Diplomatie : non, le Niger ne va pas (pour le moment) rétablir ses relations avec Israël (Officiel)
Encore une intox qui fait déjà grand bruit ! Depuis quelques jours, des informations relayées par d’obscurs pages sur les médias sociaux, font état d’une prochaine reprise des relations diplomatiques entre le Niger et l’Etat d’Israël. Des informations qui ont été d’abord distillées par des médias israéliens, notamment le « Time of Israël », qui a cité des sources officielles israéliennes, dans le sillage de la nouvelle offensive de l’Etat juif en Afrique.
Ces rumeurs viennent d’être remises à l’ordre du jour par une page non officielle « Turquie en force news », qui dans un post sur sa page facebook daté du lundi 23 janvier 2019, a écrit que « le Président du Niger, Mahamadou Issoufou, s'est dit favorable à un rétablissement des relations diplomatiques avec Israël, rompues depuis 2000 lors de la deuxième Intifada en Palestine. Israël aurait proposé à Niamey, une aide militaire Israélienne contre le terrorisme, qui sévit dans le nord du pays, aux frontières sud de l'Algérie ».
Démenti officiel
« Il ne peut y avoir des relations diplomatiques avec Israël dans le contexte d'occupation de la Palestine », a tout simplement démenti le ministère des Affaires étrangères contacté par Actuniger. Pour qu’il y ait reprise, il y a des conditions préalables, et actuellement les deux pays n’en sont pas encore-là, confirme la même source. Il s’agit donc à l’évidence d’une fake news qui a été amplifiée par l’opération de charme que mène depuis un certain temps, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, en Afrique et notamment dans les pays à majorité musulmane. D’autant que ces annonces non officielles interviennent après le succès de la diplomatique israélienne avec le Tchad d’Idriss Déby, avec qui Israël vient juste de rétablir ses relations interrompues depuis 1972. Des contacts ont également été pris avec plusieurs pays de la sous-région notamment le Mali, le Sénégal ou la Guinée, lesquels se sont montrés prédisposés à envisager une probable reprise des relations, ce qui est encore non encore confirmée, mais conforté par l’arrivée de plusieurs diplomates israéliens dans des pays de la sous-région.
Bien que des contacts puissent également être établis dans le cadre de ce retour d’Israël en Afrique de l’ouest, le gouvernement nigérien n’envisage donc pas pour le moment de rétablir ses relations avec l’Etat hébreux. Une position de principe qui est restée constante depuis plusieurs années. On se rappelle qu’en 2017, le Niger était, avec la Mauritanie et le Mali, l’un des pays qui se sont fermement opposés à la tenue du sommet Israël-Afrique, qui était prévue du 24 au 26 octobre à Lomé au Togo. Le sommet a été par la suite renvoyé aux calendes grecques. Quelques mois auparavant, le 4 juin précisément, le président du Niger, Mahamadou Issoufou, avait boycotté le 51e sommet des chefs d’Etat de la CEDEAO de Monrovia au Liberia, en raison notamment de la présence comme invité d’honneur, du premier ministre israélien. Le roi du Maroc, Mohammed VI, invité également au sommet, avait annulé son déplacement au sommet pour les mêmes raisons, et c’est lors de cette rencontre que Benyamin Netanyahu s’était entretenu avec plusieurs dirigeants ouest-africains dont le malien IBK avec qui, il a été convenu d’un « réchauffement des relations diplomatiques entre le Mali et l’Etat d’Israël ».
Une position constante de la diplomatie nigérienne depuis 2002
La position constante du régime de Niamey remonte d’ailleurs à plusieurs années. En avril 2002, alors même que les relations entre le Niger et Israël étaient déjà rompues une nouvelle fois, l’opposition politique de l’époque avait organisé un gigantesque meeting à la Place de la Concertation devant l’Assemblée nationale, en soutien au peuple palestinien alors que l’armée israélienne était en pleine offensive militaire dans les territoires palestiniens. « Nous demandons au gouvernement nigérien de réaffirmer ses récentes prises de position en suspendant ses relations diplomatiques avec l'Etat d'Israël », avait alors demandé le chef de l’opposition nigérienne qui était réunie au sein de la Coordination des forces démocratiques (CFD). Le chef de l’opposition et auteur de la déclaration n’était autre que Mahamadou Issoufou, l’actuel chef de l’Etat nigérien. La manifestation de l’opposition faisait d’ailleurs suite à la déclaration officielle du gouvernement et des députés nationaux, qui ont tous et sans réserves, « condamnés l'agression israélienne et témoignés leur solidarité au peuple palestinien ».
Le Niger n’a officiellement aucune relation bilatérale avec Israël. Par le passé les deux pays avaient des relations diplomatiques, nouées en 1960 au lendemain de l’indépendance du Niger, avant qu’elles ne soient rompues en 1973. Elles ont été rétablies en 1996 sous le régime de Baré puis suspendues par le Niger en 2002 après l’arrivée au pouvoir de Tandja Mamadou. Depuis, aucune normalisation n’a été envisagée, le Niger étant un pays majoritairement musulman où la question palestinienne constitue un sujet assez sensible. Un aspect qui entre en jeu dans toute tentative de rapprochement entre Niamey et Tel-Aviv bien que les enjeux géopolitiques et intérêts stratégiques peuvent obéir à d’autres considérations pour un Etat comme on l’a vu dernièrement avec le Tchad. C’est aussi le cas du Mali où, d’après des sources officielles israéliennes, le premier ministre est annoncé prochainement à Jérusalem. Pour le Niger en tout cas, cela va devoir attendre…
A.Y.B (Actuniger.com)
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L'Alg