KIOSQUE : Hassoumi Massaoudou règle ses comptes sur Jeune Afrique
Comme à ses habitudes, le ministre de l’Intérieur Hassoumi Massaoudou ne rate aucune occasion pour régler ses comptes avec les détracteurs du régime au travers de diatribes assez enflammées. Le dernier acte en date a été l’entretien qu’il a accordé à l’hebdomadaire français Jeune Afrique et qui a été publié dans l’édition 2844 du journal (en kiosque du 12 au 18 Juillet 2015).
De passage à Paris en début de ce mois, le premier flic du pays que Jeune Afrique, citant un diplomate à Niamey, considère comme « le ministre de la défense bis » a dressé l’état de la situation sécuritaire dans la région de Diffa ainsi que la guerre que mène le Niger contre Boko Haram. En matière de défense d’ailleurs, le journal a vu juste en estimant que le ministre de l’Intérieur parait « plus au fait de l’opérationnel que le titulaire du poste ». Avec quelques détails stratégiques et des analyses contextuelles, le ministre Hassoumi Massaoudou s’est montré rassurant en affirmant que « malgré les apparences, malgré ces attaques spectaculaires qui sont encore perpétrées, nous sommes en train de gagner la guerre contre Boko Haram ».
Il a profité de l’entretien pour revenir sur certains épisodes douloureux qui ont accompagné le début de la lutte contre la secte nigériane et la gestion des déplacés. Sur ce dernier point, il reconnait que « le gouvernement a été débordé par l’afflux des populations ». Il a de même expliqué les raisons qui ont conduit à l’évacuation des iles du lac Tchad à la suite de l’attaque de Karamga. Par rapport à la multiplication des attentats kamikazes qui semblent être devenue le fer de lance de la nouvelle stratégie de Boko Haram, le ministre de l’Intérieur a expliqué qu’il était plus facile pour la secte d’accéder à N’Djamena et de mener des attentats que Niamey qui se trouve à plus de 2000 kilomètres de leurs bases. C’est plutôt à Diffa que le risque est assez grand a estimé le ministre reconnaissant, toutefois, que « le risque zéro n’existe pas ».
Evoquant l’implantation du terrorisme au Niger et la radicalisation progressive de certains mouvements, Hassoumi Massaoudou a estimé que « pour le moment, le terrorisme au Niger est un terrorisme importé. En revanche, il est vrai que nous avons des sectes wahhabites, qui bénéficient de financements venus du Golfe, et des mosquées dont les prêcheurs viennent parfois du Moyen-Orient ou du Pakistan ». Revenant sur les manifestations Anti-Charlie, Massaoudou est resté droit dans ses bottes en réitérant que «ce qui s’est passé les 16 et 17 janvier est le fruit d’une instrumentalisation politique de l’opposition ».
Toutefois, il a annoncé certaines mesures prises par le gouvernement pour contenir la situation et qui ont consisté à interdire, dans certaines mosquées, les prêcheurs qui viennent du Moyen-Orient. « Nous allons prendre des mesures visant à encadrer, sur le modèle marocain, la pratique de l’islam et des prêches ».
« Hama et Seyni sont des enfants des régimes d’exception » Si, sur la question de la sécurité, le ministre s’est montré posé et relativement convainquant, sur la situation politique en revanche Hassoumi Massaoudou n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour charger les opposants du régime ainsi que certains acteurs de la société civile. S’agissant des prochaines élections, il a rassuré qu’elles se tiendront dans un climat apaisé même « si l’opposition fait tout pour que l’on n’aille pas aux élections, pour que l’armée interrompe le processus démocratique ». Les deux principaux leaders de l’opposition politique, Hama Amadou (Lumana) et Seyni Oumarou (MNSD) ont pris pour leurs grades. « Hama et Seyni sont des enfants des régimes d’exception. La démocratie, ce n’est pas leur affaire. Ils n’acceptent pas le fait démocratique si ce n’est pas avec eux » a déclaré Massaoudou sans prendre de gants ne serait-ce que pour faire un peu dans le politiquement correct. On remarquera qu’il a pris soin d’épargner Mahamane Ousmane pourtant président de l’opposition politique ARDR. En ces temps de veille électorale où tous les coups se préparent, ce qui est propice à une reconfiguration du jeu politique, aucun clin d’œil politique n’est anodin.
« Nouhou Arzika était le Blé Goudé nigérien sous Tandja »
Les acteurs de la société civile qui ont croisé le fer ces derniers temps avec le ministre de l’Intérieur ont également subit les tirs ciblés de Hassoumi Massaoudou. Selon lui, Moussa Tchangari est le numéro deux de l’Organisation révolutionnaire pour la démocratie nouvelle. « C’est un petit parti maoïste. M. Tchangari n’est donc pas un membre de la société civile ; c’est un homme politique qui rêve du grand soir et qui pense que Boko Haram est une insurrection populaire ». S’agissant de Nouhou Arzika, le ministre a rappelé que c’était l’un des acteurs du Tazartché. « C’était le Blé Goudé nigérien sous Tandja » a même proféré Massaoudou. On ne saurait peut-être jamais qui de Nouhou Arzika ou de Blé Goudé se sentira le plus offensé mais la référence ne déplaira pas au président du MPCR. En tout cas pour le premier flic du pays, ces gens-là qui sont financés par Oxfam sont tout sauf « des représentants d’une société civile pure qui se battrait contre des méchants comme moi ! ». En tout état de cause, le ministre Massaoudou a prévenu que le régime n’acceptera pas que, « par laxisme, ce qui s’est passé au Mali se passe au Niger. Vous vous rappelez Amadou Toumani Touré ? C’était le bon élève des ONG, il était célébré partout…Nous ne voulons pas finir comme lui ».
Enfin, dernier sujet évoqué, les relations entre le régime et la presse qui ne sont plus au beau fixe ces derniers temps à la suite de la série d’interpellations des journalistes. Ces derniers accusent régulièrement le pouvoir de vouloir restreindre la liberté d’expression. Mais le ministre Hassoumi Massaoudou a une autre appréciation de la situation : « il n’y a pas un pays dans la sous-région où la presse est aussi libre et impertinente que chez nous ». C’est dit et en noir sur blanc dans le texte ! A qui de droit d’apprécier…
A.Y.Barma
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Commentaires
C'est le peuple qui en dechargera l'arm
parler...'parler pr ne rien dire.
Mr le sinistre (oh pardn Ministre) aiyez un esprit d'analyse politiq.