Ebola, 1 145 morts: l’épidémie progresse, les ONG sont dépassées
L'ONU a décidé d’augmenter son aide face à l'épidémie Ebola. Elle va concerner un million de personnes, affirment les Nations unies. L’Organisation mondiale de la santé a alarmé vendredi 15 août la communauté internationale sur l’ampleur de l’épidémie, qu’elle juge sous-estimée. Face à cette situation, l'OMS a décidé cette semaine d’autoriser des traitements non homologués.
Le dernier bilan de l’OMS arrêté au 13 août s’élève à 1 145 morts sur plus de 2 000 cas confirmés d'Ebola. L’organisation prévient que ce bilan est très certainement sous-estimé, et alerte sur les difficultés à prendre en charge les patients.
Face à cette épidémie grandissante, l’ONU a débloqué une aide qui concernera un million de personne. Cette assistance sera mise en place par le programme alimentaire mondial de l'ONU, le PAM, et s'étendra sur les trois pays les plus touchés par l'épidémie : Sierra Leone, Liberia et Guinée. L'objectif est de prévenir une crise alimentaire dans les zones sous cordon sanitaire et déjà très fragilisées par l'épidémie.
« Nous sommes en train d'atteindre nos limites »
Médecins sans frontières a aussi tiré la sonnette d’alarme, vendredi 15 août. « L’épidémie va durer encore six mois et nous n'avons pas les moyens suffisants pour y faire face », prévient la directrice de l'organisation humanitaire, qui vient de passer dix jours dans la zone touchée. Elle s’inquiète : « Nous sommes en train d'atteindre nos limites. »
L'ONG MSF ne peut suppléer seule les défaillances des structures de santé locale, qui sont débordées. C'est notamment le cas au Liberia, avec la crainte d'une propagation rapide d'Ebola dans la capitale Monrovia, où vivent plus d'un million d'habitants.
Joanne Liu, directrice de MSF, tente d’expliquer les difficultés rencontrées pour prendre en charge l’épidémie : « Il faut avoir la certitude de pouvoir trouver tous les malades, de pouvoir les amener dans un centre de soins pour qu’ils puissent être soignés. » Mais « il faut aussi arriver à trouver tous les contacts des malades pour pouvoir les mettre en surveillance et détecter très rapidement s’ils sont malades », ajoute-t-elle.
L’anxiété se généralise
L'épidémie se répand en Afrique de l'Ouest. Et pour Joanne Liu, l'heure est grave car l'épidémie se propage plus vite que prévu. « Les malades ont malheureusement l’impression que, s’ils sont malades, il n’y a rien à faire pour eux et donc ils ne se présentent pas au centre de traitement, regrette la directrice de MSF. Il faut absolument arriver à renverser cette tendance et à expliquer aux malades et aux communautés qu’au contraire leur meilleure chance de survie est de venir au centre de traitement et d’avoir les soins qui peuvent leur permettre de passer le mauvais cap et de guérir. »
Selon Joanne Liu, la situation est particulièrement grave au Liberia, un pays qu'il est impératif de stabiliser pour stabiliser la région.
JOANNE LIU : AU LIBERIA, «NOUS AVIONS L'IMPRESSION D'ÊTRE EN SITUATIONDE GUERRE»
« Aujourd'hui, il y a plusieurs structures de santé, notamment au Liberia, qui ont fermées. Le personnel a été infecté. [...] La population a nettement moins confiance dans ces centres de santé, car ce sont devenus des centres de propagation de l'épidémie. »
Un climat d'anxiété généralisée est en train de s'installer, ce que redoute de son côté la Fédération internationale de la Croix Rouge (CICR). Pour prévenir cette psychose, il faut donc marteler les messages de sensibilisation et appeler sans cesse à une mobilisation plus intense de la communauté internationale dit la fédération.
Le Docteur Marie-Paule Kieny, sous-directeur général de l'OMS en charge des systèmes de santé et de l'innovation, est revenue ce vendredi dans la soirée pour RFI sur les stratégies qui doivent être adoptées par les pays concernés pour endiguer l'épidémie.
MARIE-PAULE KIENY
« Les malades ont malheureusement l'impression [...] qu'il n'y a rien à faire pour eux, et donc ils ne se présentent pas aux centres de traitement. Il faut absolument réussir à inverser cette tendance, et expliquer aux malades et aux communautés qu'au contraire, leur meilleure chance de survie, est de venir [...] et d'avoir les soins qui peuvent leur permettre de passer le mauvais cap et de guérir. »
RFI
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