LETTRE CITOYENNE OUVERTE AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE : plaidoyer pour des élections inclusives en 2021
M.le Président de la République,
Le président Baré (Paix à son Âme), de son vivant, considérait comme le plus fréquentable des opposants « C'est Hama Amadou…Il me semble que c'est le plus intelligent d'entre eux. En tout cas, celui qui a le plus le sens de l'État… », lorsqu’en 1996, au plus fort de l’adversité politique, la question lui avait été posée par le célèbre journaliste malgache, Sennen Adriamirado de « Jeune Afrique.
C’est pourquoi, il me paraît logique de refuser toute combine visant à le disqualifier. Albert Einstein, a dit que « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent et laissent faire ». Et le Sage Amadou Hampathé Ba, l’a complété en disant : « En Afrique, un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Et c’ est pourquoi, puisque nous sommes tous appelés à quitter ce bas monde un jour, le jeune « vieillard » que je suis devenu en tant que modeste acteur de la scène politique nigérienne depuis la Conférence Nationale Souveraine (CNS) de 1991, j’ai jugé utile de restituer la portion de bibliothèque que je détiens, intacte, si toutefois, elle est à même de servir la démocratie nigérienne :
1 – Sur la participation des Forces Armées Nigériennes à la Conférence Nationale Souveraine
J’ai le devoir de vous rappeler que, face au refus des Forces Armées Nigériennes (FAN) de participer à la CNS ouverte le 29 juillet 1991, votre plus fidèle compagnon et membre actif de votre parti, M. Bazoum Mohamed, préoccupé par cette situation, m’avait approché en tant que délégué du Sénégal, siégeant au titre des Organisations Internationales, en vue de trouver un arrangement pour faciliter cette participation de l’armée avec l’aide de Ibrahim, comme il appelait le Chef de Bataillon Ibrahim Baré, alors Ambassadeur du Niger en Algérie. Son intervention sera décisive pour débloquer la situation. Mais à notre grande surprise, les camarades feront un usage mesquin de cette participation en tentant d’affaiblir les FAN dans les affaires « rébellion » et « tentative du coup d’Etat du 06 octobre 1983 ».
C’était un arrangement qui avait failli coûter très cher au président Baré.
2 - Sur le refus par le président Baré de disqualification les dirigeants de la Troisième République à l’élection présidentielle en 1996
Je dois également vous rappeler, que le même célèbre journaliste a trouvé curieux que le président Baré n’ait pas profité du Forum National du Renouveau Démocratique, organisé en avril 1996 en vue de revoir les textes fondamentaux, pour disqualifier ses adversaires à l’élection présidentielle du moment, dirigeants de la Troisième République qui avaient étalé leurs errements à la face du monde et lui posa la question. Vous connaissez sa réponse, publiée depuis lors : « Nous aurions peut-être pu le faire, mais qu'est-ce qu'on n'aurait pas dit alors ? Et pourtant, nous disposions d'assez de charges contre chacun d'entre eux pour les mettre à l'écart de la vie politique de manière durable. Il y a par exemple l'affaire de la reconnaissance de Taïwan grâce à laquelle ils ont tous reçu des fonds importants qu'ils n'ont pas déclarés. Avant d'arriver au pouvoir, ils avaient manifesté contre cette reconnaissance. Par la suite, ils se sont tous précipités pour défiler à Taïwan afin de recevoir des fonds. »
C’était un arrangement qui a finalement coûté très cher au président Baré.
3 – Sur la manipulation des projets de constitution et de code électoral en faveur d’un candidat en 1996, sous la Quatrième République
Vous souvenez-vous qu’au cours du Forum du Renouveau Démocratique tenu en avril 1996, le constituant avait proposé un projet de constitution et de code électoral consistant à porter l’âge minimal pour être éligible à la présidence de la République à « 45 ans au moins ». C’est dire que si cette disposition avait été maintenue en l’état, elle aurait d’office disqualifié votre seule candidature puisque vous n’étiez alors âgé que de 44 ans. Vous aviez démarché des proches parents du président Baré pour faire modifier cette disposition. Le président Baré accédera à votre requête. Mais avez-vous déjà oublié cette perche tendue à vous par le président Baré il y’a 22 ans et qui était une faveur familiale ?
Cet autre arrangement a coûté très cher par la suite au président Baré.
4 – Sur l’exigence indécente et anticonstitutionnelle du démantèlement de la Chambre constitutionnelle de la Cour suprême en 1996 et 1998
Vous rappelez-vous qu’en 1998, à la veille de la tenue des élections locales, vous aviez, en tant que membre de l’opposition au président Baré, alors regroupée au sein de l’ex FRDD, exigé et obtenu du président Baré, le « remplacement des membres de la Chambre Constitutionnelle de la Cour Suprême par de nouveaux membres ». Cette même demande avait été précédemment formulée par l’ex FRDD en 1996, à la veille des législatives. Au nom de la paix sociale et en respect au délai fixé par la Constitution, pour faciliter l’organisation des élections locales, sur fond d’agitation de certains de vos obligés tenus pourtant par l’obligation de réserve, qui a été déterminante, le Président BARE donnera suite à votre requête anticonstitutionnelle. C’est ce sacrifice que vous aviez demandé hier, que l’opposition vous demande aujourd’hui.
C’était encore un autre arrangement qui aura coûté très cher par la suite au président Baré.
5 - Elargissement d’un opposant célèbre en violation de la loi
Vous souvenez-vous que suite à l’Arrêt n°96-107/Ch. Cons du 21 juillet 1996 proclamant le président Baré élu à la présidence de la République à l’issue du scrutin présidentiel des 7 et 8 juillet 1996, le président du PNDS et candidat malheureux à cette élection présidentielle que vous étiez, avait cru devoir manifester dans la rue sans autorisation dans le cadre de l’ex Front pour la Restauration et la Défense de la Démocratie (FRDD). Mal vous en a pris, puisque vous serez emprisonné. Dura lex, sed lex (la loi est dure, mais c’est la loi).
Mais, suite à la médiation de votre camarade, Me Adrien Houngbedji, alors premier Ministre de la République Populaire du Bénin, vous serez élargi à peine deux (2) semaines après cette incarcération pour avoir reconnu avoir violé la loi en manifestant illégalement sur la voie publique.
C’était encore un arrangement qui a coûté très cher par la suite au président Baré.
6 – Sur le souhait exprimé de « soutenir » votre candidature
Je me suis retrouvé dans votre salon, en compagnie d’un autre camarade, en avril 1996, en tant que votre militant, à propos d’un « soutien » de votre candidature à l’élection présidentielle, dont je me garderai de révéler le contenu. Vous m’imposiez un choix cornélien entre vous, un grand–frère, président de mon parti, avec qui, jusque-là les relations étaient franchement fraternelles et cordiales, et mon frère biologique, dont la candidature non encore révélée, mais encouragée par des frères d’armes, dont les canons n’étaient pas encore refroidis de l’aventure de la prise du pouvoir en janvier 1996. J’ai été tout de même par la suite franchement très surpris, quand vous vous êtes mis à manifester violemment dans la rue pour qualifier l’élection du président Baré de « hold-up électoral ».
La Sagesse Wolof que j’ai eu le temps d’apprécier lors de mon long séjour au merveilleux pays de la Téranga, qui « recommande de ne pas dire tout ce que l’on sait », m’oblige en m’en arrêter là.
Pour toutes ces raisons ci-dessus évoquées, je vous demande de bien vouloir lever les points de blocage des négociations avec l’opposition, pour permettre au peuple nigérien d’avoir des élections inclusives en 2021, n’écartant aucun candidat ciblé, tout en respectant le principe du caractère impersonnel des lois de la république.
Veuillez agréer, Monsieur le président de la République, l’expression de ma déférence.
Djibrilla Mainassara BARE –
Ancien Délégué à la Conférence Nationale Souveraine
Ancien Président du PNDS Tarreya Section du Sénégal
Ancien Conseiller Spécial du Président de la République
- le Président de la République,
Le président Baré (Paix à son Âme), de son vivant, considérait comme le plus fréquentable des opposants « C'est Hama Amadou…Il me semble que c'est le plus intelligent d'entre eux. En tout cas, celui qui a le plus le sens de l'État… », lorsqu’en 1996, au plus fort de l’adversité politique, la question lui avait été posée par le célèbre journaliste malgache, Sennen Adriamirado de « Jeune Afrique. C’est pourquoi, il me paraît logique de refuser toute combine visant à le disqualifier. Albert Einstein, a dit que « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent et laissent faire ». Et le Sage Amadou Hampathé Ba, l’a complété en disant : « En Afrique, un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Et c’ est pourquoi, puisque nous sommes tous appelés à quitter ce bas monde un jour, le jeune « vieillard » que je suis devenu en tant que modeste acteur de la scène politique nigérienne depuis la Conférence Nationale Souveraine (CNS) de 1991, j’ai jugé utile de restituer la portion de bibliothèque que je détiens, intacte, si toutefois, elle est à même de servir la démocratie nigérienne :
1 – Sur la participation des Forces Armées Nigériennes à la Conférence Nationale Souveraine
J’ai le devoir de vous rappeler que, face au refus des Forces Armées Nigériennes (FAN) de participer à la CNS ouverte le 29 juillet 1991, votre plus fidèle compagnon et membre actif de votre parti, M. Bazoum Mohamed, préoccupé par cette situation, m’avait approché en tant que délégué du Sénégal, siégeant au titre des Organisations Internationales, en vue de trouver un arrangement pour faciliter cette participation de l’armée avec l’aide de Ibrahim, comme il appelait le Chef de Bataillon Ibrahim Baré, alors Ambassadeur du Niger en Algérie. Son intervention sera décisive pour débloquer la situation. Mais à notre grande surprise, les camarades feront un usage mesquin de cette participation en tentant d’affaiblir les FAN dans les affaires « rébellion » et « tentative du coup d’Etat du 06 octobre 1983 ».
C’était un arrangement qui avait failli coûter très cher au président Baré.
2 - Sur le refus par le président Baré de disqualification les dirigeants de la Troisième République à l’élection présidentielle en 1996
Je dois également vous rappeler, que le même célèbre journaliste a trouvé curieux que le président Baré n’ait pas profité du Forum National du Renouveau Démocratique, organisé en avril 1996 en vue de revoir les textes fondamentaux, pour disqualifier ses adversaires à l’élection présidentielle du moment, dirigeants de la Troisième République qui avaient étalé leurs errements à la face du monde et lui posa la question. Vous connaissez sa réponse, publiée depuis lors : « Nous aurions peut-être pu le faire, mais qu'est-ce qu'on n'aurait pas dit alors ? Et pourtant, nous disposions d'assez de charges contre chacun d'entre eux pour les mettre à l'écart de la vie politique de manière durable. Il y a par exemple l'affaire de la reconnaissance de Taïwan grâce à laquelle ils ont tous reçu des fonds importants qu'ils n'ont pas déclarés. Avant d'arriver au pouvoir, ils avaient manifesté contre cette reconnaissance. Par la suite, ils se sont tous précipités pour défiler à Taïwan afin de recevoir des fonds. »
C’était un arrangement qui a finalement coûté très cher au président Baré.
3 – Sur la manipulation des projets de constitution et de code électoral en faveur d’un candidat en 1996, sous la Quatrième République
Vous souvenez-vous qu’au cours du Forum du Renouveau Démocratique tenu en avril 1996, le constituant avait proposé un projet de constitution et de code électoral consistant à porter l’âge minimal pour être éligible à la présidence de la République à « 45 ans au moins ». C’est dire que si cette disposition avait été maintenue en l’état, elle aurait d’office disqualifié votre seule candidature puisque vous n’étiez alors âgé que de 44 ans. Vous aviez démarché des proches parents du président Baré pour faire modifier cette disposition. Le président Baré accédera à votre requête. Mais avez-vous déjà oublié cette perche tendue à vous par le président Baré il y’a 22 ans et qui était une faveur familiale ?
Cet autre arrangement a coûté très cher par la suite au président Baré.
4 – Sur l’exigence indécente et anticonstitutionnelle du démantèlement de la Chambre constitutionnelle de la Cour suprême en 1996 et 1998
Vous rappelez-vous qu’en 1998, à la veille de la tenue des élections locales, vous aviez, en tant que membre de l’opposition au président Baré, alors regroupée au sein de l’ex FRDD, exigé et obtenu du président Baré, le « remplacement des membres de la Chambre Constitutionnelle de la Cour Suprême par de nouveaux membres ». Cette même demande avait été précédemment formulée par l’ex FRDD en 1996, à la veille des législatives. Au nom de la paix sociale et en respect au délai fixé par la Constitution, pour faciliter l’organisation des élections locales, sur fond d’agitation de certains de vos obligés tenus pourtant par l’obligation de réserve, qui a été déterminante, le Président BARE donnera suite à votre requête anticonstitutionnelle. C’est ce sacrifice que vous aviez demandé hier, que l’opposition vous demande aujourd’hui.
C’était encore un autre arrangement qui aura coûté très cher par la suite au président Baré.
5 - Elargissement d’un opposant célèbre en violation de la loi
Vous souvenez-vous que suite à l’Arrêt n°96-107/Ch. Cons du 21 juillet 1996 proclamant le président Baré élu à la présidence de la République à l’issue du scrutin présidentiel des 7 et 8 juillet 1996, le président du PNDS et candidat malheureux à cette élection présidentielle que vous étiez, avait cru devoir manifester dans la rue sans autorisation dans le cadre de l’ex Front pour la Restauration et la Défense de la Démocratie (FRDD). Mal vous en a pris, puisque vous serez emprisonné. Dura lex, sed lex (la loi est dure, mais c’est la loi).
Mais, suite à la médiation de votre camarade, Me Adrien Houngbedji, alors premier Ministre de la République Populaire du Bénin, vous serez élargi à peine deux (2) semaines après cette incarcération pour avoir reconnu avoir violé la loi en manifestant illégalement sur la voie publique.
C’était encore un arrangement qui a coûté très cher par la suite au président Baré.
6 – Sur le souhait exprimé de « soutenir » votre candidature
Je me suis retrouvé dans votre salon, en compagnie d’un autre camarade, en avril 1996, en tant que votre militant, à propos d’un « soutien » de votre candidature à l’élection présidentielle, dont je me garderai de révéler le contenu. Vous m’imposiez un choix cornélien entre vous, un grand–frère, président de mon parti, avec qui, jusque-là les relations étaient franchement fraternelles et cordiales, et mon frère biologique, dont la candidature non encore révélée, mais encouragée par des frères d’armes, dont les canons n’étaient pas encore refroidis de l’aventure de la prise du pouvoir en janvier 1996. J’ai été tout de même par la suite franchement très surpris, quand vous vous êtes mis à manifester violemment dans la rue pour qualifier l’élection du président Baré de « hold-up électoral ».
La Sagesse Wolof que j’ai eu le temps d’apprécier lors de mon long séjour au merveilleux pays de la Téranga, qui « recommande de ne pas dire tout ce que l’on sait », m’oblige en m’en arrêter là.
Pour toutes ces raisons ci-dessus évoquées, je vous demande de bien vouloir lever les points de blocage des négociations avec l’opposition, pour permettre au peuple nigérien d’avoir des élections inclusives en 2021, n’écartant aucun candidat ciblé, tout en respectant le principe du caractère impersonnel des lois de la république.
Veuillez agréer, Monsieur le président de la République, l’expression de ma déférence.
Djibrilla Mainassara BARE –
Ancien Délégué à la Conférence Nationale Souveraine
Ancien Président du PNDS Tarreya Section du Sénégal
Ancien Conseiller Spécial du Président de la République
Commentaires
Il ne peut pas exister sans son fr
Si