Démocratie en Afrique : à Niamey, une conférence internationale sur les enjeux de la limitation des mandats
La capitale du Niger accueille, du 2 au 4 octobre, une Conférence internationale sur le Constitutionnalisme et la consolidation de la démocratie en Afrique. Organisée à l’initiative du NDI, la rencontre réunit d’anciens chefs d’Etat, des experts ainsi que des représentants de la société civile et des médias, sur les défis et les enjeux de la limitation des mandats en Afrique.
C’est un honneur qui vaut tout son pesant d’or et qui témoigne du choix porté sur le Niger pour accueillir la Conférence internationale sur le Constitutionnalisme et la consolidation en Afrique, qui se tient à l’hôtel Radisson Blu de Niamey, du 2 au 4 octobre. La cérémonie officielle du Sommet a été rehaussée par la présence du Président de la République, SEM Issoufou Mahamadou, qui a, à l’occasion, prononcé une allocution qui cadre parfaitement avec le contexte marqué par de nouveaux défis à la consolidation démocratique en Afrique. Devant les représentants du gouvernement, des présidents d’institutions ainsi que d’anciens chefs d’Etat et experts, le chef de l’Etat nigérien s’est fait l’avocat de la limitation des mandats en Afrique, comme une des exigences de la dynamique démocratique en cours sur le continent. « Les limitations de mandat renforcent à long terme les institutions démocratiques et contribuent à la passation pacifique du pouvoir, et elles garantissent l’exercice, à intervalles réguliers, d’une expression libre du peuple », a mis en avant le président lors de son discours d’ouverture, au cours duquel il a également donné un aperçu de la situation actuelle en Afrique, où 35 pays limitent les mandats, 12 n’ont aucune limitation, six ont aboli la limitation et deux ont modifié la limitation. Pour le Président Mahamadou Issoufou, « les limitations de mandat renforcent à long terme les institutions démocratiques et contribuent à la passation pacifique du pouvoir, et elles garantissent l’exercice, à intervalles réguliers, d’une expression libre du peuple ». c’est pourquoi, a expliqué le chef de l’Etat nigérien, « au Niger, nous avons fait de la consolidation des institutions démocratiques une des huit priorités du programme de renaissance du Niger ». Afin de joindre l’acte à la parole, le président Issoufou Mahamadou a profité de l’occasion pour réitérer son engagement de quitter le pouvoir en 2021, au terme de ses deux mandats constitutionnels.
« Je respecterai scrupuleusement les dispositions de la République du Niger. Je crois à la nécessité de l’alternance démocratique qui permet la respiration démocratique. Mon désir le plus ardent est de passer le pouvoir en 2021 à un successeur démocratiquement élu, ce sera une première dans notre pays depuis son accession à l’indépendance ». SEM Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger.
La limitation des mandats présidentiels, un défi pour la démocratie africaine
La Conférence internationale est organisée par le National Democratic Institute (NDI), en partenariat l’Africa Forum, l’Open Society Initiative for West Africa (OSIWA) et la Fondation Kofi Annan. Elle a enregistré la participation de plusieurs anciens chefs d’Etat du continent notamment Goodluck Jonathan du Nigéria, Nicéphore Soglo du Benin, Amos Sawyer du Libéria, Mahamane Ousmane du Niger et Mme Samba Penza Catherine de la Centrafrique. Durant les trois jours de travaux, ils échangeront avec des experts de la CEDEAO et de l’Union africaine (UA), des chercheurs, hommes politiques et représentants des médias et d’associations de la société civile (Tournons la page, Africtivistes,…) sur l’un des défis les plus urgents pour le progrès démocratique sur le continent, qui est l’érosion de l’Etat de droit constitutionnel notamment par la modification des limite des mandats présidentiels. « Le NDI est honoré de donner aux leaders de la société civile et aux hommes d’Etat africains l’opportunité de se réunir afin d’échanger sur la consolidation de la démocratie à travers le respect de la limitation des mandats présidentiels, un problème majeur ayant un impact négatif sur le progrès de la démocratie sur le continent », a expliqué l’ambassadeur Derek Mitchell, le président du NDI.
Au cours de leurs travaux, les participants échangeront et débattront à travers des panels sur les expériences vécues par les anciens chefs d’Etat invités à Niamey, et qui ont quitté pacifiquement le pouvoir. Des cas d’école qui ne sont pas légions sur le continent malgré les progrès enregistrés dans certains pays ces dernières années. Lors de l’ouverture du Sommet, le Directeur Afrique au NDI, Dr Christopher Fomunyoh, a expliqué le contexte dans lequel se tient le Sommet de Niamey, ainsi que les perspectives qu’il ouvre pour accompagner la consolidation de la démocratie en Afrique.
« Le Sommet sur la limitation constitutionnelle des mandats arrive au bon moment où le processus démocratique rencontre des difficultés dans certains pays africains. Le Sommet offrira une opportunité aux dirigeants et aux activistes du continent, l’occasion de réfléchir sur comment appuyer le renouvellement de la classe politique à travers les urnes ». Dr. Christopher Fomunyoh, Directeur Afrique au NDI.
La consolidation de la démocratie, un enjeu majeur pour le continent
La cérémonie d’ouverture a été également marqué par plusieurs interventions notamment celle de SEM. Eric Whitaker, ambassadeur des USA au Niger, ainsi que celle de Dickson Omondi, le directeur régional du NDI pour l’Afrique australe et orientale. Les anciens présidents du Sao Tomé et Principe, Michel Travoda, et du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf, ont également intervenu au cours de la cérémonie d’ouverture par vidéo conférence. Dans leurs différentes interventions, ils ont salué les efforts du continent en matière de promotion de la démocratie, tout en relevant les défis qui persistent afin de consolider cette dynamique aux perspectives prometteuses pour les droits humains. De son coté, l’ancien président du Bénin, et président de l’Africa Forum, Nicéphore Soglo, a rappelé les enjeux de la limitation des mandats pour la démocratie africaine, tout en évoquant les raisons de la réticence au niveau de la CEDEAO ou de l’UA, sur une position de principe sur cette question. Il a toutefois estimé, qu’avec la dynamique actuelle, l’espoir est de nouveau permis car partout, souffle le vent de la démocratie et les citoyens sont plus que jamais déterminés à revendiquer et à protéger leurs droits civiles et politiques.
Les travaux proprement dits du Sommet se poursuivent avec différents panels animés par d’éminentes personnalités ainsi que les témoignages d’anciens chefs d’Etat et le plaidoyer des activistes de la société civile. Plusieurs thématiques seront débattues au cours de la Conférence, notamment sur les principes directeurs du constitutionnalisme, de l’Etat de droit et du respect de la limitation des mandats, la facilitation du transfert pacifique du pouvoir présidentiel, ou la vie après le pouvoir exécutif.
Au terme de ce sommet, qui entre dans le cadre de « l’Initiative sur la limitation des mandats constitutionnels » du NDI, un programme d’appui aux dirigeants politiques et à la société civile sera lancé, pour promouvoir le respect des limites des mandats présidentiels.
A.Y.Barma (Actuniger.com)
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