Protéger la démocratie du Niger contre le coup de force électoral
Le PNDS a un plan qu’il croit secret pour confisquer coûte que coûte les élections nigériennes à venir. Les principaux éléments du scénario en cours consistent à :
1. Maintenir Hama Amadou le plus longtemps possible en prison pour ne pas lui donner le temps nécessaire de battre campagne pensant ainsi affaiblir son parti et toute l’opposition.
2. Arrêter les militants et cadres de l’opposition et ceux de la société civile y compris en mobilisant inutilement tous les services de sécurité notamment ceux qui sont en charge de la lutte contre le terrorisme, détournés de leurs missions initiales.
3. Utiliser la Cour constitutionnelle, déjà récusée depuis 2014 par l’opposition, pour imposer un régime juridique contraire à la Constitution en vigueur en intimant à toutes les institutions comme la CENI de faire ce que le pouvoir a envie qu’elles fassent surtout après l’affront de l’audit dont il fait mine de s’accommoder en réfléchissant aux moyens de la rendre sans effet.
4. Disqualifier le plus possible les candidatures des opposants à l’élection présidentielles et de tous les partis mêmes alliés aux législatives comme cela a été fait en 2011.
5. Utiliser tous les prétextes même inimaginables pour terroriser l’opposition et empêcher la libre expression des opinions et des médias.
6. Bref pour gagner les élections, le PNDS a décidé d’instaurer le règne de la terreur car pour eux la fin justifie les moyens comme l’énonce régulièrement le Ministre de l’intérieur en même temps Secrétaire général du parti PNDS qui a du mal à prendre de la hauteur dans l’exercice de ses fonctions administratives.
Le PNDS veut rééditer par la force la tactique de disqualifier des listes et des candidats
Pourquoi le PNDS malgré sa propagande et sa campagne médiatique dite 1 coup KO est obligé de passer par un tour de force pour s’imposer aux Nigériens. Pourquoi a-t-il confisqué les médias publics et use des fêtes républicaines pour promouvoir des intérêts partisans qui divisent au lieu de rassembler ? Pourquoi contrairement à son ami Alpha Condé dont ses partisans se prévalent pour justifier leur coup K.O, le Président Issoufou Mahamadou n’a pas été en mesure de rassembler dans une salle quelconque de la République ses opposants politiques pour discuter des affaires du pays en raison justement des divergences politiques qui les opposent ? Pourquoi le Président Issoufou préfère les voir en prison lui qui est l’un des rares hommes politiques à avoir peu fréquenté, heureusement pour lui, les prisons du Niger et autres centres d’interrogatoire ? Alpha Condé est resté longtemps en exil condamné à mort par le pouvoir en place ! Il a été persécuté et détenu plusieurs années dans les prisons guinéennes après l’élection présidentielle de 1998. Ne parlons pas du Président Alassane Ouattara qui a failli laisser sa vie lors des épisodes sanglants de l’ivoirité au moment où les hauts cadres du PNDS fréquentaient tranquillement leur ami Gbagbo à Abidjan ! Malgré ce qu’ils ont subi, ces deux Présidents n’ont empêché aucun des opposants de battre campagne ou d’aller aux élections. A Niamey qui ne se souvient de Baré Mainassara, Wanké ou Salou Djibo entrain d’échanger avec les dirigeants des partis politiques sur les modalités des élections ? Si ces officiers militaires se sont prêtés au rituel du dialogue politique avant les élections, faut-il désespérer sur les rives du fleuve Niger de cette gestion par les civils de la démocratie qui fait un recours si abusif à la force pour empêcher les adversaires de battre campagne disons de faire tout simplement ce que doit faire tout parti politique, ce après avoir échoué à affaiblir ces leaders de l’opposition au moyen d’une intrusion illégale sans retenue dans le fonctionnement de ces partis ?
Pourquoi veut-il faire mettre de côté le consensus, travaille-t-il aux conditions du boycott ou à défaut envisage-t-il de chercher les moyens d’exclure les candidats et listes électorales aux prochaines élections ?
La raison est simple : en 2011 le PNDS ne représentait pas 36% des voix, son score ne dépassait pas en réalité 26 % des votants donc une progression de 2 points seulement par rapport au score réalisé à la présidentielle de 2004. Oui bien sûr c’est 36% officiellement mais ce qui s’est passé réellement en 2011 reste largement sous-estimée et pourtant c’est cet état de fait qui explique aujourd’hui toute la fébrilité observée par les dirigeants du PNSD vis-à-vis de ces élections à venir. Eux savent bien de quoi il s’agit ! Pour obtenir les 36%, il a fallu, lors des législatives couplées à la présidentielle du 31 janvier 2011, il a fallu donc la mise en œuvre d’un processus minutieux de disqualification des listes des autres partis politiques aux élections législatives. Ce qui a eu pour effet d’amoindrir significativement partout les scores des grands partis politiques n’ayant pas de candidats aux législatives qui mobilisent pour leur propre élection, partis qui ont ainsi enregistré des pertes de voix considérables.
Tenez-vous bien : la disqualification aux législatives a concerné 9 fois les listes de la CDS de Mahamane Ousmane, 6 fois les listes du MNSD, 4 fois les listes de Loumana-Africa, 3 fois les listes de l’ANDP Zaman Lahia, 3 fois les listes de RSD Gaskya, 11 fois les listes de l’UDR Tabatt. Retenez bien donc qu’en 2011, la CDS n’avait pas de listes à Zinder et Maradi (ses deux fiefs), le MNSD de Seyni Oumarou était disqualifié à Tillabéry et Zinder, le Moden-Loumana de Hama Amadou n’avait pas de listes à Maradi et à Zinder, l’ANDP de Djermakoye a été rayé de la carte notamment à Tillabéry et RSD de Cheiffou Amadou n’était pas à Maradi ou Zinder.
Et le PNDS alors ? Le PNDS de Mahamadou Issoufou est le seul parmi les 4 grands partis politiques à n’avoir été disqualifié qu’au niveau de la région de Maradi et ce après d’âpres débats au sein du Conseil constitutionnel de transition. Cela veut dire que le PNDS a engrangé indument des députés à Zinder, à Tillabéry, à Dosso au détriment des autres partis politiques comme MNSD, CDS, Loumana, ANDP, RSD Gaskya et l’UDR Tabbatt pour ne citer que ceux-là. Même à Agadès où une de ses candidates a triché avec un faux diplôme de BAC, le Conseil a été tellement clément qu’il a simplement demandé une reprise des élections sans disqualifier la liste PNDS (au prétexte que la fraude a été découverte après, le forfait bien sûr !), donc tous punis et au finish le PNDS s’en sort après l’élection partielle de mai 2011 avec 3 députés sur les 5, bingo ! Et que dire de la liste PNDS de Tahoua en 2011 sur laquelle figurait Mahamadou Issoufou ayant remporté 12 sièges où à la fin des élections, « un faux diplôme de BEPC » a refait encore surface, le candidat prétendant avoir fréquenté une école du 1er octobre 1993 au 30 juin 1995 alors qu’elle n’a été autorisée à ouvrir ses portes que le 19 avril 1994 ! Décidément ils ont vraiment des problèmes avec les diplômes ! Cela aurait logiquement dû conduire à l’invalidation de la liste. Là également, le Conseil constitutionnel, qui sait que ce diplôme est faux a trouvé la parade selon laquelle tout cela (le faux du candidat PNDS bien sûr) n’est pas bien grave puisque « 3 candidats seulement ne sont pas titulaires du BEPC, ce qui implique que même si le diplôme du candidat de la circonscription spéciale était un faux, la liste des candidats au titre de la région de Tahoua ne compterait pas plus de 4 candidats non titulaires de BEPC ». Pourtant dans la même élection, le Conseil constitutionnel a été impitoyable vis à vis du MNSD à Tillabéry et à Zinder et tout aussi impitoyable vis-à-vis de Mahamane Ousmane à Zinder pour de simples questions de procédures.
En résumé la logique de la disqualification qui a profité très largement au PNDS a concerné surtout 3 des 4 grandes régions électorales du Niger en terme de poids électoral et de nombre de sièges de députés à pourvoir : il s’agit de Maradi avec 6 disqualifications enregistrées, Zinder avec 5 disqualifications enregistrées et Tillabéry avec 4 disqualifications enregistrées. Tout le monde sait que ce sont des fiefs incontestés de l’opposition où en cas de second tour l’addition des voix du MNSD, Loumana et CDS de Mahamane Ousmane bientôt transformé en « Hankouri » dépassent la majorité absolue des voix. Curieusement à Tahoua, fief incontesté du PNDS là où aucune crainte ne subsistait tous les grands partis y étaient et ceux-ci faisaient ensemble un score honorable de 40% face au 60% du PNDS avec 47 889 pour le CDS, 99 198 pour Loumana et 119 142 pour le MNSD contre 490 357 pour le PNDS. Imaginez alors un scénario des résultats dans les trois régions citées si chacun des partis avaient pu, comme par le passé, participer à la compétition électorale ? D’ailleurs malgré ce handicap des listes disqualifiées, si vous additionnez uniquement les scores à l’élection présidentielle 1er tour de Ousmane (8,42%), Seyni (23,24%) et Hama (19,82%), vous arrivez à un total de 51,48%.
Logique de confiscation et résistance à l’alternance en usant des moyens de l’Etat
Voilà la réalité que les gens du PNDS ne veulent pas voir en face. Voilà pourquoi ils ont peur d’affronter les partis et leaders politiques du Niger à égalité comme l’ont fait Tanja Mamadou pendant ses dix ans de pouvoir démocratique et même dans une certaine mesure feu Général Ibrahim Baré Mainassara. Si comme en 2004 et lors des autres scrutins tous les partis avaient été mis à égalité, le PNDS n’aurait pas la trentaine de députés obtenus en 2011. Par exemple à Zinder en 2011, après avoir disqualifié les listes MNSD et CDS qui contrôlaient 15 députés sur 19 députés au total, le PNDS et son allié RDP qui n’avaient que 4 députés en 2004 se sont retrouvés sans aucun effort avec 14 députés, l’appel à voter de Ousmane vers les listes de UDR-Tabbat de Cissé Amadou ayant permis de sauver 5 sièges « cadeaux » qui aux dernières nouvelles ont été achetés par Guri ! Cela veut dire que Hankuri n’a aucun souci à se faire, aucun souci à attendre comme son nom l’indique pour reprendre avec ampleur les sièges occupés par ceux qui ont profité de sa disqualification.
La vérité qu’ils croient cacher est que dans les 8 régions du Niger, les résultats des élections locales organisées en janvier 2011 quelques semaines avant les élections législatives couplées à la présidentielle avaient permis de comprendre que presque partout l’addition des quatre partis soutenant Ousmane, Hama, Seyni, Amadou Boubacar Cissé représentait en terme de gains de conseillers municipaux 57,92% à Agadès, 73,42% à Diffa, 51,24% à Dosso, 54,94 à Maradi, 34,58% à Tahoua, 72,45% à Tillabéry, 53,86% à Zinder et 65,71% à Niamey. Ces résultats traduisent le rapport de force sur le terrain et celui-ci a peu bougé depuis en dépit de tous les bruits et autres défections annoncées faisant croire le contraire.
La décision du conseil constitutionnel de transition invalidant les listes de ces partis aux législatives est intervenue le 13 janvier 2011 soit juste après la tenue des élections locales et donc en pleine connaissance du rapport de force entre les différents partis politiques en compétition.
Voilà aussi pourquoi certains dirigeants du PNDS veulent soustraire à tout regard externe le fichier électoral qu’ils considèrent avoir dompté à leur profit et veulent organiser une mascarade électorale avec des cartes d’électeurs à l’air libre partout où ils peuvent profiter, le bourrage des urnes et une proclamation des résultats à la sauvette. Ils comptent pour cela sur l’affaiblissement de la CENI et de ses structures ainsi qu’une certaine désorganisation dans la distribution des cartes et du matériel électoral, bref sur une « élection tropicalisée » que le Président prétend pourtant ne pas vouloir cautionner !
Leur volonté est de se proclamer vainqueur des élections quel que soit l’état du fichier électoral taillé sur mesure, quelque que soit l’état de préparation des élections, quels que soient les candidats en face, de préférence en acculant l’opposition au boycott ce qui leur facilitera la tâche. Car n’oubliez pas qu’avec un score réel de 26% aux élections de 2011, le PNDS ne peut pas gagner au premier tour et encore moins au 2ème tour. L’acharnement sur le MNSD, le Loumana, la CDS et les chantages et autres menaces sur les autres leaders comme Cheifou Amadou, Cissé Amadou et même sur l’ANDP, qui paraît-il n’a pas dit son dernier mot, ne procèdent que de cette volonté de confisquer le suffrage populaire y compris au prix de la remise en cause d’une paix bâtie sur des décennies de sacrifice et de tolérance. Cette logique de fatiguer et pourquoi pas d’abattre l’opposition avant le scrutin est la seule réponse qu’offre le pouvoir face à sa propre prise de conscience de l’impossibilité de gagner une élection avec un tel nombre d’adversaires politiques en face. Cette logique de mal gouvernance électorale qui cache une autre plus général f peut faire le lit d’un processus rapide de délitement des valeurs sur lesquelles reposent le Niger dans la richesse de sa diversité avec cette multiplication de la violence verbale, des atteintes aux droits de l’Homme (avec toutes ces arrestations administratives illégales) et il va falloir conjurer et prévenir au plus vite cette dégradation rampante de la situation.
La communauté internationale n’a pas le droit de fermer les yeux. L’urgence est de créer les conditions minimales pour que des pans entiers de la jeunesse dans ce pays, classé malheureusement 188e sur 188 sur l’Indice du développement humain (IDH), continue à espérer dans la démocratie et ses instruments lui épargnant ainsi d’aller alimenter la cohorte des recrues du terrorisme et des filières clandestines des migrations qui se nourrissent de la misère, de l’ignorance, du désespoir résultant de la mal gouvernance et des conflits.
Quant au peuple il doit rester vigilant pour défendre sa démocratie qui est un bien collectif que nul n’a le droit de confisquer. A ceux qui dirigent le pays sachez qu’il y’a une vie après le pouvoir et à ceux qui cherchent à accéder à la gestion du pouvoir nous disons qu’il y’a une vie après les élections. Vous êtes des adversaires et pas des ennemis et le peuple vous regarde, ce peuple nigérien qui a toujours protégé sa démocratie contre toutes les formes de menace.
Abdou Gado Maliki
Commentaires
Mais j'ai une question
Merci Mr Maliki, continuez
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