Défense : le Général de Division Abdou Sidikou Issa, nouveau patron de l'Armée nigérienne

Le Général de Division Abdou Sidikou Issa a été nommé, vendredi 31 mars 2023, Chef d'Etat-major des Armées (CEMA). Inspecteur général des services de l'Armée et de la gendarmerie depuis 2020, le nouveau patron de l'armée remplace le Général de Corps d'armée Salifou Modi, en poste depuis janvier 2020. Comme son prédécesseur à la tête de l’Armée, le nouveau chef d'Etat-major a commandé les Forces nationales d'intervention et de sécurité (ex-FNIS, actuellement Garde nationale du Niger) avant de diriger l'Armée de terre au plus fort de la guerre contre Boko Haram dans le Bassin du Lac Tchad où il a coordonné les opérations sur le terrain pendant plusieurs années. Ancien Préfet de la région de Maradi, le "général 3 étoiles" Abdou Sidikou Issa a également commandé plusieurs unités et zones de défense du Niger et a été un temps membre du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD), la junte militaire au pouvoir de 2010 à 2011.

Promu Général de Division le mercredi 29 mars dernier, l'officier général Abdou Sidikou Issa a été porté 48 heures plus tard à la tête des Forces armées nigériennes (FAN), lors du Conseil des ministres de ce vendredi 31 mars 2023. Quelques heures plutôt, le Conseil supérieur de la défense nationale s'est réuni pour la seconde fois en moins de 72heures. Cet organe constitutionnel est habilité à donner ses avis au Président de la République, Chef suprême des armées, sur les nominations aux hautes fonctions militaires et la promotion aux grades d’officiers généraux, et sur toute autre question du domaine militaire dont il est saisi.

Le Général de Division Abdou Sidikou Issa est donc le nouveau patron de l'Armée nigérienne. Ancien de l'Ecole militaire de Saint-Cyr en France et passé par l'Ecole de guerre de Rome en Italien, c'est un officier bien connu au sein des corps habillés nigériens, les Forces de défense et de sécurité (FDS), mais pas seulement puisqu'il a aussi occupé des postes politiques.

Le nouveau CEMA a, en effet, été un brillant officier des FAN qui a servi dans plusieurs unités et commandé des services à l'Etat-major et au ministère de la Défense mais aussi un peu partout au Niger et à l'extérieur où il a effectué plusieurs missions de paix.

Préfet de la région de Maradi (actuellement Gouverneur de Région), en 1999 lors de la Transition militaire dirigée par le commandant Daouda Malam Wanké, le nouveau CEMA a aussi été membre du Conseil Suprême pour la Restauration de la Démocratie (CSRD), la junte militaire dirigée par Salou Djibo (18 février 2010-07 avril 2011) qui a renversé le régime de Tandja Mamadou. Nommé Haut-commandant des Forces nationales d'intervention et de sécurité (ex FNIS, actuellement Garde Nationale du Niger), il a connu une certaine disgrâce dans le dernier virage de la transition avec son éviction de son poste suite à l'affaire dite de "tentative de déstabilisation des institutions de la transition". Pour la petite histoire, le procureur militaire commis à l'époque pour instruire le dossier à titre de commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire, n'est autre que le nouveau promu Général de Brigade, Mahamadou Ibrahim Bagadoma, secrétaire général adjoint du ministère de la Défense nationale et qui vient d'être nommé, le même jour que le nouveau CEMA, Haut-commandant de la Gendarmerie nationale.

Nommé adjoint au chef d'Etat-major de l'Armée de terre en 2016 puis chef d'Etat-major (CEMAT) en janvier 2018, l'ancien Comzone de Zinder (Zone de défense III) a été au cœur de la guerre menée par l'armée nigérienne contre Boko Haram dans le bassin du Lac Tchad en particulier dans la région de Diffa. A la tête de l'armée de terre, il a été sur la ligne de front dès les premières incursions armées de la secte terroriste nigériane au Niger début 2016.

En janvier 2020, suite aux dramatiques évènements d'Inatès puis de Chinagoder au desquels l'armée nigérienne a perdu près de 200 soldats en l'espace de quelques mois dans la zone frontalière du Mali, il fut débarqué de l'Etat-major de l'Armée de terre puis porté à la tête de l'Inspection générale des services de l'Armée et de la Gendarmerie, placée sous tutelle de la Présidence de la République.

Désormais à la tête de l'armée nigérienne, le Général de Division Abdou Sidikou Issa aura pour lourde mission de poursuivre la lutte acharnée que livrent l'armée nigérienne aux groupes armés terroristes (GAT) principalement dans la "zone des trois frontières". Depuis quelques mois et malgré quelques pertes, l'armée nigérienne est en train d'inverser la tendance et à contenir les assauts des différents groupes armés tant dans la zone de l'EIGS, à la frontière malienne, que dans le bassin du Lac Tchad où Boko, Haram ainsi que l'autre faction de l'Etat islamique (ISWAP), ont été considérablement affaiblies.

Le nouveau CEMA va aussi prendre fonction alors que l'armée nigérienne est en pleine montée en puissance comme l'atteste la dynamique de recrutement de nouveaux effectifs ainsi que le renforcement en capacités opérationnelles notamment les moyens d'actions et d'interventions en plus de l'amélioration des conditions de vie de soldats comme engagée par la hiérarchie militaire conformément aux orientations des plus hautes autorités du pays. C'est du reste sur ces aspects qu'il est le plus attendu, une tâche certes pas facile au regard des défis  mais tout comme son prédécesseur, le Général de Corps d'Armée Salifou Mody, sa connaissance de l'armée nigérienne ainsi que des enjeux et des défis de l'heure  lui seront d'un atout certain pour conduire les Forces armées nigériennes vers de nouvelles victoires contre le terrorisme et la criminalité au Sahel.

A.Y.Barma (actuniger.com)