Le recul du sida se confirme dans le monde
Les nouvelles infections ont chuté de 50 % en dix ans dans 25 pays, dont la moitié en Afrique subsaharienne.
Enrayer la pandémie de sida, une utopie irréaliste ? Pas si sûr, si l’on en croit les derniers chiffres dévoilés par les experts des Nations unies.
Pour la cinquième année consécutive, le nombre de décès et nouvelles infections recule, a annoncé mardi 20 novembre l’Onusida dans son rapport annuel, confirmant l’efficacité des politiques d’accès aux traitements antirétroviraux à grande échelle, mises en place par la communauté internationale.
ENVIRON 34 MILLIONS DE PERSONNES VIVENT AVEC LE SIDA AUJOURD’HUI
Environ 34 millions de personnes vivent avec le sida aujourd’hui dans le monde. « On estime que 0,8 % des adultes entre 15 et 49 ans sont porteurs du VIH », indique l’Onusida. Le sida a tué environ 1,7 million de personnes en 2011 contre 1,8 million en 2010. La baisse des décès la plus significative est observée en Afrique, où le nombre des victimes a reculé de 32 % en six ans.
L’infection continue de se propager, certes, mais beaucoup plus lentement. Le virus a ainsi contaminé 2,5 millions de personnes en 2011, soit un peu moins qu’en 2010 (2,6 millions). Par rapport à 2001, le nombre des nouvelles contaminations a baissé de 22 %.
LE CONTINENT AFRICAIN RESTE LA RÉGION LA PLUS TOUCHÉE
Les progrès les plus spectaculaires sont situés, là encore, dans certains pays d’Afrique subsaharienne. Au Malawi, le taux de personnes nouvellement infectées a baissé de 73 %, et en Afrique du Sud de 41 %.
Ces avancées, notamment en Afrique australe, ne doivent pas faire oublier que le continent africain reste la région la plus touchée dans le monde. En 2011, environ les deux tiers des personnes infectées vivaient en Afrique, soit environ 23,5 millions de personnes.
PRÈS DE 300 000 ENFANTS AFRICAINS SONT NÉS AVEC LE VIH
Une majorité des cas reste par ailleurs non dépistée, ce qui multiplie les risques de propagation. L’année dernière, près de 300 000 enfants africains sont nés avec le VIH.
Les experts s’inquiètent aussi de la virulence de l’épidémie dans certaines régions du monde. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le nombre des nouvelles contaminations a bondi de 25 % au cours des dix dernières années.
LE VIRUS A REPRIS DE LA VIGUEUR DANS L’EX-URSS
Stable entre 2000 et 2008, le virus a aussi repris de la vigueur dans les anciens États qui composaient l’Union soviétique. En Russie, les cas diagnostiqués sont ainsi passés de 40 000 en 2006 à 60 000 en 2011, notamment parmi les usagers de drogues et les prostituées.
L’organisation Onusida rappelle enfin que 7 millions de personnes qui auraient besoin d’un traitement dans le monde ne sont pas soignées faute de financements. Au total, 16,8 milliards de dollars (13,1 milliards d’euros) ont été mis à la disposition de la lutte contre le sida en 2011. À l’horizon 2015, l’Onusida estime qu’il faudrait entre 22 et 24 milliards dollars par an pour enrayer le fléau.
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Michel Sidibé : « Améliorer le dépistage et l’accès aux soins »
Directeur exécutif d’Onusida, Michel Sidibé explique les prochains défis en matière de dépistage et de traitement du sida ?
« L’accès aux services et aux traitements dans le monde a produit des résultats positifs. Sur tous les continents, on constate un recul des nouvelles infections et de la mortalité. Grâce aux investissements, aux progrès de la médecine, à la définition des priorités, les engagements politiques ont été transformés en engagements sur le terrain.
POPULATIONS À RISQUES
Mais de nombreux défis nous attendent en matière de dépistage ou d’accès aux soins. Je pense notamment aux populations à risques. En Asie, en Afrique, en Europe de l’Est, des groupes particulièrement vulnérables ne sont pas suivis, car ils sont en infraction avec les lois de leurs gouvernements.
Des exemples ? En Ukraine, 20 % des prostituées sont infectées. Un taux qui grimpe à 35 % en Ouganda. Si on écarte ces groupes à risques de l’accès aux soins, il sera impossible de contenir l’épidémie.
RÉDUIRE LES COÛTS POUR TRAITER PLUS
Autre enjeu : proposer, d’une part, de nouvelles molécules aux patients traités et, d’autre part, intégrer les 7 millions de personnes qui ne reçoivent aujourd’hui aucun traitement. Cela passe par la réduction des coûts, la mise en place de nouvelles sources de revenus tel que la taxe sur les transactions financières et la contribution des pays touchés par l’épidémie. »
La Croix