Sommet des Filles Africaines : un panel de haut niveau sur la protection des filles contre les abus, la violence et l’exploitation
En marge des assises du 3e Sommet des Filles Africaines qui se déroule à Niamey du 16 au 18 novembre 2021, la Fondation NOOR de la Première Dame en collaboration avec l’UNICEF et la Plateforme contre le mariage des enfants (ECCM), ont organisé le lundi dernier à l’Hôtel Radisson Blu, un Panel de haut niveau sur la protection des filles contre les abus, la violence et l’exploitation. Le panel qui a réuni plusieurs personnalités politiques, des représentants des partenaires au développement ainsi que les responsables des associations féminines et des jeunes, des leaders religieux et chefs traditionnels, a servi de cadre pour faire un plaidoyer afin d’amener les décideurs à s’engager davantage pour la protection des filles contre les abus, la violence et l’exploitation.
C’est la ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, Mme Alhahoury Aminata Zourkaleini, qui a procédé au lancement du Panel qui a servi de cadre pour des témoignages et des échanges fructueux destiné à enrichir les réflexions qui seront menées à l’occasion du 3e Sommet des Filles Africaines qu’abrite la capitale nigérienne sous le thème : « Culture, droits humains et responsabilité : accélérer l’élimination des pratiques néfastes ».
Durant les échanges, des décideurs politiques, des leaders d’organisations féminines et des jeunes, des femmes chefs d’entreprises ainsi que les représentants des partenaires techniques et financiers ont fait le point sur la situation au Niger, les progrès réalisés mais aussi les défis qui persistent et sur lesquels il va falloir agir à travers des actions concrètes afin de mettre fin aux nombreux abus dont sont encore victimes les jeunes filles surtout en milieu rural. Plusieurs d’entre elles ont d’ailleurs, été invitées à prendre la parole pour faire part de leurs préoccupations et échanger aussi avec des leaders communautaires et religieux ainsi que des chefs traditionnels. La présence à l’évènement du Sultan du Damagaram, Sa Majesté Aboubacar Sanda, a ainsi été hautement appréciée et prouve si besoin est, de leur totale implication et engagement à rendre effectif les droits des filles et à contribuer particulièrement à éliminer les pratiques néfastes.
Ferme engagement de la Première Dame en faveur des droits des filles
Dans le message qu’elle a livré par visioconférence, la Présidente de la Fondation NOOR, la Première Dame Mme Bazoum Hadiza Mabrouk, a tenu à partager avec les participants et participantes, ses réflexions et ambitions. La Première Dame a ainsi rappelé qu’il y a quelques années, certaines de nos traditions et coutumes nuisent gravement aux jeunes filles et femmes. « Il s’agit particulièrement du mariage des enfants et des mutilations génitales féminines », a-t-elle indiqué, avant d’ajouter que fort heureusement et depuis quelques années, « nous avons fait de grandes avancées vers l’élimination de ces deux pratiques ».
Selon la Présidente de la Fondation NOOR, cela a été possible grâce à l’engagement de tous : les parents, les communautés, les leaders traditionnels, les Chefs d’Etat, les Premières Dames ainsi que les filles elles-mêmes. « Mais notre combat n’est pas terminé » a reconnu Mme Bazoum Hadiza Mabrouk qui a fait remarquer que le Niger reste l’un des pays où 8 filles sur 10 sont mariées avant l’âge de 18 ans.
« Je m’engage personnellement afin que chaque fille au Niger puisse jouir de son droit à l’éducation et qu’elle puisse être protégée contre toute forme d’exploitation au cours de sa scolarité. Les filles débordent de talent et de créativité; nous devons les soutenir pour qu’elles réalisent leurs rêves ». La Première Dame Bazoum Hadiza Mabrouk, Président de la Fondation NOOR.
En terminant son intervention, la Première Dame a tenu à exhorter tous les décideurs et les participants au Sommet de Niamey, à mettre en avant les droits des filles. Elle a en ce sens émis le vœu que les recommandations et résolutions qui y seront adoptées vont « encourager les Etats africains à investir davantage pour la réalisation des droits des filles ».
Des progrès mais aussi des avancées pour mettre fin aux mariages des enfants
Il convient de noter que le Sommet de Niamey qui se tient sous l’égide l’Union Africaine (UA) en collaboration avec le gouvernement du Niger à travers le ministère de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant et l’appui de la Plateforme contre le mariage des Enfants (End Child Marriage Now, ECFM), se tient alors que les filles africaines continuent de faire face à des défis considérables qui limitent leur capacité à atteindre et à utiliser leur plein potentiel. Ces défis systémiques, comme il a été relevé lors du Panel, qui sont profondément enracinés dans les normes et traditions, perpétuent les inégalités sociales, politiques et économiques qui ont d’énormes conséquences sur le développement économique et social des Etats du continent. Pourtant, est-il noté, presque l’ensemble des pays africains sont partis prenantes aux conventions et traités internationaux et régionaux qui promeuvent les droits des enfants droits des filles. Ils ont donc par conséquent, « l’obligation de se conformer aux dispositions de ces textes, en commençant par recenser les pratiques, attitudes et comportements qui sont en porte-à- faux avec les droits humains ». Parmi les pratiques, on peut citer particulièrement les mutilations génitales féminines et le mariage des enfants qui touchent, chaque année, des millions des filles dans le silence absolu parce que ancrées dans les coutumes et traditions des communautés qui les pratiquent.
Comme l’attestent les données officielles ainsi que des études d’organisations ou d’institutions régionales et internationales, l’Afrique de l’Ouest et du Centre est particulièrement la région la plus touchée par le mariage d’enfants au monde. En effet, six des dix pays ayant la plus forte prévalence du mariage d’enfants se trouvent dans cette région. En moyenne, 40% des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans, avec de fortes disparités entre les pays. Dans certains pays comme le Niger, la Centrafrique et le Tchad, ces taux sont supérieurs à 67%. Les mariages d'enfants et les grossesses précoces sont les principaux facteurs qui contribuent à accroitre les risques de mortalité maternelle et infantile dans la région. En effet, les filles qui se marient très tôt (avant l’âge de 18 ans) ont un risque plus élevé de grossesse précoce, et un accès limité aux services d’éducation et de santé sexuelle et reproductive. Elles ont également des complications lors de l’accouchement qui les exposent à des fistules obstétricales.
« Alors que l’éducation des filles est reconnue comme un moyen efficace pour l’amélioration du capital humain et pour le report de l’âge au mariage, dans certains pays en Afrique, de nombreuses filles quittent le système scolaire sans atteindre le niveau secondaire. Ce qui éloigne le continent vers l'atteinte des objectifs de développement durable, notamment l’objectif relatif à l’éducation pour tous. La capacité des systèmes éducatifs à maintenir les filles à l'école reste un grand défi de la région et notamment au Niger : en moyenne, un enfant sur deux ne termine pas le cycle primaire. Le taux d'achèvement du primaire est très faible et la transition entre le collège et le lycée n’est pas assurée ».
Depuis le lancement de la campagne de l’Union Africaine (UA), « Mettre fin au mariage de enfants maintenant », en 2014, suivi du premier Sommet de la fille africaine en Zambie, en 2015, des progrès ont été enregistrés grâce à l’engagement de tous : des Chefs d’Etat, des Premières Dames, des leaders traditionnels et religieux, des communautés, des parents et des filles elles-mêmes. Selon les initiateurs du Panel, les progrès sont également perceptibles au Niger avec l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan stratégique national pour mettre fin au mariage, la stratégie nationale de prévention et réponse aux VBG ainsi que l’adoption du décret numéro 2017- 935 PRN/ MEN/A/PLN/MES du 5 décembre 2017, portant sur la protection et soutien et l’accompagnement de la jeune fille en cours de scolarité. On note aussi l’existence d’une société civile active sur le sujet et des organisations œuvrant pour la promotion des droits des filles regroupées au sein de la Plateforme mettre fin au mariage forcé, mariage des enfants.
C’est dans cette dynamique que la Fondation NOOR de la Première Dame entend également, avec l’appui de ses partenaires notamment l’UNICEF et la Plateforme ECFM, apporter sa contribution dans le cadre du mouvement visant à éliminer les pratiques traditionnelles néfastes et promouvoir un environnement favorable à la réalisation des droits des filles et des femmes.
M.Abdoul Karim (actuniger.com)
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