LETTRE OUVERTE N° 4 : A SON EXCELLENCE MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DU NIGER (PAR Mr. Mohammed Elhadji Attaher)
Excellence, Monsieur le Président,
Cette lettre ouverte vous est adressée par un chevaleresque fils usant sans se lasser de sa plume pour contribuer et partager avec véhémence le cri d’un cœur, l’expression profonde d’une majorité silencieuse qui attend tant de vous et vous mettant à l’épreuve par la même occasion.
Après Trois précédentes missives j’ai enfin cru à la surdité humaine, et ai mesuré la grandeur de la persévérance qui me reste pour vous rendre moins audible mais encore plus affectif et attentif eu égard à vos illustres filles et fils de ce pays qui vous veulent en exemple et en un père exemplaire, qui lorsqu’on lui écrit s’évertue d’écouter, se tâche de répondre et prend plaisir de prendre en compte les conseils et les recommandations des membres du giron.
Monsieur le Président,
Après et avant la France, le Niger, nous avions appris à travers les ondes et même de vos compagnons ce qui avait prisé et sous-tendu votre récente rencontre avec votre homologue français traitant vos fils des militaires putschistes alors qu’ils sont civiles, les uns d’eux vos fidèles compagnons mais avec des statures et robes différentes. Cela n’est pas permis à un père, car un président ne dit pas ça ! Faudrait vous le rappeler, il y a des années en remontant des moments que ceux qui vous ont précédés avaient eu du respect pour vous et pour ceux-là mêmes que vous combattez aujourd’hui et pour qui vous exaltiez le mérite hier.
Monsieur le Président,
Votre tâche au lambeau blanc retient la vue de tous et que la prunelle de l’indifférence fait que je ne peux me taire sans jamais vous rappeler un devoir d’un père lorsqu’un fils clame son droit. La société civile nigérienne est reconnue par vous et de vous hier comme aujourd’hui comme étant un pilier indispensable de la démocratie et de sa viabilité, mais vos dires, gestes et faits vous éloignent d’un démocrates averti, d’un homme né des urnes, d’un parent issu d’une légitimité populaire comme vous l’aimeriez tant vous en targuer.
Depuis peu des contestations ici et là contre vos projets-loi- et prise de position sur certain de vos choix et que quand on vous accuse de tout sauf un démocrate libéré vous aimez exprimer dans une froide irrévérence ceci : ‘’’vous n’êtes pas concernés’’’ Monsieur le président quand on est père on écoute et quand on écoute on prend acte et qu’on la divergence prise on se concerte, et quand la concertation échoue on s’étend les mains, s’asseoir et pour dialoguer, à l’issue une voie de sortie finit par se faire emprunter par tous et pour un idéal commun.
Tantôt le tintamarre sur la légitime grogne de la société civile sur la loi des finances, tantôt un désaveu sur le fichier électoral.
Au tour de ce dernier songez Monsieur le président à rétablir la volonté et la légitimité de la CNDP dans toute sa composition démocratique et consensuelle. En effet, convaincu que les graves problèmes politiques, économiques et sociaux auxquels fait face le Niger ne peuvent trouver de solution heureuse que dans un dialogue franc et sincère entre tous les acteurs, quel que soit leur bord politique ou idéologique.
Comme chacun le sait, le Niger malgré des débuts prometteurs à la conférence nationale souveraine en 1991, n’a connu qu’une longue succession de régimes ayant perdu l’essentiel des résolutions de ladite assise, qui en ont fait l’un des pays les plus misérables, les plus corrompus et les plus attardés d’Afrique et du monde, sur tous les plans du développement humain.
Que ce soit en 1960, en 1974, en 1991, 1994, 1996, 1999, 2010 et en 2011 et 16, à chacun de ces tournants importants de l’histoire de notre pays, le peuple éprouvé s’est remis à espérer que les leçons chèrement payées du passé seraient pleinement tirées, afin que le pays reprenne enfin sa marche en avant vers la démocratie, la justice sociale, la concorde et le bien-être.
Excellence, Monsieur le Président,
Au sortir de la transition militaire en 2010, le Niger fut-il un pays sans repère démocratique, ruiné, déchiré par des décennies de crises économiques et sociales et par des tensions communautaires instrumentalisées au septentrion du Niger de façon criminelle par le personnel politique et français dans notre pays. L’Etat de droit, socle indispensable à l’émergence d’une société juste, paisible, progressiste et heureuse, est pour les citoyens, du domaine des rêves. Pour tous les crimes à caractère politique et les crimes économiques, l’impunité est de rigueur. L’écrasante majorité de la population en ville comme à la campagne, vit dans des conditions inhumaines, à côté d’immenses fortunes bâties en grande partie sur la prédation du bien public, la corruption ou les passe-droits. Les services publics (éducation de base, la santé etc.), sont pratiquement inexistants pendant ces vingt-cinq dernières années. Peu de citoyens mangent à leur faim. La jeunesse est à l’abandon, sans formation valorisante et sans autre perspective que l’exil ou le désœuvrement sur place. L’espérance de vie est parmi les plus faibles au monde. Toutes les infrastructures indispensables au développement économique et social sont inexistantes ou fortement dégradées. Les échangeurs réalisés nous vous en remercions mais là n’est pas la priorité des nigériens, les grandes voies construites nous en sommes fiers et reconnaissants mais là n’est pas la priorité des citoyens pauvres et qui meurent de soif et des maladies sanitairement explicables et juridiquement indéfendables.
En tant que troisième civil arrivé à la présidence de la République du Niger après la chute du guide éclairé de 2009 encore plus lointain et que sais-je encore, vous étiez en face de défis énormes – nous le savions. Tout était à rebâtir démocratiquement. Avec les conditions particulières de votre accession à la magistrature suprême et la fin chaotique et ambiguë de la transition, nous avions espéré que vous auriez à cœur de tirer les dures leçons de l’histoire de notre pays et en particulier de travailler dans l’esprit de « Ensemble, changeons le Niger », conformément à vos engagements lors de la campagne électorale et à l’occasion de votre serment.
Excellence, Monsieur le Président,
LE CONSTAT
En sept ans et deux mois de votre exercice du pouvoir sous la bannière duPNDS TARRAYA, que devons-nous constater ?
- Au plan politique
Le dialogue politique entre le pouvoir et l’opposition sur les questions d’intérêt national est mis entre parenthèses alors que la transition politique n’avait pas encore pris fin. L’accord politique signé 2016 conviant les notables politiques de ce pays à prendre part au GUN pour parachever la transition et maintenir l’équilibre institutionnel face à une tension menaçant les quatre côtés du Niger ainsi faisant de lui un ilot de paix s’est révélé être un marché de dupes. Le consensus obtenu la bonne partie de la classe politique nigérienne sous l’égide du gouvernement et des facilitateurs nationaux est resté en panne car il se serait hélas heurté à votre opposition. Après une série espiègle de concassage des partis, l’emprisonnement sans raison la chienlit promue depuis 2011, cette politique de division des filles et fils de ce pays a alimenté d’innombrables conflits d’abord au sein de vos différents gouvernement puis au sein de la société nigérienne à caractère politique ainsi que les diverses manifestations à caractères sociales liées à la pauvreté grandissante de nos Populations et à la spoliation incontrôlée de nos richesses, mais aussi à l’installation injuste des forces étrangères dans notre pays.
Excellence, Monsieur le Président,
Plus que jamais donc, le Niger, amorce une nouvelle ère avec les démons d’un présent que vous avez savamment institué, est un pays à bord d’une crise sans aucun consensus et incapable de mobiliser toutes ses énergies pour une œuvre commune de redressement national autour d’un fichier électoral largement contesté. Le débat politique est pratiquement absent pour poser les véritables problèmes du pays et esquisser des solutions. Les invectives et les slogans en tiennent lieu et c’est regrettable.
- Institutions
Contrairement aux dispositions arrêtées lors de la transition militaire de 2010 les élections législatives et présidentielles tenues en 2011 et 16 ont été caractérisées par la fraude, les manipulations des résultats par l’intrusion active de l’administration et de certains commissaires à la CENI. Il n’est pas étonnant que cette assemblée, produit d’une élection qui n’a été ni honnête, ni équitable, ni transparente, n’ait apporté aucune solution aux multiples problèmes qui tenaillent notre pays.
Quant aux élections communales, elles sont renvoyées à une date ultérieure finalement abandonnée, malgré la fin du mandat des élus depuis plus de deux ans. Là aussi, nous ne pouvons vous cacher notre crainte de voir ce retard mis à profit par votre gouvernement afin de s’assurer une victoire qui contraste avec la réalité des urnes, comme aux législatives.
Excellence, Monsieur le Président,
Hélas, dans les faits, le pouvoir exécutif est absolu, sans partage et n’est soumis à aucun contrôle ni contrepoids institutionnel quelconque, contrairement aux principes élémentaires du système démocratique dont nous nous réclamons tous ici.
Le respect de nos lois et l’application des accords politiques et autres engagements obtenus par consensus restent le gage certain de la stabilité et de la paix.
L’effectivité de l’indépendance de nos institutions doit être aussi une préoccupation urgente et cela nécessite la mise à leurs dispositions des ressources humaines et matérielles indispensable à leurs neutralités et au respect de nos textes fondamentaux.
- Economie
Excellence, Monsieur le Président,
Le renouveau politique doit naitre dans ce pays si vous l’aimer et croyez à sa recrudescence.
L’indispensable réforme du secteur minier doit se faire avec un minimum de transparence, pour preuve depuis l’indépendance les négociations et clauses entrepris n’ont pas permis d’y voir clair dans les relations entre l’Etat du Niger et les groupes miniers qui exploitent nos ressources depuis toujours et encore.
Des initiatives louables ont été prises par votre gouvernement dès 2011 en faveur de l’agriculture. Mais les résultats sont extrêmement maigres au regard des sacrifices budgétaires et des détournements jamais connus dans l’histoire de notre pays.
En matière de gestion des finances publiques, malgré la rigueur proclamée, les vieux maux tels que la corruption, la fausse facturation ou les surfacturations, les détournements de toutes sortes sont toujours là en toute impunité. La transparence promise n’est pas au rendez-vous. Plus grave, des soupçons de prévarication pèsent sur votre régime dont la gestion échappe à tout contrôle. Il n’est même pas sûr que dans les conditions actuelles, une Cour des comptes y changerait quoi que ce soit.
Le refus obstiné de respecter les dispositions constitutionnelles qui vous font obligation, ainsi qu’à votre équipe de déclarer chacun son patrimoine est considéré par nous comme d’une extrême gravité. Cette obstruction jette un sérieux doute sur la sincérité de vos proclamations de foi relatives à la transparence de votre gestion et votre engagement de lutter fermement contre l’impunité en matière d’atteinte à la fortune publique.
- Education
Excellence, Monsieur le Président,
L’éducation de qualité est un paramètre capital du développement économique et social. Nous savons tous que l’éducation est sinistrée depuis des décennies dans notre pays. Ce secteur aurait donc dû être la priorité des priorités. Des reformes ont été annoncées par votre gouvernement mais les résultats ne pointent pas à l’horizon. Au contraire, on s’installe dans une situation catastrophique. La propulsion à tous les niveaux de responsables exclusivement issus des rangs de votre parti n’a pas du tout contribué à assainir ce secteur et à améliorer son fonctionnement. L’indispensable promotion de l’enseignement professionnel est encore à l’état de projet. Le système éducatif nigérien continue donc à fabriquer par centaines de milliers des jeunes mal formés et non préparés au plan professionnel.
- Santé
Quand on sait le rôle que l’Etat devrait jouer pour assurer la santé de sa population, le traitement à la légère des terribles épidémies a mis en lumière la dépendance de notre pays à l’aide au développement et à la prééminence du « politique » dans le traitement des problèmes de la vie quotidienne des nigériens ainsi que l’incurie de nos services sociaux. Pour leurs soins, nos compatriotes qui en ont les moyens vont à l’extérieur ainsi que les hauts commis de l’Etat qui y vont aux frais du contribuable nigérien. La grande majorité, ceux qui n’en n’ont pas les moyens, meurent sur place.
Nous nous inclinons pieusement à la mémoire de toutes ces victimes nigériennes et africaines de ces maladies. Nous adressons nos condoléances émues à vous aux familles éplorées et nous exprimons notre compassion aux peuples éprouvés d’Afrique et du monde, tous en psychose de ces épidémies qui font décréter « l’état d’urgence sanitaire mondial ».
- Autres secteurs Sociaux
A l’instar des secteurs éducatif et de la santé, le faible accès aux services sociaux de base constitue une dimension importante de la préoccupation des populations nigériennes Il est admis qu’aujourd’hui, sur tous les plans, les nigériennes et nigériens vivent bien plus mal qu’en 2009. Malgré l’investissement financier plus élevé, il y’a moins d’électricité, moins d’eau potable, moins de sécurité, moins de confiance et moins de service public. L’émigration est massive et touche toutes les classes d’âge et tous les sexes. Désespérés, nos concitoyens partent, n’importe où, vers des cieux de moins en moins accueillants. Les inégalités sociales n’ont jamais été aussi criantes
Excellence Monsieur le Président,
Toute cette situation dramatique décrite ci-dessus a des conséquences terribles au plan social, économique et politique je vous en conjure.
- QUE FAIRE ?
Excellence, Monsieur le Président,
Pour sortir de la situation actuelle de blocage et remettre enfin le Niger sur les rails de la renaissance véritable et de la refonte, il faut avoir le courage de s’attaquer aux problèmes de fond qui plombent depuis longtemps le devenir de notre pays.
Nous devons tourner définitivement le dos aux violations de la constitution, à l’impunité, à la délation, aux simulacres de réconciliation, aux proclamations négationnistes telles que « nous sommes tous victimes, nous sommes tous coupables ». Il faut organiser une deuxième conférence nationale, vérité, justice et réconciliation. Croyiez-moi en 2021 si vous opteriez pour la tête haute vous aurez un sentiment d’avoir servi avec finesse et amour votre pays et tous les nigériens vous en seront reconnaissants.
Une telle assisse, quel que soit le nom qu’on voudra lui donner, est incontournable pour tirer toutes les leçons des erreurs du passé, mettre fin à l’impunité et permettre au Niger de sortir de cette crise multiforme qui affecte toute la classe politique d’abord et qui se retentit dans nos sociétés. De ces assises sortiront une nouvelle constitution à adopter par référendum sous la forme d’un nouveau pacte national.
Excellence Monsieur le Président,
Dans ce sens voici quelques propositions à votre haute attention :
Promouvoir le patriotisme, la transparence, l’unité nationale et bannir l’impunité le favoritisme et les combinaisons politiciennes.
Respecter des dispositions constitutionnelles ;
Respecter du droit à la libre expression et arrêt des harcèlements des médias privés ;
Libérer immédiatement toutes les personnes arrêtées sans jugement en particulier ceux dans le cadre des manifestations contre la loi des finances.
Accorder une grâce amnistiante à tous ceux qui ont été condamnés ces dix bonnes années et qui n’ont pas été pris les armes à la main pour des faits qui leurs sont reprochés;
Mettre fin à toute action et à toute propagande de nature à attiser des conflits communautaires ;
Veiller à ce que justice soit faite dans les affaires de meurtres non élucidés de serviteurs de l’Etat, des paisibles citoyens ainsi que les affaires de détournement de deniers publics;
Respecter des principes de transparence dans la gestion du bien public et notamment la règlementation en vigueur sur les dépenses publiques ;
Réunir tous les acteurs politiques et sociaux, la société civile en vue de mettre au point une plateforme pour la tenue de la Conférence nationale, vérité justice et réconciliation. Les enquêtes sur les violations des droits humains et les atteintes à la fortune publique depuis l’indépendance seront obligatoirement inscrits à l’ordre du jour.
Privilégier le dialogue franc et sincère, la justice sociale, l’unité de tous les nigériens ;
Il n’y a pas de Peuple sans Histoires. Nous avons le devoir d’assumer notre Passé et, avec humilité, d'établir la vérité et la justice pour que nous puissions rêver et espérer réaliser ce Niger bâtie dans sa diversité, économiquement forte, socialement digne où il fera bon vivre.
En vous remerciant pour votre aimable attention, je reste à votre disposition pour toute fin utile.
Je vous prie d’accepter, Monsieur le Président de la République, mes salutations dont je vous laisse mesurer vous-même l’empressement à l’aune de ce qui précède.
Commentaires
tu est " SOUMOUNS BOUKOUMS? (sourds et aveugles)"