À Niamey, le Niger lance “FaireNiger” pour défendre et valoriser son lait local
Le Niger a officiellement lancé, ce mercredi 10 décembre 2025 à l’hôtel Noom de Niamey, la marque collective "FaireNiger", nouvel étendard du lait local et symbole de l’engagement national pour la valorisation, la transformation et la consommation des produits du terroir. Portée par la Fédération Nigérienne des Producteurs du Lait (FENIPROLAIT), avec le soutien d’Enabel à travers le projet REEL Mahita et de la GIZ via le projet PROLAVI, cette initiative vise à renforcer la consommation de produits locaux, structurer durablement la filière laitière et mettre en valeur le savoir-faire des éleveurs, collecteurs et transformateurs nigériens.
L’événement a réuni producteurs, transformateurs, partenaires techniques, organisations professionnelles et acteurs de la société civile autour d’une même ambition : replacer le lait nigérien au cœur de l’économie et de l’identité culturelle du pays.
Une initiative pour renforcer la souveraineté alimentaire et économique
Le lancement a été présidé par le ministre de l'Agriculture et de l'Elevage, le Colonel Mahaman Elhadj Ousmane, qui a rappelé l'impératif stratégique pour le Niger de reprendre le contrôle de la production, de la transformation et de la consommation du lait local. « Pendant trop longtemps, notre pays a été dépendant du lait importé, du lait réengraissé, des produits sans âme ni terroir. Dépendre de millions de tonnes de lait en poudre importé, c'est abandonner nos producteurs, affaiblir notre souveraineté, diluer notre identité », a-t-il dénoncé.
Pour le ministre, "FaireNiger" dépasse le cadre d'un simple label : « C'est une arme économique, une frontière culturelle, une revendication politique, un acte d'honneur envers nos éleveurs. FaireNiger, c'est notre propre pagne, c'est notre identité assumée. A travers cette marque, nous affirmons que notre lait local a une valeur, notre savoir-faire a une légitimité, nos producteurs ont une dignité, et notre économie a un avenir qui ne dépend plus de l'extérieur. »
Le Colonel Mahaman Elhadj Ousmane a également assuré que l'Etat assume pleinement sa responsabilité dans le renforcement de la filière : « Mon département ministériel est résolument engagé à développer les cultures fourragères, accélérer l'amélioration génétique, consolider la santé animale, et ouvrir la voie à une identification géographique protégée pour notre lait local. »
Des partenaires engagés pour la qualité et la traçabilité
Auparavant, Mme Marie Burton, directrice pays de l'agence belge de coopération Enabel, a salué la marque collective comme un tournant stratégique pour le développement de la filière laitière. « FaireNiger introduit des standards de qualité et de traçabilité indispensables pour bâtir une filière solide et durable, tout en créant de nouvelles opportunités économiques pour les femmes et les jeunes entrepreneurs", a-t-elle souligné, réaffirmant l'accompagnement technique d'Enabel pour le rayonnement de la marque.
De son côté, M. Adamou Ali, président de la FENIPROLAIT, a rappelé que le cheptel national représente un potentiel considérable : 55 millions de têtes, dont 10 millions de bovins et 2 millions spécifiquement laitiers. « Le lait est à la fois un élément clé de nos habitudes alimentaires et un levier stratégique pour l'économie du pays, mais la filière doit faire face à de multiples défis : changement climatique, maladies animales, concurrence déloyale, disparité des prix et sensibilisation des consommateurs sur les avantages du lait local. »
"FaireNiger" : un outil de protection, de valorisation et de compétitivité
Dans ce contexte, "FaireNiger" s'impose comme un instrument structurant pour la filière laitière nigérienne. La marque vise à protéger les producteurs locaux et à consolider leur rôle central dans l'économie nationale. Elle entend également renforcer les chaînes de valeur et stimuler la transformation locale, tout en garantissant la qualité et la traçabilité des produits. Par ailleurs, "FaireNiger" ambitionne de dynamiser la consommation nationale et d'accroître la compétitivité du lait nigérien sur les marchés internationaux.
Une journée riche en échanges, exposition et culture
Le lancement a été ponctué de moments forts, à commencer par un panel de haut niveau organisé sous le thème « Marque FaireNiger : un grand pas pour l’initiative “Mon lait est local” », avec pour mot d’ordre « Consommons nigérien ». Experts, producteurs, transformateurs, institutions et partenaires y ont débattu de la compétitivité du lait local, de la normalisation, de la traçabilité, de la protection intellectuelle des produits et des opportunités économiques pour la jeunesse. L’événement a également été animé par une exposition des produits laitiers locaux, mettant en lumière la diversité et la qualité des productions nigériennes — lait frais, yaourts, fromages, beurre et autres dérivés — témoignant du savoir-faire des éleveurs et transformateurs. Enfin, des animations culturelles ont célébré la richesse du patrimoine nigérien à travers chants, danses et prestations artistiques, rappelant le rôle central de l’élevage dans l’identité nationale.
Au-delà du simple label, la marque incarne une ambition nationale : faire du lait nigérien un produit de confiance et de fierté, valorisant le travail des éleveurs et transformateurs et consolidant la souveraineté alimentaire et économique du pays.
Pour les acteurs de la filière, "FaireNiger" marque le début d'une transformation durable, offrant un cadre équitable pour les producteurs, stimulant la compétitivité des produits laitiers locaux et renforçant la résilience économique face aux importations et aux crises sanitaires.
Avec cette initiative, le Niger affirme sa volonté de bâtir une économie laitière moderne, souveraine et ancrée dans ses valeurs, tout en promouvant l'identité culturelle et le savoir-faire national. "FaireNiger", c'est enfin un appel clair à tous les Nigériens : consommons local, consommons nigérien.
