Lettre ouverte à S.E M. Mahamadou Issoufou (Par Djibrilla Mainassara Baré)
M. le président de la République,
J’ai eu à adresser une lettre ouverte, publiée par le journal « Le Courrier » le 10novembre 2016, à M. Moussa Ladan, ancien préfet, président de la communauté urbaine de Niamey de 1993 à 1996, et actuel Directeur Général des Affaires Politiques et Juridiques du ministère Chargé de l’Intérieur depuis le 09 janvier 2014.
C’était en réponse aux propos scandaleux contenus dans sa lettre qu’il vous avait transmise le 10 septembre 2013, suite à la rupture de votre alliance politique avec Hama Amadou, publiée par le journal « Le Courrier » dans ses éditions n° 317 du 19 juin 2014, n°437 du 03 novembre 2016 et largement reprise par les réseaux sociaux et la presse en ligne et au vu de certaines décisions défavorables à la Famille Baré prises par ses Services en 2015 dans un dossier de chefferie traditionnelle qui ne vous est pas inconnu. L’intéressé, pour bénéficier de vos faveurs, y avait fait cas de prétendues pressions multiples subies de la part de « proches de Baré » en écrivant à plusieurs reprises : «… j’avais été approché par les proches de BARE qui me demandaient de les rallier pour être libéré, offre que j’avais rejetée, préférant aller à la justice » ou alors « il faut souligner que les gens de Niamey avec Hama Amadou en tête m’en voulaient pour avoir vendu les parcelles à mes parents de Katako ». Il avait conclu ses propos écrivant : « il ressort de cet exposé que j’ai été victime d’un règlement de comptes politique et régionaliste et j’espérais régler ma situation administrative lorsque mon parti va accéder au pouvoir… » (PNDS ?)
Au nom d’un devoir de vérité, j’avais pris l’opinion nationale à témoin et demandé à l’intéressé qu’il aille jusqu’au bout de sa logique en désignant nommément les prétendus « proches de Baré » qui l’auraient approché pour lui proposer « la fin de ses ennuis judiciaires, en échange de son soutien ». J’avais également souhaité, dans un souci de transparence, que l’intéressé demande la « dé-classification » de son dossier judiciaire.
Je n’ai, à ce jour, enregistré aucune réaction écrite de l’intéressé.
M. le Président de la République,
J’ai donc constaté avec regret, en même temps que tous les Nigériens, qu’à peine quatre mois après cette fameuse lettre bâtie sur un tissu de mensonges qu’il vous a adressée, M. Ladan a pu régulariser sa situation administrative et se faire nommer par Décret n°2014-21/MISPD/ACR du 09 janvier 2014 à la stratégique Direction Générale des Affaires Politiques et Juridiques (DGAPJ) qui regroupe quatre (4) Directions nationales, dont entre autres, la Direction des Affaires Coutumières (DAC) en charge des affaires de la chefferie traditionnelle, d’où il pourrait à souhait, nuire à la Famille Baré Mainassara et ses proches dont certains sont justement issus de la Chefferie Sarkin Arewa précoloniale du Katarma dont les droits ont été récemment contestés par ses services.
Au vu du sort peu enviable réservé à Hama Amadou, l’autre personnalité citée dans sa lettre, dont on peut valablement soupçonner le rôle joué par la position stratégique qu’occupe le Sieur Moussa Ladan actuellement, il faut craindre qu’il n’use des mêmes méthodes pour continuer à nuire à ma famille issue du lignage Sarkin Arewa du Katarma et d’autres citoyens jugés proches de Baré.
Puisque j’ai peur de tirer la conclusion, à la lecture de cet épisode de la lettre de M. Moussa Ladan et de ce qu’il en est advenu, que dans notre pays, il suffit seulement pour un quidam de dire, je déteste Baré, j’ai été maltraité par Baré, j’ai refusé de suivre Baré, pour entrer dans vos grâces et accéder aux plus hautes charges de la «Respublica », notre « Chose » .
C’est pourquoi, je m’adresse au président de la République qui, avant d’assumer sa charge, a prêté Serment sur le Livre Saint « de respecter et faire respecter la Constitution que le Peuple s'est librement donnée » et « de veiller à la neutralité de l'administration et au respect des textes qui consacrent sa dépolitisation » (Article 50). Cette Constitution qui dispose en son article 4 « Dans l'exercice du pouvoir d'Etat, le régionalisme, l'ethnocentrisme, la discrimination…et le trafic d'influence sont punis par la loi » et à l’article 8, « La République du Niger est un Etat de droit. Elle assure à tous l'égalité devant la loi sans distinction de sexe, d'origine sociale, raciale, ethnique ou religieuse », adossés à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples en ses articles 2, 3 et 5.
Je prie le président de tous les Nigériens de se départir de la rancœur dont Allah, Gloire à Lui, a dit : « La rancœur est un lourd fardeau qui accable celui qui le porte. Elle afflige son âme, corrompt sa pensée, hante son esprit, et accroît ses soucis et ses ennuis. Il est étonnant que les personnes ignorantes et stupides continuent à porter ce fardeau jusqu’à ce qu’elles s’en déchargent en se vengeant de celui qui fait l’objet de leur rancune. La rancune dévore les vertus des rancuniers et prospère à leurs dépens. » (Sourate 59- Verset 8).
Veuillez agréer, Monsieur le président de la République, l’expression de ma déférence.
Niamey, le 17 mai 2017
Djibrilla Mainassara Baré
Ancien Conseiller Spécial du Président de la République
Ampliations - Ministère Chargé de l’Intérieur
- Commission Nationale des Droits Humains (CNDH)
- Organisations de Défense des Droits Humains
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