Réunion des ministres de la culture de l’ACP : à Niamey, un plaidoyer pour faire de la culture un vecteur de développement durable
Les ministres de la culture des pays membres du Groupe ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) tiennent, du 19 au 20 octobre au Palais de Congrès de Niamey, leur 5e Réunion sous le thème : « Renforcer et diversifier les partenariats pour les cultures ACP ». C’est le président de la République du Niger, SEM Issoufou Mahamadou, qui a présidé l’ouverture officielle de la rencontre, qui s’est déroulée en présence des présidents des institutions nationales, des membres du gouvernement, du secrétaire général du Groupe des Etats membres de l’ACP, des représentants du corps diplomatique et consulaire, ainsi que des organisations internationales (UE, UNESCO, CEA), et les autorités administratives, religieuses et coutumières de la région de Niamey.
Dans le discours d’ouverture officielle qu’il a prononcé à cette occasion, le président Issoufou Mahamadou a tout d’abord tenu à remercier les participants, pour avoir massivement fait le déplacement au Niger. Il a ensuite abordé les thématiques qui ont été choisies pour cette rencontre, et qui correspondent, selon le chef de l’Etat, « aux préoccupations de nos peuples ». A ce sujet, le président nigérien a longuement insisté sur les enjeux du changement climatique, en particulier pour les pays du Sahel et du Bassin Lac Tchad, ainsi que le rôle que la culture peut jouer afin de contribuer à la lutte contre leurs conséquences que sont la pauvreté et les attaques terroristes. Le chef de l’Etat a mis en évidence la forte corrélation entre la culture et le développement socioéconomique, d’où la nécessité, selon SEM Issoufou Mahamadou, « d’intégrer les questions sociales, environnementales et économiques à celles du développement ». C’est du reste, a poursuivi le président nigérien, ce qui explique le choix des organisations internationales et des Etats à inclure la culture dans les politiques de développement durable et d’en faire le quatrième pilier. « La culture doit participer à la construction d’un meilleur avenir pour l’humanité, d’un monde plus soucieux d’humanité que de rentabilité », a souligné avec force le Président Issoufou Mahamadou pour qui, « la culture doit être à la fois un vecteur et un catalyseur du développement durable afin de contribuer à une utilisation appropriée des ressources de la planète, mais aussi de permettre le renforcement de la résilience des communautés à travers des mesures d’atténuation et d’adaptation ».
Au cours de son allocution, le chef de l’Etat a appelé à réfléchir sur le modèle culturel qui favorise la relation entre l’homme et la nature, celui qui renforce la responsabilité de l’homme vis-à-vis de la nature. Il a en ce sens, évoqué la place primordiale qu’il a donnée à la valorisation de la culture dans son Programme de gouvernance, notamment la Renaissance Culturelle qui promet trois grandes modernisations que sont la modernisation sociale, la modernisation politique et celle économique.
« Le Niger s’est, pour sa part, résolument engagé dans la mise en œuvre au plan domestique des différents engagements pris au niveau de notre partenariat ACP. Notre objectif, c’est de promouvoir une véritable renaissance culturelle dans notre pays en la plaçant au rang des priorités du Gouvernement nigérien. C’est pourquoi nous avons pris les dispositions nécessaires pour garantir l’effectivité que nous voulons à la renaissance culturelle dans notre société, en créant un département ministériel qui lui est dédié, à savoir le Ministère en charge de la Renaissance Culturelle, des Arts et de la Modernisation sociale ». SEM Mahamadou Issoufou.
Plaidoyer pour un financement conséquent du secteur de la culture
En plus de l’allocution solennelle du chef de l’Etat, plusieurs autres interventions ont marqué la cérémonie d’ouverture de la réunion des ministres de la culture des pays membres de l’ACP. Il y avait tout d’abord celle de bienvenue du gouverneur de la région de Niamey, M. Issaka Hassane Karanta, celle de Dimiri Sanga, directeur régional de l’Afrique de l’Ouest de l’UNESCO, ainsi que les allocutions du sous-secrétaire général du groupe des Etats ACP, Léonard-Emile Ognimba, de la représentante de l’UE et du message de la sous-secrétaire générale de l’ONU et secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).
En prenant la parole à son tour, le ministre nigérien de la Rénaissance culturelle, des arts et de la modernisation sociale, Assoumana Malam Issa, a sacrifié également à la tradition, en souhaitant la bienvenue à ses homologues ministres et experts des Etats membres du groupe ACP. « Le Niger, pays de traditions et de diversité culturelle, est fier d’accueillir sur son sol les présentes assises. Cette fierté est d’autant plus justifiée que notre importante rencontre se tient juste un peu plus de trois mois après l’organisation réussie de la conférence des Chefs d’Etat de l’Union africaine que notre pays a accueilli en juillet passé », a déclaré le ministre, avant d’ajouter que, « ce regain d’intérêt nous honore et témoigne, si besoin est, de la confiance que vous placez en notre pays et à ses dirigeants ». Le ministre Assoumana Malam Issa a souligné que les panels qui seront animés pendant les deux jours de travaux, portent sur des thèmes aussi pertinents les uns que les autres, avant de rassurer les participants à la rencontre de Niamey, que dans la même foulée que la quatrième conférence de Bruxelles, le dispositif d’évaluation de la mise en œuvre des décisions qui seront prises sera maintenu. « En plus, un plaidoyer fort est mené auprès des chefs d’Etat pour notamment renforcer le dispositif de financement du secteur de la culture et pour promouvoir des partenariats intra-ACP qui mettent l’accent sur le partage d’expérience et de bonnes pratiques avec l’implication des organisations régionales et sous régionales », a annoncé le ministre Assoumana Malam Issa.
« Il est temps que nos Etats replacent la culture au cœur de nos politiques publiques pour en faire le principal levier du développement durable. Notre pays, le Niger, a emprunté ce chemin salutaire en faisant de la culture la pouture du programme de développement économique et sociale 2017-2021 ». M. Assoumana Mallam Issa.
Des échanges et des engagements pour la promotion de la culture
Peu après la cérémonie d’ouverture, qui a été agrémentée par la prestation de plusieurs artistes nigériens, représentant un échantillon de la riche culture nigérienne, les participants ont entamé les travaux proprement dits de la rencontre. Plusieurs activités sont prévues au menu de la rencontre de Niamey, qui a enregistrée une participation record, tant au niveau des ministres que des pays représentés. Au cours de la session, et en plus des sessions thématiques sur le financement du secteur de la culture, les ministres en charge de la culture des pays membres de l’ACP vont faire le bilan et échanger sur les engagements pris à Bruxelles, lors de leur 4e rencontre. Il s’agit, entre autres, du renforcement de la coopération et de la solidarité au niveau régional, interrégional et international ; la reconnaissance de la culture comme moteur de croissance économique et d’emploi, l’intégration effective de la culture dans les politiques et stratégies de développement ; la protection efficace des œuvres littéraires et artistiques ainsi qu’une meilleure circulation des biens et services culturels au sein de l’espace ACP ; et la participation accrue des femmes et des jeunes aux industries culturelles et créatives. Les ministres en charge de la Culture des pays membres du groupe ACP présents à Niamey, auront également à réfléchir sur l’entreprenariat culturel, la création d’emplois, le renforcement et la diversification des partenariats, ainsi que la contribution des industries culturelles et créatives au développement.
Il convient de noter qu’en prélude à la rencontre des ministres, une réunion préparatoire des experts s’est tenue, du 17 au 18 octobre toujours dans la capitale nigérienne, et a balisé les travaux pour les ministres notamment pour ce qui des aspects relatifs aux nouveaux mécanismes de financement de la culture, ainsi qu’aux questions d’actualités telles que les effets du changement climatique, ou la réduction de la pauvreté.
Abdoul Karim Moumouni (actuniger.com)
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