POLITIQUE : L’opposition résisterait-elle désormais en….exil ?

Faudra-t-il déduire désormais que l’opposition politique est en exil ? C’est peut-être le moins que l’on puisse dire, après la tenue du très « médiatisé » Forum de la diaspora de Lumana à Abidjan, et au cours duquel, pour la première fois depuis un an, Hama Amadou est apparu publiquement.

Arborant un caftan blanc doré et certainement en forme, malgré quelques « rides » visibles sur son visage (normal, l’homme a quasi-67 ans), Hama Amadou, à en croire les images diffusées ça et à, s’est adressé à ses militants, massés dans une salle à Abidjan. Le silence sublime s'est ainsi rompu!

Il reste que plus qu’un simple forum de la diaspora, la rencontre d’Abidjan est plutôt une occasion de retrouvailles entre l’ex-Premier ministre et ses lieutenants, le bureau de Lumana ayant presque affiché au complet lors de cette rencontre.

Si Abidjan a drainé autant de militants, serait-ce aussi parce que beaucoup de supporters piaffent de folles envies de rencontrer ou d’apercevoir leur leader en « live », sevrés qu’ils sont de ses verves, depuis sa fuite-exil vers Paris, et ses nombreuses sorties médiatiques.

La grand-messe des berges de la lagune Ebrié masque aussi une sorte de « rentrée politique » de l’opposition et sonne comme une reprise de voix de Hama Amadou, resté superbement taiseux, depuis son évacuation à Paris.

Sûrement que l’opposition nigérienne veut se battre à l’extérieur, même au risque de se mettre sur le dos de nombreux autres militants qui jugent que le terrain du combat reste le Niger. Normal, puisque c’est une stratégie inédite, depuis qu’il y a plus de 50 ans, le RDA avait « contraint » des opposants Sawabistes à l’exil vers l’Europe de l’est et l’Algérie….

Comme le Togo d’Eyadema, la Guinée du Général Conté, la Guinée-Equatoriale de Nguema Obiang, le Niger d’IM serait sur le point d’avoir une opposition en « exil », répandue entre Paris, Bruxelles, Beijing et autres capitales d’Afrique.

Normal, serait-on tenté de conclure, d’autant plus que par le passé le régime de Niamey a suffisamment donné les ingrédients de son incapacité à accepter une opposition « locale ».

En témoigne, le « refus » au MNSD, naguère dans l’opposition de tenir son congrès ou toutes les interdictions sulfureuses de marches et meetings des opposants, subtilement sous-traitées avec l’édile de Niamey, actuellement en voie d’évincement…

Cette nouvelle stratégie d’opposition donnerait davantage de grains à moudre pour la Communication « guriste », laquelle doit faire preuve de beaucoup d’efforts pour humaniser ses altérités et produire une image positive du pouvoir de Niamey !

Si le CNDP ne s’est pas réduit, depuis un certain temps à faire plus de « Sarpé » (comme disent les Haoussa) en s’occupant de « choses » qui ne sont pas de son ressort, ç’aurait été une belle opportunité pour lui d’enclencher le dialogue politique, au poids mort depuis belle lurette…

Avant tout, une démocratie, même « rose », ne saurait se bâtir en dehors de toute opposition… surtout quand on se donne pour vocation de …Rassembler !

Djibril Saidou