Réduction de la mortalité maternelle et néonatale : le Niger adopte sa feuille de route 2025-2030
Cinq mois après le Forum national sur les décès maternels et périnatals, les autorités sanitaires du Niger passent à l’action. Du 22 au 23 avril 2025, un atelier national de validation de la feuille de route pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle et périnatale se tient à l’Africa Hall de Niamey. Fruit d’un processus collaboratif conduit par le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique avec l’appui déterminant de partenaires comme l’UNICEF et l’UNFPA — qui ont non seulement financé, mais également accompagné chaque étape de son élaboration — ce document stratégique est attendu comme un levier majeur pour enrayer les décès évitables liés à la grossesse et à l’accouchement. La rencontre vise à consolider les acquis du forum national et à opérationnaliser les engagements pris pour sauver des vies.
Présidée par Abdoulaye Alhassane, secrétaire général adjoint du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, la rencontre réunit un large éventail d’acteurs : représentants du gouvernement, responsables sanitaires, partenaires techniques et financiers (UNFPA, UNICEF, OMS, Pathfinder...), ONG et associations, ainsi que des experts de terrain.
Avec 441 décès pour 100 000 naissances vivantes (OMS, 2020), le Niger demeure l’un des pays les plus touchés par la mortalité maternelle dans le monde. Côté néonatal, 24 nouveau-nés sur 1 000 meurent avant leur premier mois. Des chiffres alarmants qui rappellent l’urgence d’une mobilisation coordonnée à tous les niveaux.
Face à ce constat, le Forum national placé sous le thème « Plus jamais de décès maternels et périnatals évitables au Niger. Agissons ensemble ! », tenu en novembre 2024 – précédé de forums régionaux – avait permis l’adoption de la Déclaration de Niamey, posant les bases d’un engagement multisectoriel pour "dire stop" aux décès évitables. L’atelier de cette semaine vise à valider la feuille de route élaborée en mars dernier à Dosso, fruit d’une retraite stratégique entre experts nationaux et partenaires.
Un document stratégique, un engagement collectif
Cette feuille de route, qui sera enrichie par les contributions des participants à l’atelier, a vocation à devenir le référentiel national des actions à mener pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) d’ici 2030. Elle s’inscrit dans l’Axe 2 du Plan de Résilience pour la Sauvegarde de la Patrie, dédié au développement du capital humain et à l’accès aux services sociaux de base.
Parmi les mesures déjà engagées pour réduire les obstacles à l’accès aux soins figurent : la gratuité des accouchements assistés et des césariennes. Le gouvernement a également institué la gratuité des soins prénatals et postnatals, ainsi que la vaccination et les soins pour les enfants de moins de cinq ans. En parallèle, une réduction de 50 % des tarifs des soins de santé a été appliquée, afin de soulager davantage les ménages vulnérables.
Soutien indéfectible à la lutte contre la mortalité maternelle et néonatale
En prenant la parole, M. Saidou Kaboré, Représentant Résident de l’UNFPA au Niger, a salué l’engagement des autorités nigériennes, en particulier celui du ministre de la Santé. « Ce travail accompli jusque-là a atteint l’essentiel des attentes du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie », a-t-il souligné, tout en adressant ses félicitations pour la récente nomination du ministre.
Le représentant de l’UNFPA a également mis en exergue les efforts des équipes du ministère et l’importance d’une action collective pour sauver des vies : « Cette lutte, vitale pour l'avenir de la nation, place la santé des femmes et des nouveau-nés au cœur des priorités nationales ».
M. Kaboré a rappelé l’importance du Forum national sur les décès maternels et périnatals évitables, tenu en novembre 2024, et salué les initiatives qui en ont découlé, notamment le téléthon de mobilisation des ressources domestiques. Ces démarches, selon lui, traduisent une « volonté forte d’agir et de fédérer les énergies ».
Face à une situation toujours préoccupante — avec un taux de mortalité maternelle de 441 décès pour 100 000 naissances vivantes et 24 décès néonatals pour 1 000 naissances — le représentant onusien a appelé à maintenir la mobilisation : « Ces chiffres traduisent la nécessité d'une action urgente et coordonnée pour atteindre les Objectifs de Développement Durable à l'horizon 2030 ».
En évoquant la retraite stratégique de Dosso, qui a permis l’élaboration de la feuille de route, M. Kaboré a insisté sur l’importance de l’atelier de validation comme « étape décisive dans notre quête de justice sociale et de dignité humaine ».
Enfin, il a réaffirmé l’engagement du Système des Nations Unies aux côtés du Niger : « Ensemble, nous continuerons à œuvrer pour que plus aucune femme ne meure en donnant la vie, et pour que chaque nouveau-né ait une chance de survie dès sa naissance ».
Santé maternelle et périnatale : les autorités déterminées à transformer les engagements en actions concrètes
En ouvrant l’atelier national de validation de la feuille de route pour la réduction de la mortalité maternelle et périnatale 2025-2030, le Secrétaire général adjoint du Ministère de la Santé, Abdoulaye Alhassane, a salué une étape déterminante dans la lutte contre les décès évitables liés à la grossesse et à l’accouchement. « Votre présence constitue un heureux présage, celui de votre détermination à accompagner notre Ministère dans la dynamique ainsi impulsée pour inverser la tendance actuelle de nos indicateurs de santé de la mère et de l'enfant », a-t-il déclaré à l’ouverture de l’atelier.
Cinq mois après le forum national de novembre 2024, précédé par des fora régionaux, les engagements pris trouvent aujourd’hui un prolongement concret. Le ministère, avec le soutien de ses partenaires techniques et financiers, a élaboré un outil stratégique clé. « Le Ministère de la Santé et de l'Hygiène Publique s'est engagé avec l'appui des partenaires à élaborer une feuille de route pour l'accélération de la réduction de la mortalité maternelle et périnatale », a-t-il rappelé, remerciant notamment l’UNICEF et l’UNFPA pour leur appui financier et technique tout au long du processus.
Ce document, a-t-il précisé, s’inscrit dans la mise en œuvre du Plan de Résilience pour la Sauvegarde de la Patrie, en particulier dans son axe dédié au développement du capital humain. Il s’appuie sur des réformes déjà entamées, comme « la gratuité des accouchements assistés et des césariennes, des soins prénatals et postnatals, de la vaccination et des soins des enfants de moins de cinq ans, ainsi que la réduction de 50 % des tarifs des soins ». Des mesures qui visent à lever les barrières financières pour les familles.
Appelant à une mobilisation collective et durable, il a exhorté les participants à faire de la feuille de route « un guide, une boussole pour nos actions et initiatives ».
Deux jours d’échanges techniques pour un cap clair
Durant deux jours, les participants sont invités à travailler de manière méthodique sur les différentes composantes du document stratégique. La première journée, mardi 22 avril, est consacrée à la présentation de la feuille de route, suivie d’un examen critique et d’un amendement détaillé des activités proposées. La deuxième journée, mercredi 23 avril, débute par l’adoption du rapport de la veille, avant de se pencher sur les mécanismes de suivi-évaluation et le cadre institutionnel de mise en œuvre. Les travaux s’achèvent sur une synthèse assortie de recommandations, avant la clôture officielle de l’atelier en début d’après-midi.
Alors que les travaux de l’atelier de validation battent leur plein à Niamey, l’enjeu est désormais clair : transformer les engagements en résultats concrets sur le terrain. La feuille de route 2025-2030 ne doit pas rester un document de plus, mais devenir le socle d’une action coordonnée, soutenue et durable. Car derrière chaque chiffre, chaque statistique, il y a des vies à sauver. Pour que plus jamais au Niger, donner la vie ne soit une cause de mort.
Moustapha Siddo (actuniger.com)