Election tropicalisée au Niger : faible progression PNDS 2011-2016
Les masques commencent à tomber. Savez-vous combien pesait le PNDS aux législatives de 2011 ? 32,12%. Savez-vous combien il pèse en 2016 ? 33,86% soit une très minuscule progression de 1,74%.
Pourtant le 2 aout 2015, après avoir viré l'Ambassadeur de France à Niamey qui doutait beaucoup de leur passage au premier tour et l'a fait savoir, le Président nigérien annonçait à qui veut le croire qu'il s'opposerait personnellement à une élection tropicalisée, lui-même ayant revendiqué comme opposant des élections transparentes !
Une élection tropicalisée est définie comme une élection lors de laquelle les électeurs votent (quand c'est possible dans certains endroits), puis d'autres, le soir venu et les jours suivants, prennent le plaisir de changer les chiffres des inscrits, des votants et distribuent le nombre de voix aux candidats selon leur bon vouloir de préférence à celui qui tient le pouvoir (source : petit illustré du dictionnaire politique du gondwona, édition 2016, page 48% et suivant). Pour rendre une élection tropicalisée un peu crédible, il est fortement recommandé de s'attacher quelques solides amitiés au sein des institutions électorales (Ceni et Cour, Csc).
Aucun doute, au Niger nous sommes en pleine élection tropicalisée. Et le PNDS reste toujours égal au PNDS, de 2011 à 2016 le score est resté quasiment le même comme l’indique les résultats officiels contenus dans l’arrêt la Cour constitutionnelle sur les élections législatives du 21 février 2016. Ceux qui doutent peuvent chercher leurs calculettes et les deux arrêts de 2011 et 2016.
En 2011, rappelez-vous, le PNDS avait obtenu ce score de 32,12% malgré l'absence des listes des grands partis dans leurs fiefs. Quand cela a été dit il y a quelques mois certains en doutaient.
Le Chef du parti PNDS lui-même n'avait-il pas parlé d'un bonus de 10% au sortant en disant qu'au moins ils seront en 2016 à 46%. Rien de tout cela. Une progression de 1,74%. Cela devait interpeller même au PNDS.
Si on confrontait les PV mêmes d'autres incohérences seront découvertes. Comment la Cour constitutionnelle sans aucune investigation valide-t-elle 70 bureaux que la CENI n'a pas pris en compte sur la base des enveloppes transmises de manière non sécurisée ?
Quand on regarde de près partout où les élections ont été transparentes notamment dans les grandes villes, le PNDS loin de progresser a accusé des reculs y compris à Tesker ou ce recul est de -10%, à Niamey (-8%), à Zinder (-15%). Ce qui signifie que si le vote avait été transparent les résultats qui devaient sortir ne seraient pas ceux-ci. Que dire de 100.000 électeurs d'une région qui n'apparaissent plus sur le chiffre total des inscrits ?
1,74% de progression. Pourtant il paraît qu'ils ont réalisé ce qu'aucun autre régime n'a fait au Niger. C'est à dire qu'avec eux le Niger n'est par dernier en IDH, tout le monde mange à sa faim, plus de corruption (sauf quand on happe les millions du Nigeria), plus de chômage et des élections aussi transparentes que dans le royaume du Gondwana.
Vous comprenez alors que si le PNDS 2011=PNDS 2016, rien d'étonnant que dimanche 20 mars le champion toutes catégories du PNDS s'affronte avec lui-même dans un ring.
Il n'y a qu'eux et leur Image 7 pour croire à ces résultats du premier tour. Jamais élection n'a été aussi mal organisée. Même leurs partisans le disent. Les Nigériens ont écouté Sanoussi Jackou de Kornaka aux législatives !
Dès les premières tendances au soir du 21 février, le PNDS et ses chefs ont pris conscience de l'étendue des dégâts. Première mauvaise nouvelle, Hama Amadou, Seyni Oumarou, Mahamane Ousmane qui en 2011 faisaient 53% dépassent ce score selon les premières tendances. Deuxième mauvaise nouvelle Kassoum Moctar et Ibrahim Yacouba ont fait des dégâts à Maradi et Doutchi.
Que faire ? A défaut d'agir sur les électeurs qui ont clairement exprimé leur préférence en ne choisissant pas à plus 65% au moins le PNDS, tout a été mis en œuvre dès lors pour triturer les PV. Par exemple à Agadès seuls les résultats d'Arlit reflètent le choix des électeurs. A Tahoua fief même du Président le PNDS ne réalise que 65% des voix et ils se sont débrouiller avec les PV pour contenter les amis du Parti Jamuhirya de Albadé (dissident du MNSD) et ceux de Salah Habi (dissident Lumana FA) leur évitant ainsi ce que ces alliés auraient considérés comme une "humiliation" par le pouvoir. C’est très curieux du reste que ces partis gagnent autant de voix dans le fief incontesté du PNDS alors même que tous les députés de la région sauf un ont fait allégeance au Président sortant. La CENI a malicieusement éviter de publier sur son site les résultats des communes urbaines dont celles de Tahoua, Zinder et Maradi pour cacher cette duperie électorale.
Le Président sortant de l'Assemblée, un autre dissident MNSD, qui a été installé à la place de Hama Amadou, n'a pas eu cette chance, battu dans les 15 bureaux de vote de son propre quartier ou son Jamahurya n'arrive même pas en deuxième position. Il quitte pour la première fois depuis 2000 l'Assemblée nationale. Un autre exploit de Guri.
En réalité, au soir du 21 février c'est le PNDS qui était K.o avec son score inconnu qui certainement tournerait au plus autour de 26-27% des votants. Les 33,86% sont les résultats publiés après 6 jours de trituration des PV communaux. Vous comprenez le discours au palais le 26 février ou le PNDS s'adjuge sans beaucoup d'efforts 75 députés avec 33,86% des voix comme pour se consoler de l’échec surprise du un coup k.o. Les résultats des élections législatives constituent une autre farce qui ne résiste pas à l'analyse surtout quand on sait qu'une dizaine d'opposants en prison dont Hama Amadou sont élus députés malgré leurs conditions face aux adversaires.
Un audit indépendant montrerait à ceux qui doutent encore toute la supercherie. Mais la démocratie nigérienne se relèvera, comme par le passé, d'un tel coup de force électoral.
Abdou Gado Maliki
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