Quelle alternative face à la décrépitude de l’Administration Publique Nigérienne ? (Quatrième partie)
Si nous voulons doter notre pays d’une Administration Publique compétitive à même de répondre aux défis majeurs de développement, notre pays a grandement de cadres compétents et professionnels travaillant en synergie et au service exclusif de nos compatriotes sur toute l’étendue du territoire national. En effet, l’Administration Publique doit être le moteur et le carburant du développement dans la mesure où c’est à celle-ci que revient la missiond’orchestrer et de permettre la mise en œuvre réussie de toutes les politiques publiques.
Ainsi, afin de mettre tous les atouts de son côté, notre pays a aujourd’hui plus que besoin de rompre définitivement avec cette mauvaise politique de gestion des effectifs des agents de l’Etat. Ce qui est facilement perceptible à travers les affections, les promotions et les nominations qui ne tiennent très souvent pas comptent des profils et des compétences techniques liés aux postes mais aussi du souci d’efficacité et de rendement. A titre illustratif nous pouvons citer quelques exemples parmi les innombrables cas : d’abord la situation inouïe à laquelle nous avions assisté récemment avec la nomination aux postes de Directeurs Centraux de jeunes cadres nouvellement reclassés ou recrutés à la catégorie A2 de la Fonction Publique et surtout que ces derniers n’ont pas une grande expérience nécessaire pour occuper de tels postes au niveaux des Ministères, et qui doivent normalement échoir à des cadres de la catégorie A1 pullulant l’Administration Publique, dotés d’une expérience administrative significative à même de faire d’eux du jour au lendemain Secrétaire Général du Ministère. Ensuite, on assiste dans certains cas à la perversion pure et simple du cadre par le parachutage de militants sans aucun B-A-B-A pourtant impératif dans le cadre pour l’exercice de la fonction, et enfin, les nominations extravagantes au quotidien comme ce fut le cas de cet enseignant du secondaire nommé en Conseil de Ministres au poste de directeur des marchés publics et des délégations de service public dans un Ministère. Ces nominations saugrenues qui vont à l’encontre des intérêts de notre pays constituent des preuves irréfutables de la politisation à outrance de l’Administration Publique de notre pays.
En effet, c’est un truisme de dire que l’Administration Publique Nigérienne est politisée. Cette politisation conduit à la promotion d’agents médiocres au détriment d’agents compétents du simple fait de l’engament militant du premier groupe. Elle est aussi à la base de l’arbitraire malheureusement fréquent dans le quotidien de l’agent de l’Etat. Ainsi, c’est de notoriété publique que les hauts fonctionnaires en charge d’opérer les différentes affectations ou mouvements des agents de l’Etat se contentent seulement d’effectuer ces tâchesselon les désidératas des hommes politiques dont le souci par ailleurs se limite simplement à placer leurs militants ou parents aux postesjugés juteux où ils estiment que ces derniers pourraient bien se servir sans oublier les intérêts du clan ou du parti. Des affectations qui occultent totalement les exigences liées aux postes notamment les profils qui concordent. A ce titre, certains postes dévolus aux militants dévoués sont qualifiés de Dubai, koweit… selon qu’ils offrent des possibilités de s’enrichir si vite. Aujourd’hui, il est indéniable que trop de promotions ou de nominations sont faites par complaisance et par non-respect aux textes en vigueur ou sans tenir compte de résultats recherchés alors il n’est plus possible d’éviter l’inconscience professionnelle, l’indiscipline et le désordre qui caractérisent actuellement notre Fonction Publique.
Notre pays ne peut plus se permettre de tels errements qui ont trop duré et qui n’ont eu comme conséquence que ce retard inacceptable qu’accuse le Niger. Car le moteur du développement qu’est censé être l’Administration Publique est en panne, ce qui ne lui permet pas de jouer son rôle principal. Pour cela, notre Administration Publique a besoin d’un redémarrage dans un esprit de justice qui permettra à chaque agent d’être à la place qu’il mériterait d’occuper. Dès lors, la promotion ou les nominations doivent se faire selon la compétence, le professionnalisme et le mérite. Pour les différentes promotions l’agent public ne doit jamais avoir à démontrer une quelconque loyauté à l’endroit d’un parti ou à l’égard d’une mouvance. Surtout qu’aucun parti n’avait contribué à la formation de ces agents de l’Etat, c’est notre pays avant tout qui avait financé souvent chèrement et intégralement la formation de ces derniers écartés sous le fallacieux prétexte politique. Chaque agent doit avoir l’opportunité de servir loyalement son pays durant sa carrière. Notre pays ne peut plus se permettre le luxe de condamner certains agents de l’Etat combien compétents à demeurer sans poste pendant des années et surtout réduits au quotidien à faire des allers et retours au service sans avoir à être associé aux traitements de dossiers dont leurs apports sera indéniablement significatifs au vue de l’expérience accumulée. C’est pourquoi une dépolitisation s’avère indispensable.
Dans cette perspective le rôle du Président de la République est capital car de la volonté de celui-ci dépendra la réussite de toute velléité de dépolitisation de l’Administration Publique Nigérienne. En effet, il est le Chef de l’Administration, c’est à lui de veiller au bon fonctionnement de celle-ci et c’est à lui également qu’incombe la responsabilité de nommer aux emplois supérieurs de l’Etat conformément à ses prérogatives constitutionnelles. Ainsi, seul l’intérêt de notre pays doit guider ses choix dans le cadre de l’exercice desdites prérogatives. Il doit toujours porter ses choix sur les cadres les plus compétents pour permettre à notre pays de valoriser le savoir-faire de tous ses fils dans un souci d’efficacité et de rendement à la hauteur des espérances. A cet effet, il doit veiller au respect obséquieux de la loi 2011-21 du 08 août 2011, déterminant la classification des emplois supérieurs de l’Etat et fixant les conditions de nomination de leurs titulaires. Celle loi qui définit les emplois à caractère politique et ceux à caractère technique.(A suivre…)
Soumaila ABDOU SADOU
Administrateur Civil
Commentaires
C'est
Merci beaucoup. Il faut d