Urgent : l’opposition rejette le verdict de la Cour constitutionnelle et lance un mot d’ordre de désobéissance civile

Dans une déclaration publiée en début de soirée et lue par Mahamane Ousmane, le candidat du RDR Tchanji, les leaders de l’opposition politique ont rejeté en bloc,  les résultats définitifs du second tour de l’élection présidentielle qui ont été proclamés la veille par la Cour constitutionnelle. Se basant sur une série de griefs dans la procédure au niveau de la haute cour et les irrégularités constatées lors du scrutin, ils ont appelé à une mobilisation permanente et sans délais sur toute l’étendue du territoire national pour défendre la victoire du candidat Ousmane. L’opposition a également lancé un appel aux corps constitués et aux Forces de défense et de sécurité (FDS) à « accompagner la lutte du peuple souverain pour le triomphe de la vérité et de la démocratie », en s’abstenant « d’obéir à des ordres illégaux donnés par des autorités elles-mêmes illégales et illégitimes ».

C’est aux environs de 20h00 que le candidat du RDR Tchanji s’est prononcé pour la première fois depuis la proclamation  par la Cour constitutionnelle, la veille à la même heure, des résultats du second tour de l’élection présidentielle du 21 février dernier. Le candidat de l’opposition politique était entouré pour la circonstance des leaders de la coalition des partis membres de l’opposition politique avec qui il s’est concerté toute la journée sous la pression des militants gonflés à bloc et qui se sont massivement amassés à la devanture et aux alentours de son domicile depuis la matinée, exigeant une réaction de l’opposition. Malgré l’appel au calme des leaders de l’opposition et les jets de gaz lacrymogènes des forces de l’ordre qui ont tenté de disperser cette manifestation spontanée,  la pression n’a cessé de monter jusqu’en début de soirée et la déclaration du candidat Ousmane et des leaders de l’opposition.

Dès l’entame de ses propos, Mahamane Ousmane a annoncé les couleurs des intentions de l’opposition. « En procédant nuitamment, le dimanche 21 mars 2021, à la proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle, la Cour constitutionnelle s’est placée de fait au dessus de la volonté populaire violant ainsi  les dispositions des lois et règlements, et plus particulièrement la Constitution de laquelle elle tire sa légitimité et ses prérogatives », a estimé le candidat de l’opposition qui s’est demandé comment la Cour peut proclamer les résultats alors que l’instruction de la requête soumise à elle n’est pas terminée. Selon lui, il y a eu violation de la procédure puisque ni lui et ni ses avocats n’ont pas reçu notification des observations à la réplique de celle soumise par le candidat Bazoum en réponse à la requête déposé par les avocats. En conséquence, a poursuivi l’ancien chef de l’Etat, « nos réclamations n’ont pas été traitées en vertu de nos réclamations préalables d’avant dire droit ». L’ancien chef de l’Etat est ensuite revenu sur les « nombreuses irrégularités » qui ont entaché le scrutin du 21 février dernier dans certaines circonscriptions, et dont la Cour n’a pas tenu compte malgré « les preuves irréfutables » qui ont été mises à sa disposition à travers le recours en annulation. « Manifestement, la Cour s’est précipitée pour expédier ce contentieux électoral avant la date butoir du 26 mars, ce qui traduit en soi un déni de justice », a estimé Mahamane Ousmane qui a également expliquer que la Cour s’est ainsi, « mise en porte-à-faux avec sa propre jurisprudence ».

« Nous ne pouvons pas laisser notre victoire  confisquée par une oligarchie dans le but de se maintenir au pouvoir coûte que coûte ». Mahamane Ousmane.

Dans sa déclaration, le candidat de l’opposition a souligné que c’est au vu de toutes ces violations des dispositions de la Constitution et du Code électoral par la Cour constitutionnelle, des « irrégularités dument constatées lors du scrutin », et du choix massivement porté par le peuple « en faveur de sa modeste personne », que l’opposition a décidé de prendre ses responsabilités.

Ainsi et conformément au préambule de la constitution que l’ancien président a cité une partie, l’opposition a lancé un appel au « peuple souverain », « de  se mobiliser  sans délai comme un seul homme dans la cohésion et la fraternité pour défendre sa souveraineté à travers une marche démocratique et pacifique afin de faire échec par tous les moyens de droit à cette tentative d’usurpation du pouvoir ». Au corps diplomatique, l’opposition a lancé un appel pour accompagner le Niger pour le triomphe de la démocratie et de la république afin de garantir la paix et la cohésion au Niger et dans la sous-région. Enfin, aux corps constitués et aux Forces de défense et de sécurité (FDS), la coalition des fronts de l’opposition politique a appelé à « soutenir la lutte du peuple nigérien et à ne pas obéir à un ordre manifestement illégal, de surcroit par des autorités elles-mêmes illégales et illégitimes ». Un véritable appel à la désobéissance civile qui risque d’exacerber le climat politique marqué depuis des mois par de vives tensions.

Ikali Dan Hadiza (actuniger.com)