Mahamane Tar Choukou, une victime emblématique du système Bazoum
Mahamane Tar Choukou, c'est certainement un nom que très peu de gens connaissent; puisqu'il n'est ni un artiste de renommée, ni une personnalité politique de haut rang. C'est un jeune cadre toubou, originaire de N'guigmi, dont l'histoire mérite d'être connue de tous;car, ce qui est arrivé à ce jeune homme peut arriver à n'importe qui, n'importe quel citoyen de ce pays dont le chemin croise celui de certains hommes de pouvoir.
Depuis quelques jours, Tar Choukou est pensionnaire de la prison civile de Kollo, après avoir passé près d'une trentaine de jours à la Cellule anti-terroriste de Niamey. Le jeune homme a été arrêté chez lui, à Zinder, le 7 novembre 2018. Qu'a-t-il pu faire pour être gardé à vue à la Cellule anti-terroriste pendant un mois ? C'est qu'il est sans doute suspecté d'être lié à une entreprise terroriste, diront certains; mais, ceux qui le connaissent ou qui ont lu les quelques posts consacrés sur son cas diront que Tar Choukou est victime du système de règlement de comptes du tout puissant ministre de l'intérieur, M. Bazoum Mohamed.
En effet, la première fois que le nom de ce jeune cadre toubou est apparu dans un post d'alerte autre que les siens, c'était quand il avait été chassé de son travail à la SONIDEP. Beaucoup disaient déjà que son licenciement était lié à son appartenance politique et que c'était l'oeuvre du ministre Bazoum Mohamed; car, il faut bien savoir que Tar Choukou est militant du parti Modem FA Lumana, un parti auquel il vaut mieux ne pas appartenir par ces temps d'exclusion partisane.
Selon ses amis, Tar Choukou a attaqué son licenciement en justice et a gagné son procès contre son employeur, la SONIDEP; et peu de temps après, il a été recruté par le CICR comme conseiller politique. Ce qui, on s'en doute, n'a pas fait plaisir à tout le monde, en particulier ceux qui l'ont fait chasser de son poste. Il était agent du CICR quand un nouveau chapitre de persécutions politiques s'est ouvert contre lui. Le ministre de l'intérieur, M. Bazoum, convoque le représentant du CICR pour lui signifier qu'il n'apprécie pas que la respectable organisation emploie quelqu'un qui critique régulièrement les autorités à travers ses posts sur facebook et qui a même eu l'outrecuidance d'envoyer un message désobligeant à un conseiller du Président de la République.
Ainsi, craignant de subir d'éventuelles représailles du tout puissant ministre d'État, Ministre de l'intérieur et de la sécurité publique, les responsables du CICR entreprennent quelques démarches pour se séparer à l'amiable de cet employé dont le maintien risque de causer quelques soucis. Le jeune toubou refuse cette offre, sans doute par fierté, et nie avoir envoyé un message désobligeant au conseiller du président de la République; mais, le ministre de l'intérieur parvient à confondre les responsables du CICR en leur montrant le message en question qu'il aurait obtenu, sur réquisition, auprès de l'opérateur de la téléphonie dont le réseau avait été utilisé.
Sur cette base, Tar Choukou est alors renvoyé de son travail; mais, il attaque en justice et gagne une fois de plus son procès. C'est pendant qu'il savourait sa seconde victoire judiciaire qu'il a été arrêté et confié à la cellule anti-terroriste; mais, on ne sait pas si sa barka le sortira encore d'affaire, comme elle l'a sauvé de deux licenciements abusifs, et comme elle lui a sauvé la vie quand le véhicule du CICR dans lequel il se trouvait avec d'autres collègues avait été pris pour cible de tirs lors d'une visite, dans le cadre de son travail, aux repentis de Boko Haram à Goudoumaria. Cette baraka ne le lâchera pas si tous ceux qui vont lire ce post ne banalisent pas cette histoire triste révélatrice de la dérive autoritaire dans notre pays.
C'est une histoire très grave, qui montre que des organismes aussi prestigieux que le CICR sont soumis à des pressions indignes d'un État signataire des instruments juridiques internationaux. C'est une histoire très grave, qui montre qu'un ministre qui veut régler ses comptes personnels avec un citoyen, peut obtenir, sur simple réquisition, d'un opérateur de téléphonie les messages passés sur son réseau que seule la justice peut l'obliger à donner. C'est une histoire très grave, qui montre que vous avez beau gagné des procès pour des abus commis à votre encontre, vous restez vulnérables et qu'on peut vous jeter en prison pour divers motifs. C'est une histoire très grave, qui montre qu'on peut invoquer contre n'importe qui, et pour des motifs parfois personnels, l'accusation de terrorisme ou de lien avec le terrorisme.
Moussa Tchangari (A.E.C)
Commentaires
Oui on comprend ais
La v
C,EST VRAIMENT DE L'ETHNOCENTRISME VOTRE LANGAGE
UN JEUNE CADRE NIGERIEN VOILA COMMENT L'APPELER