Quelle alternative face à la décrépitude de l’Administration Publique Nigérienne ? (septième partie)
Parlons à présent du rapport de l’agent public avec le bien public afin de clore cette série de contributions sur l’Administration Publique, qui nous a permis de soulever non seulement les grands maux dont souffre celle-ci mais surtout de faire des ébauches de solutions à même de redémarrer cette AdministrationPublique, moteur du développement de notre pays devenue moribonde hélas.
C’est plus qu’une évidence,actuellement le rapport de l’agent de l’Etat avec le bien public est exécrable du sommet de la pyramide à sa base. En effet, ils sont très nombreux à ne pas se soucier ou à mépriser carrément au quotidien ces biens mis à leur disposition par l’Etat pour le besoin de la servitude. Au lieu d’utiliser ces moyens au service exclusif de la mission étatique, ils préfèrent les utiliser plus à des fins privées pour se goberger. Chaque jour il est loisible pour le citoyen désarmé, d’observer le plus grand mépris teinté d’arrogance affiché à l’endroit de toutes les dispositions réglementaires en la matière et surtout à l’endroit du contribuable grâce auquel ces biens ont été acquis.
Beaucoup de ces agents de l’Etat qui abusentdu bien public, ne devraient pas être en principe bénéficiaires de ces véhicules car bénéficiant des indemnités de roulement mais du fait de certaines complicités le plus souvent d’ordre politique, ils arrivent à avoir une dotation en véhicule.
Ainsi, le citoyen observe avec amertume le traitement réservé aux biens publics de la part de ces agents avec une plus grande insouciance. Des biens acquis au prix d’immenses sacrifices consentis par ce même contribuable qui place tout son espoir d’un lendemain meilleur dans le bon fonctionnement de l’Administration Publique. Ces attitudes qui sont malheureusement ancrées désormais dans les mœurs des agents de l’Etat en devenant des normes ce qui sans aucun doute contribue à rehausser le train de vie de l’Etat et surtout à pervertir la vraie mission de ces biens.
Ces derniers sont la plus part du temps utilisés à des fins plus personnelles que professionnelles. Le véhicule de fonction ou de service est devenus désormais véhicule personnel. A Niamey tout comme à l’intérieur du pays il est d’une facilité déconcertante d’observer certains de ces véhicules de l’Etat devant les bistrots ou autres cadres récréatifs, dans les cortèges de mariages, dans les marchés ou en circulation à des heures tardives où ces véhicules ne sont pas censés être en circulation.
En outre, cette insouciance de l’agent de l’Etat d’aujourd’hui ne concerne pas exclusivement les véhicules administratifs, en effet, il est tout aussi condamnable le traitement réservé aux climatiseurs dans les bureaux de l’Administration Publique où ces derniers sont laissés allumer d’habitude dans des bureaux vides. Certains agents ne se même gênent pas à les allumer dès leurs arrivées au bureau très tôt le matin quel que soit la saison ou à des heures où l’on n’a point besoin de la climatisation. Pour profiter de ces climatiseurs certains agents élisent domicile pratiquement au bureau. Ils sont dans les bureaux toute la semaine y compris les weekends et souvent jusqu’à des heures tardives sans pour autant rien apporter comme rendement ou améliorer la qualité du service public. Ils préfèrent le bureau climatisé et confortable de l’Etat pour se reposer ou traiter des affaires privées et surtout lucratives.
De même, le matériel de bureau ou informatique sont utilisés à leur tour à foison à des fins privées, en effet, nombreux sont les agents de l’Etat qui assimilent ces biens également à biens personnels tant leurs utilisations relèveraient du privé. Ils préfèrent toujours user du bureau et de son matériel pour des consultations privées. Ce qui contribue est à dégrader davantagel’image de l’Administration Publique. En effet, Ils sont de plus en plus nombreux nos compatriotes qui perçoivent davantage les bureaux de l’Administration Publique comme des cabinets privés tant les activités qui y sont exercées s’opposent à l’intérêt général, raison d’être de l’Administration Publique.
D’où l’impérieuse nécessité de rompre définitivement avec la mauvaise gestion des moyens de l’Etat mis à la disposition des agents afin de leur permettre de bien accomplir leurs missions au service exclusif du peuple.
Pendant longtemps l’Etat avait laissé faire, à présent le moment est venu pour l’Etat Nigérien d’agir sans faiblesse pour mettre fin à cette récréation qui a trop duré et qui tire chaque instant notre pays vers le bas.
Le retard inacceptable de notre pays trouve quelque part une explication juste dans le dysfonctionnement de l’Administration Publique qui a tourné dos à ses vraies missions à travers ces agents sans aucune conscience professionnelle, sans aucune culture du patriotisme et la faiblesse de l’Etat animé par des hommes qui ont tendance à oublier le sens de leurs différentes missions au service de cette grande cause à savoir notre pays. Cette tendance à ne pas se soucier de tout ce qui appartient à l’Etat doit être systématiquement abandonnée pour faire place à une culture du patriotisme, de la servitude comme ce fut le cas de l’agent de l’Etat d’un passé récent ou l’avant conférence nationale.
Soumaila ABDOU SADOU
Administrateur Civil