Santé : à Niamey, l’ONG EMMNR sensibilise sur l’hygiène et les dangers de l’automédication
Niamey, mai 2025 — Dans un contexte sanitaire national en mutation, où les réformes améliorent progressivement l’accès aux soins, l’éducation à la prévention demeure un défi crucial. Depuis plusieurs mois, l’ONG Ensemble Main dans la Main Niger-Russie (EMMNR) se mobilise à travers son séminaire médical “Pour sauver des vies”, organisé à Niamey. Pour ce mois de mai, deux modules fondamentaux ont été abordés : l’hygiène comme socle de prévention sanitaire et les dangers de l’automédication, une pratique encore très répandue au Niger.
Animées par des médecins nigériens et russes, les sessions ont réuni à chaque module une cinquantaine de participants : femmes, jeunes, enseignants, leaders communautaires. Tous sont venus renforcer leurs connaissances sur des maladies évitables par des gestes simples, trop souvent négligés dans le quotidien.
« L’hygiène, ce ne sont pas que des gestes de propreté. C’est un ensemble de pratiques et de mesures, médicales ou non, destinées à préserver la santé individuelle et collective », rappelle un des formateurs russes. L’enseignement est pragmatique, concret, et se décline en modules spécifiques : hygiène corporelle, vestimentaire et alimentaire.
L’hygiène, première ligne de défense
Au cœur des échanges, l’hygiène individuelle est présentée comme le premier rempart contre les infections. Laver les mains, entretenir sa peau, porter des vêtements propres, surveiller l’hygiène de sa cuisine ou encore respecter les règles de conservation des aliments sont autant de réflexes simples, mais vitaux.
« Avant, je ne savais pas qu’un simple torchon sale pouvait rendre ma famille malade. Maintenant, je veille à tout désinfecter », témoigne Fati, une mère de trois enfants, conquise par l’approche pédagogique du séminaire.
Les formateurs insistent aussi sur l’hygiène collective, qui repose sur la participation de tous pour garantir un environnement sain et prévenir les épidémies.
L’automédication : un fléau discret, mais dangereux
Autre volet du séminaire : la lutte contre l’automédication, une pratique qui persiste malgré les efforts des autorités sanitaires. Au Niger, selon l’OMS, l’indice moyen de couverture sanitaire est passé de 48,9 % en 2020 à 54 % en 2022. Depuis septembre 2024, les tarifs des soins ont été réduits de moitié dans les structures publiques. Pourtant, nombreux sont ceux qui continuent à se soigner seuls, sans consulter un professionnel.
Les raisons sont multiples : faible pouvoir d’achat, manque de centres de santé en zone rurale, ou encore banalisation des symptômes. À cela s’ajoutent des pratiques illégales de vente de médicaments sans ordonnance, parfois même dans les officines.
Une pratique à haut risque
Les conséquences de l’automédication peuvent être graves. Médicaments périmés, dosage incorrect, allergies, interactions dangereuses, ou encore masquage des symptômes pouvant retarder un diagnostic médical crucial. « Une personne qui s’automédique risque de compliquer sa maladie initiale, ou d’en créer une nouvelle », avertit un médecin intervenant au séminaire.
Les sessions distinguent trois formes d’automédication :
- Primaire : se soigner seul pour des symptômes bénins.
- Secondaire : reprendre un traitement prescrit antérieurement.
- Tertiaire : ajuster soi-même un traitement pour une maladie chronique, comme l’asthme ou le diabète.
Former, informer, responsabiliser
Avec un langage accessible et des démonstrations concrètes, les formateurs insistent sur la responsabilité individuelle et collective dans la gestion de la santé. Les participants repartent avec des outils pratiques, mais aussi une nouvelle conscience des dangers invisibles qui les guettent au quotidien.
« On pense parfois qu’un comprimé pris sans ordonnance ne fait pas de mal. Mais aujourd’hui, je comprends que c’est un risque pour ma vie », confie Mahamadou, jeune participant venu de Yantala.
En misant sur la pédagogie, la proximité et l’implication communautaire, l’ONG EMMNR joue un rôle prépondérant dans la transformation du paysage sanitaire nigérien. Son approche, basée sur la prévention et l’autonomisation des citoyens, s’avère d’autant plus précieuse que les services de santé, bien qu’en amélioration, restent encore inégalement répartis sur le territoire.
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comment faire si les centres médicaux ne donnent pas satisfaction? la déception des patients est à 80% à la base de l'automed