Politique au Niger : Nouveau gouvernement, nouvelle honte nationale
Après quelques semaines de suspens, le Président Issoufou Mahamadou vient de doter le pays d'un nouveau gouvernement qui aura la charge de déterminer et conduire la politique de la Nation.
La particularité de ce nouveau gouvernement, qui est toujours dirigé par M. Brigi Raffini, une "bête politique" devenue finalement incontournable pour préserver un certain équilibre, c'est d'abord l'entrée dans les rangs de quelques figures du MNSD-Nassara, un des principaux partis d'opposition qui a fini par comprendre, pendant qu'il est encore temps, que rester loin des affaires, dans un pays à la dérive totalement gangréné par la corruption, où ne semble s'offrir finalement aucune perspective immédiate de changement, est la pire des options pour des hommes et des femmes qui, de toutes les façons, ne sont arrivés à la politique que pour s'enrichir. Ce qui est logique, puisque l'enrichissement personnel reste et demeure l'un des seuls domaines où le régime en place a battu le record national jusque-là détenu par le régime de Tandja I où Hama Amadou et ses amis se constituaient une bonne petite fortune grâce aux LAP et aux PSOP que Issoufou et ses amis, alors opposants farouches, décriaient par des bruyantes manifs de rues et des motions de censure.
La particularité de ce gouvernement, c'est aussi son caractère pléthorique, avec quarante deux (42) ministres, dont certains attendront certainement plusieurs semaines avant d'avoir un bureau où recevoir courtisans et fournisseurs véreux. La taille de ce gouvernement, c'est en vérité l'indicateur le plus éloquent de son programme de renaissance, qui ne veut rien dire d'autre que morceler et partager ce qui reste de ce pays, après le pillage et l'accaparement de ses ressources, y compris les terres agricoles et pastorales, par les compagnies et les grandes puissances aujourd'hui présentes, y compris sur le plan militaire. Le morcellement et le partage, c'est le procédé ingénieux par lequel le Président de la République est parvenu à créer le gouvernement le plus nombreux au monde, celui qui lui confère, en sa qualité de chef de l'exécutif, les pouvoirs les plus étendus; mais, il faut dire que le morcellement et le partage, c'est aussi là qu'il faut chercher la raison pour laquelle Seyni et ses camarades du MNSD ont rejoint une majorité dont la seule raison d'être (ce qui l'a fondé) réside dans une sorte de résignation collective face à un régime que rien ne semble arrêter dans sa dérive.
En tout cas, une chose est sûre, la taille de ce gouvernement, dans un pays où l'État peine à payer ses fonctionnaires, à assurer la sécurité de sa population et à délivrer des services de base, est une honte nationale; elle signe l'insouciance d'une certaine élite politique face aux souffrances du petit peuple, et constitue le prélude à une véritable débâcle à laquelle cette élite se prépare déjà bien à travers morcellement et partage. La taille de ce gouvernement fait écho à celle du parlement où il n'y a plus assez de bancs pour les honorables; même s'il est vrai que pour la plupart d'entre eux, le plus important n'a jamais été d'avoir un banc où s'asseoir et débattre des problèmes du pays. L'essentiel est que les émoluments soient garantis.
Enfin, il faut dire que la taille de ce gouvernement s'inscrit dans la droite ligne de l'action destructrice en cours dans les grandes villes, notamment à Niamey et Zinder, où des centaines de pères et mères de familles assistent impuissants à la démolition de leurs biens, leurs kiosques et échoppes, qui représentent tout pour eux. Que peut-on attendre d'un Président qui a laissé faire, s'il ne l'a pas ordonné, une telle action destructrice, sinon que de donner au pays un gouvernement budgétivore ?
Qu'est ce que le Président peut craindre de son peuple, un peuple qui n'a pas pu se mobiliser face à tant et tant de dérives, y compris la destruction de pans entiers de l'économie urbaine (ce n'est pas un hasard s'il n'y a plus de portefeuille d'économie dans ce gouvernement), pour se sentir obligé de s'entourer d'un gouvernement restreint, alors qu'avec un gouvernement pléthorique, il est sûr de mettre à genoux cette bête indocile qu'est le Niger pour que ses amis d'outre-atlantique y installent leurs bases là où ils veulent et le maintenir aux affaires.
Moussa Tchangari (Alternative)
Commentaires
Nous sommes tous impuissants devant ce qui se passe sous nos yeux; la descente aux enfers du Niger, sur fond de corruption, d'injustice et que sais je encore! Personne pour arr
Quand Tu disait que: "Tarayya pr