Fin du 3e Sommet des Filles Africaines : « l’Appel de Niamey » pour accélérer l’élimination des pratiques néfastes
Les lampions de la 3e édition du Sommet des Filles Africaines se sont éteints dans l’après-midi du jeudi 18 novembre au Centre international des conférences Mahatma Ghandi de Niamey. Après trois jours d’intenses travaux, les participants et participantes ont adopté une déclaration dite « l’Appel de Niamey » qui constitue un véritable plaidoyer auprès des Etats, des gouvernants, des partenaires ainsi que de l’ensemble des acteurs et parties prenantes pour des actions concrètes destinées à accélérer l’élimination des pratiques néfastes et par la même occasion promouvoir le droit des filles et des femmes.
C’est la ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, Mme Allahoury Aminata Zourkaleini qui a présidé la cérémonie officielle de clôture du Sommet qui s’est déroulée en présence de plusieurs invités de marques représentants le gouvernement du Niger, l’Union Africaine, le corps diplomatique et les organisations internationales, les partenaires au développement notamment les organisations membres de la Plateforme contre le mariage des enfants ECFM, les leaders traditionnels et religieux ainsi que les associations des jeunes et des femmes. On notait aussi la présence à l’évènement des jeunes filles et des adolescentes venues des différentes régions du pays, notamment les zones rurales, et qui ont fait entendre leur voix durant les assises.
Après trois journées d’intenses travaux, le 3e Sommet des Filles Africaines s’est terminé par l’adoption d’une Déclaration dite « Appel de Niamey » et dont la teneur a été lue par une participante lors de la présentation du communiqué final du Sommet.
Un plaidoyer pour la mobilisation de tous pour des actions concrètes maintenant
« L’Appel de Niamey » est un véritable plaidoyer des adolescentes africaines à l’endroit des institutions internationales, nationales et régionales, des décideurs politiques, des partenaires au développement, des communautés, des leaders religieux et chefs traditionnels ainsi que des parents et des organisations féminines et de la jeunesse, pour des actions concrètes, soutenues et durables pour accélérer l’élimination de la violence et la discrimination à l’égard des femmes et des filles notamment les mutilations génitales féminines (MGF) et les mariages précoces.
Au regard de l’urgence à agir au vu des défis qui persistent et des conséquences de ces pratiques néfastes non seulement pour les filles mais aussi pour le développement des pays africains, les participant.e.s au Sommet de Niamey ont appelé « les Etats membres de l'UA à s’investir résolument et de manière inclusive dans la promotion des filles africaines afin de renforcer leurs capacités, prévenir et répondre de manière compréhensible aux pratiques néfastes et renforcer les compétences à travers leurs autonomisations économiques ». Le Sommet a aussi plaidé pour « l’instauration d’un environnement qui protège la coexistence et le respect mutuel afin d’éliminer les pratiques néfastes en employant des interventions ciblées et des mesures qui engagent de manière efficace les hommes et les garçons comme des agents du système ».
Dans la même lancée, « l’Appel de Niamey » a plaidé pour que la mobilisation politique soit accompagnée par celle des ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de toutes les mesures préconisées à travers, notamment, l’augmentation conséquente des budgets alloués aux secteurs de l’éducation et de la santé.
Enfin, pour une meilleure promotion du genre dans les politiques publiques et surtout pour mettre fin aux stéréotypes, les participant.e.s ont recommandé la mise en place et l’opérationnalisation d’un cadre de responsabilisation pour éliminer les pratiques néfastes.
Une véritable feuille de route et des engagements pour passer à l’action
En procédant à la clôture du Sommet, la ministre nigérienne en charge de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, s’est réjouie des résultats atteints par la rencontre de Niamey qui a donné l’occasion aux participants d’échanger sur leurs expériences et rappeler à leurs Etats d’assurer leurs rôles afin d’accélérer la mise en œuvre des engagements dans la réalisation de l’agenda 2063 de l’Union Africaine « l’Afrique que nous voulons ». La ministre Aminata Zourkaleini a, en effet, relevé que ces trois jours d’intenses échanges ont permis aux participant.e.s venues de divers horizons, d’identifier les obstacles, les opportunités et de dégager les perspectives pour leurs pays afin d’éliminer les pratiques néfastes. Des objectifs à portée de main, a soutenu la ministre pour qui, « les résultats des perspectives énumérées dans le communiqué final permettront sans nul doute de mettre fin aux pratiques néfastes dans le continent ».
En terminant son allocution, la ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant a tenu à transmettre, au nom des autorités nigériennes, tous ses remerciements à l’endroit des participants et participantes pour leur mobilisation exceptionnelle et leur participation active aux travaux. Elle a aussi adressé ses sincères remerciements et la profonde gratitude du gouvernement du Niger à l’endroit de l’Union Africaine (UA) ainsi qu’à tous les partenaires, notamment les organisations membres de la Plateforme ECFM, pour leur inestimable contribution à la réussite du Sommet de Niamey. La ministre Aminata Zourkaleini a, enfin, réitéré l’engagement du Niger dans la mise en œuvre des recommandations issues de ce sommet en étroite collaboration avec les autres pays de l’Union Africaine et des partenaires au développement.
La cérémonie de clôture du Sommet a aussi été marquée par l’intervention à la tribune officielle de plusieurs orateurs et oratrices, qui ont tenu à réitérer l’engagement des institutions et organisations qu’elles représentent pour accompagner ce noble combat pour l’élimination des pratiques néfastes contre les filles.
A Niamey, le Sommet de l’action
Le 3e Sommet des Filles Africaines s’est tenu du 16 au 18 novembre 2021 au Centre international des conférences Mahatma Ghandi de Niamey sous le thème : « Culture, Droit humains et Responsabilité : accélérer l’élimination des pratiques néfastes ». La cérémonie d’ouverture a été présidée par le Président de la République SEM. Bazoum Mohamed, en présence de l’Envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la lutte contre les violences à l’égard des femmes et des enfants, Mme Najat Maalla M’Jid, de la Commissaire de l’UA en charge des Affaires humanitaires, de la Santé et du Développement social, Mme Amira El Fadil, des plus hautes autorités nigériennes, des représentants du corps diplomatique et des organisations internationales ainsi que des responsables d’associations féminine et de la jeunesse, des chefs traditionnels, leaders religieux et des délégations des pays membres de l’UA.
Les travaux se sont déroulés à travers plusieurs séances plénières ainsi que des travaux en commissions et en sous groupes sous différentes sous-thématiques qui ont déjà préalablement fait l’objet d’échanges et de discussions au cours du Pré-Sommet qui s’est tenu du 13 au 14 novembre toujours dans la capitale nigérienne. Il s’agit notamment des panels qui ont porté, notamment, « la voix des jeunes filles dans la prise de décision pour mettre fin aux pratiques néfastes » ; « le rôle des arts créatifs pour accélérer la fin des pratiques néfastes ; l'éducation des filles au service de « l'Afrique que nous voulons » et, « des écoles sûre en Afrique de l’Ouest. Les échanges ont également porté sur l’impact de COVID 19 sur les filles et les femmes » ; « le financement et le partenariat pour mettre fin aux pratiques néfastes » ; « l’engagement des jeunes et des États membres sur l'action et la redevabilité ainsi qu’un panel sur la thématique, «du langage à l'action : lutter contre les stéréotypes et les normes négatifs qui perpétuent les pratiques néfastes ».
D’autres activités ont également été organisées en marge du Sommet avec des focus sur différents aspects relatifs à la promotion des droits des filles et des femmes, des évènements parallèles organisés par les différents partenaires du Sommet (Unicef, Plan International, Fondation Noor de la Première Dame, Save The Children, ECFM, MMD, GNB, Saleema Initiative, Oxfam Niger, Care International….).
Les adolescentes du Niger mais aussi des pays membres de l’UA ont activement pris part aux travaux, en présentiel et en virtuel, et ont ainsi pu faire entendre leur voix et échanger sur leurs préoccupations avec les décideurs politiques, les partenaires au développement ainsi que les parents, leaders communautaires et religieux et autres acteurs engagés dans la défense et la promotion des droits des filles, notamment, les organisations des jeunes ou féminines.
Le Sommet de Niamey est le troisième du genre après celui de Luzaka en Zambie en 2015 et Accra au Ghana en 2018. Cette 3e édition a été organisée à l’initiative de l’UA et le Gouvernement du Niger à travers le ministère de la Promotion de la Femme et la Protection de l’Enfant, en collaboration avec la Plate-forme contre le mariage des enfants (End Child Marriage Now, ECFM). Il s’agit d’une initiative lancée en 2014 et qui réunie le gouvernement du Niger, les Agences du Système des Nations Unies ainsi que les Partenaires techniques et financiers, organisations partenaires au développement, société civile et association féminine et des jeunes.
M.Abdoul Karim (actuniger.com)
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