Dosso : Plus de 300 kg de drogues d'une valeur de 420 millions F CFA incinérés pour marquer la lutte contre le trafic
Dosso, le 2 juillet 2025 — Les flammes qui ont ravagé, ce mercredi à Dosso, une quantité record de drogues illicites ont emporté avec elles plus de 420 millions de francs CFA de marchandises prohibées. Un imposant nuage de fumée s’est élevé au-dessus de la ville, symbole puissant de la riposte engagée par le Niger contre le fléau du narcotrafic. Présidée par le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, M. Alio Daouda, cette incinération publique de plus de 300 kg de stupéfiants saisis dans la région au cours de l’année écoulée marque une étape décisive dans la lutte nationale pour préserver la stabilité du pays et protéger la jeunesse.
La cérémonie d’incinération publique d qui s’est déroulée en présence du Gouverneur de Dosso, Colonel-major Bana Alhassane, de la Préfète de la ville et de nombreux cadres du ministère de la justice et des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), marque une étape importante dans la lutte nationale contre la criminalité organisée.
Un butin record et des produits diversifiés
L'inventaire des produits détruits dresse un tableau saisissant de l'évolution du marché des stupéfiants au Niger. Si les drogues traditionnelles restent présentes avec 305 kilogrammes de cannabis, 0,8 gramme de cocaïne et 1,35 kilogramme de crack, c'est surtout l'ampleur des médicaments détournés qui interpelle les autorités.
Les chiffres sont éloquents : 158.621 comprimés d'Exol, 135.295 comprimés de Diazépam, 345.153 comprimés de Tramadol, complétés par 81 boîtes de Phenergan et 77 boîtes de Neocodion. Cette prédominance des produits pharmaceutiques illustre une mutation préoccupante du trafic, où les médicaments psychotropes deviennent des substances de choix en raison de leur accessibilité relative et de leur coût moindre.
Une jeunesse particulièrement vulnérable
Les statistiques des interpellations dressent un constat alarmant sur l'impact du trafic sur la jeunesse nigérienne. Sur les 230 personnes appréhendées lors des opérations ayant permis ces saisies massives, 119 sont des jeunes âgés de 18 à 29 ans, représentant plus de la moitié des mis en cause. Ce chiffre confirme que la jeunesse constitue à la fois la principale victime et le principal vecteur de ce fléau, nécessitant une approche préventive renforcée.
Une réponse judiciaire renforcée
Prenant la parole, le procureur du Tribunal de Grande Instance de Dosso, M. Tanaou Moussa, a rappelé que cette action s’inscrit dans le cadre de la 38e Journée internationale de lutte contre l’abus et le trafic de drogues, célébrée le 26 juin dernier. Il a salué les récentes avancées légales, notamment l’adoption des arrêtés ministériels n°000100 et 000101 du 29 janvier 2024, qui ont permis de classer des produits comme l’Exol et la Prégabaline dans le tableau III de l’ordonnance 99-42, mettant ainsi fin à l’ambiguïté juridique autour de leur répression.
Le procureur a aussi évoqué la création de la Commission nationale de coordination de la lutte contre la drogue, un dispositif stratégique pour renforcer la synergie entre les institutions. Il a souligné que « chaque kilogramme de drogue détruit représente une vie potentiellement sauvée », insistant sur le fait que ces opérations empêchent également les réseaux criminels de financer d'autres activités illicites, comme le terrorisme ou le blanchiment d’argent.
Par cette opération d’envergure, le Niger réaffirme son engagement dans la lutte contre le trafic et la consommation de drogues, rappelant que la santé, la sécurité et la justice restent au cœur des priorités nationales. Face à un phénomène qui ne faiblit pas, autorités, forces de sécurité et société civile sont appelées à renforcer leur mobilisation pour protéger la jeunesse et assainir le tissu social.