est si pauvre pour être l’avant dernier sur la planète.
SAMI Youssoufou, Master 2 en Management de Projets
Commentaires
Je ne comprends pas pour le Niger !
Comment se fait-il que l'on peut s'aimer une charge au-dessus de ses moyens ?
Mais merde !!!!!!!!
Il veut que nous aillons au dela de la photo, pour ecouter et comprendre les belles analyses de nos problemes qu il nous offre gratuitement et de debattre les solutions qu il propose. Alors, arretons d'attaquer le messager, voyons son message. Autrement dit, essayons de voir la lune au bout de son doigt.....